Damien, Paris-Roubaix, était l’un des objectifs de votre saison, l’objectif est-il atteint ?
Il y a toujours l’envie avant le départ. Pendant la course, ce sont les jambes qui décident. Aujourd’hui j’avais des jambes de feu. J’ai tout donné, je suis content de ma place. J’avais des crampes dans le final. C’était au courage. Pour moi c’est une belle journée. J’avais des ambitions et je reviendrai avec les mêmes l’année prochaine. C’est ma meilleure place sur Paris-Roubaix, c’est top. Même si la petite déception, c’est de terminer 5ème en arrivant pour une place sur le podium. J’ai attaqué, je savais que je devais anticiper, que je devais faire ma course sans m’occuper de personne. J’arrivais en bonne condition. Depuis le début de l’année, je marche bien, je suis en confiance. C’est la première fois que j’arrivais sur Paris-Roubaix dans cette forme-là. Il fallait en profiter. Je n’ai pas eu de problème aujourd’hui et je savais que j’étais capable de rentrer dans les 10.

Après coup, ne regrettez-vous pas d’en avoir trop fait ?
On peut toujours regretter. Mais c’est tout de même bien d’attaquer, on n’est pas beaucoup à l’avoir fait. Tout le monde disait qu’il fallait anticiper pour battre Cancellara, mais il n’y en a pas beaucoup qui l’ont fait. Je me suis dépassé. C’est ma dernière course avant un peu de repos. Il faut tout donner sur cette course pour ne rien regretter. Certains vont dire que j’ai trop attaqué, mais c’est ça le vélo ! Il ne faut pas rester dans les roues. Je suis vraiment satisfait de ma course, j’ai tenté. C’est une belle récompense que de terminer 5ème de Paris-Roubaix.

Vous démarriez pourtant de l’arrière…
Chaque année, j’ai du mal à me mettre dans la course. Je ne sais pas si c’est dû au stress. Dans les premiers secteurs, si je m’écoute, je ne termine jamais 5ème. À ce moment, je ne me sens pas bien. Il faut que je me mette en route pour entrer dans la course. J’ai tout de même abordé Haveluy dans les premières positions. Je voulais rester un peu chaud, car je voulais anticiper à l’endroit où je l’ai fait. Il y a des endroits où je devais être devant. Je pense avoir bien géré ma course.

N’avez-vous pas été tenté de temporiser pour que le groupe de Sébastien Turgot puisse revenir ?
Je n’arrêtais pas de demander à mon directeur sportif où il était. On me disait qu’il était à 30 secondes, puis on me disait qu’il était à une minute. Le problème dans Paris-Roubaix, c’est qu’on ne peut pas se permettre d’attendre. Il faut prendre les décisions. J’ai voulu passer, je ne suis pas là pour rester dans les roues même si je sentais que les crampes arrivaient. Quand tu ne passes plus, tu montres aux autres que tu es cramé, que tu n’es pas bien. Il faut savoir jouer au bluff dans le final.

Cela reste encourageant pour l’avenir…
On sait que c’est ma course, que je l’adore. Il reste du travail à faire, car je suis un peu juste dans le final. Ce qu’il me manque ? Je ne sais pas, c’est peut-être la barrière des 250 kilomètres. C’est la première fois que je faisais cette distance cette année, car j’ai abandonné après 220 kilomètres au Tour des Flandres. On va se poser des questions, voir avec Jean-René Bernaudeau ce que l’on peut faire. Mais je joue tout de même le podium donc je l’ai dans les jambes.

Quelle impression vous donne Fabian Cancellara ?
Il est extraordinaire, mais on a vu qu’il n’avait pas survolé la course. Il y avait du monde avec lui. Mais c’est le plus fort sur les classiques cette année. Bravo à lui. Avec ses petits soucis cette semaine, il a montré qu’il était quand même présent.

Propos recueillis à Roubaix le 7 avril 2013.