Christian Prudhomme, encore une fois le tracé du Tour de France a la tentation de s’offrir aux audacieux ?
Ce que j’aimerais c’est que les coureurs utilisent, comme ce fut le cas l’été dernier, ce parcours du Tour de France 2011 pour attaquer. Il y a plein de choses sur le parcours qui vont permettre vraiment d’attaquer. J’emploierai surtout le mot « audacieux » à propos du Massif Central. De l’audace dans ce massif, c’est tout ce qu’il faut ! Le Massif Central est formidable pour faire de la bicyclette mais aussi pour le cyclisme de compétition. J’ai vraiment très envie que les favoris utilisent ce terrain-là, que ce soit vers Super-Besse ou le lendemain entre Issoire et Saint-Flour, où il y aura vraiment tout ce qu’il faut pour se faire mal aux jambes et attaquer dans les grandes largeurs.

Vous aimez en particulier le Massif Central ?
J’aime le Massif Central car j’aime les massifs intermédiaires. Le Tour de France vient de là, il vient de la terre, il a des racines. Ces racines, on les sent profondément dans le Massif Central, qui offre un terrain formidable. J’aime les grands espaces du Cantal et je suis fier que l’on mette sur le parcours, pour la première fois, le col du Perthus, qui est vraiment difficile. Enchaîner par le Pas de Peyrol puis le Plomb du Cantal, ça va être redoutable.

Ce tracé marquera également le retour d’un haut-lieu du Tour de France comme l’Alpe d’Huez ?
Vous savez, on ne peut pas rester longtemps sans proposer une arrivée à l’Alpe d’Huez, ses vingt-et-un virages légendaires, la ferveur de son public. Nous y reviendrons donc en 2011 à l’issue d’une étape particulièrement courte et donc extrêmement dense, qui partira de Modane et qui passera donc par le col du Galibier, emprunté par le Télégraphe. Il s’agira d’une étape ramassée à quarante-huit heures de Paris, où tout pourra encore se passer et où le Maillot Jaune pourra se jouer. Mais il faudra peut-être encore attendre le lendemain pour connaître le verdict dans le contre-la-montre de Grenoble !

Neuf étapes en ligne du Tour seront inférieures à 180 kilomètres, est-ce une tendance de raccourcir les étapes ?
Nous avons effectivement fait en sorte de tracer les étapes les plus longues dans la première semaine. Trois étapes seront supérieures à 200 kilomètres dans la première semaine, Dinan-Lisieux, Le Mans-Châteauroux et Issoire-Saint-Flour. On trouvera une autre étape du genre en deuxième semaine, Cugnaux-Luz-Ardiden, et aucune en troisième semaine. Ce n’est pas un hasard. Derrière la grande étape alpestre, avec les géants comme le col d’Agnel, le col d’Izoard et pour la première fois l’arrivée au Galibier, on souhaitait faire une autre étape belle et dense. Il nous semblait nécessaire qu’elle soit plus courte. C’est ce que nous avons fait entre Modane et l’Alpe d’Huez, et 109 kilomètres c’est très court, mais ça s’est déjà fait.

Avez-vous le souvenir d’une étape aussi courte ?
Quand j’étais petit, je me souviens du Tour de France 1975. Bernard Thévenet et son beau Maillot Jaune avait gagné l’étape de Pra-Loup puis s’était imposé à Serre-Chevalier par-delà les cols de Vars et d’Izoard après une échappée solitaire. S’il y a un bel exploit dans les dernières étapes, qu’elles soient courtes ou longues, j’en serai ravi.

Le Tour de France 2011 retrouvera des lieux qu’il affectionne…
Nous avons des relations de confiance et d’amitié avec certaines communes ou certains départements, c’est vrai. C’est le cas de l’Indre, qui accueille régulièrement toutes nos épreuves : le Tour de l’Avenir, Paris-Nice, le Dakar autrefois, et naturellement le Tour de France. Ceux qui nous aident au quotidien, la moindre des choses c’est de penser à eux quand c’est possible. C’est ce que nous faisons car nous savons que nous y sommes toujours bien reçus. Je me souviens d’Aigurande il y a deux ans, c’était phénoménal. Tout le village était en fête, c’était magnifique. Le Tour de France est un événement fédérateur.

Propos recueillis à Paris le 19 octobre 2010.