C’était le samedi 21 janvier dernier. Damien Monier (Cofidis) était sorti tourner les jambes du côté de chez lui à Clermont-Ferrand, quelques jours avant le début de la saison. Et puis il y a eu l’accident, banal, comme il en arrive tous les jours. Ça n’aurait pu être qu’une grosse frayeur mais c’est la face du coureur qui a pris. Hospitalisé en urgence, Damien Monier s’est fracturé la mandibule, les sinus et la base du crâne. Un choc violent qui n’a pas entamé le moral de l’ancien vainqueur d’étape du Giro, soutenu dans son épreuve par l’ensemble de la communauté cycliste, à commencer par son entourage chez Cofidis, et revenu plus vite qu’on n’osait l’espérer. Il a choisi la Coupe de France le week-end dernier pour faire son retour, luttant samedi (abandon) comme dimanche (dans le gruppetto mais classé). Un retour qui fait plaisir à voir.

Damien, on vous a retrouvé avec plaisir dans le peloton ce week-end en Coupe de France, comment allez-vous ?
Ça va bien mieux. Je ne garde plus trop de traces de l’accident, même si j’ai encore des problèmes avec mes dents. Ça va être long à refaire, mais pour le reste c’est terminé. Ça fait deux mois que je roule correctement, ce qui m’a permis de faire ma reprise ce week-end à la Classic Loire-Atlantique puis à Cholet-Pays de Loire.

Comment s’est passée la reprise ?
C’était dur, de toute façon, mais j’étais à mon niveau, du moins à celui que j’avais jusque-là à l’entraînement. En course, il n’y a évidemment pas eu de miracle. Après, je n’ai pas choisi la meilleure course pour une reprise car le circuit de la Classic Loire-Atlantique est dur. Ce n’était pas le top. A Cholet, c’était un peu mieux, avec une course en ligne, pour se planquer un peu dans le peloton.

Aujourd’hui, on vous sent soulagé d’être déjà de retour à la compétition…
Je suis content d’avoir pu revenir bien plus rapidement que je ne le pensais de la gamelle. Et puis content aussi d’avoir pu régler mes problèmes de l’année dernière. Car avant ma chute en janvier on m’a découvert des problèmes intestinaux au stage de décembre, qui ont pu expliquer mes difficultés de la saison passée. Le fait d’avoir pu régler ce problème-là aussi me permet d’aller bien mieux à l’entraînement. En course, ça va revenir encore plus vite.

Durant cette période, avez-vous reçu beaucoup de soutien ?
Enormément. C’est même certainement pour ça que je suis revenu aussi vite. Tous les jours j’ai reçu des messages. J’ai eu Eric Boyer et le médecin de l’équipe au téléphone au quotidien. Eric est même venu me voir à l’hôpital. Ça m’a grandement aidé, c’est sûr. Et puis j’avais la famille, les amis. Tout ce monde qui a pris de mes nouvelles m’a donné envie de revenir encore plus vite.

Vous souvenez-vous comment s’est produit l’accident dont vous avez été victime ?
C’était un accident de la route, banal. J’étais dans un rond-point dans lequel je venais de m’engager. Une voiture est arrivée de la droite sans marquer le céder le passage. Apparemment, elle ne m’a pas vu et elle m’a coupé la route. J’ai réussi à l’éviter mais ça m’a renvoyé sur une autre voiture qui était dans le rond-point. Et ça a tapé !

La suite, c’est le début d’une longue convalescence…
J’ai fait dix jours à l’hôpital avec deux opérations dans les trois premiers jours. J’ai récupéré très vite quand même. J’ai pu reprendre un peu d’exercice durant mon séjour à l’hôpital. J’ai marché, monté des escaliers, de manière à ne pas perdre de musculature et de pouvoir réattaquer immédiatement le home-trainer à mon retour à la maison. C’est allé assez vite car dans mon malheur j’ai eu la chance qu’il n’y ait que la figure qui prenne. Je n’ai pas eu besoin de rééducation. Quand je suis rentré chez moi j’ai recommencé à pédaler.

Qu’est-ce qui a été le plus dur dans cette épreuve ?
Le fait de taper dans la figure, ça reste traumatisant. Perdre les dents, s’abîmer le visage, c’est impressionnant. Surtout que je ne m’étais jamais rien cassé. Je ne m’étais jamais fait opérer de ma vie non plus. Le fait de passer sur la table deux fois en trois jours, c’est un drôle de sentiment. La première opération a duré trois-quatre heures… C’est ce qui m’a choqué, mais tout ça est terminé à présent.

Que vous reste-t-il de cette chute aujourd’hui ?
Ce n’est pas tout à fait un vieux souvenir encore car j’ai toujours un appareil provisoire dans la bouche qui me rappelle qu’il y a eu un pet. C’est un peu handicapant et très gênant. Quand j’en aurai fini avec le dentiste, au mois d’août, on pourra classer ce souvenir dans le rayon des mauvais souvenirs.

Qu’est-ce qui vous attend encore jusque-là ?
Je vais avoir quelques opérations chez le dentiste, en anesthésie locale, mais ça reste quand même des opérations de trois heures sur la chaise. Ce sera encore long.

Comment envisagez-vous votre saison désormais ?
Mes objectifs restent les mêmes qu’en début d’année. L’équipe me fait toujours confiance pour le Critérium du Dauphiné et le Tour de France. Il n’était pas prévu que je cours à Cholet-Pays de Loire mais j’ai demandé au médecin si je pouvais m’y aligner aussi. Lui voulait que je reprenne doucement, que je sois prudent, mais comme ça allait pas mal sur la Classic Loire-Atlantique et qu’il restait une place pour Cholet-Pays de Loire, le docteur a accepté que j’y sois.

La suite du programme, par où passera-t-elle ?
Je poursuivrai au Critérium International le week-end prochain puis je dois faire un stage en altitude avec Rein Taaramae et Rémy Di Gregorio. Ensuite j’enchaînerai avec les courses en Espagne, que j’aime bien, pour monter en puissance jusqu’au Dauphiné.

Finalement, vous avez repris à la mi-mars, votre accident ne va pas trop décaler votre arrivée en forme ?
Oui mais j’aurais préféré reprendre encore plus tôt. J’ai aussi du retard à reprendre de l’année dernière, ayant terminé ma saison mi-août. Cela faisait sept mois que je n’avais plus couru, ça fait long. Le fait de reprendre avec deux bons mois de retard, c’est toujours un peu handicapant.

Et si c’était un mal pour un bien ?
C’est peut-être un mal pour un bien, oui, c’est ce qu’on me dit aussi. Je vais peut-être avoir un peu plus de jus, peut-être pas au mois de juillet, mais sur la fin de saison. S’il n’y a pas un autre souci d’ici là, je vais en profiter jusqu’en fin d’année !

Propos recueillis à Cholet le 18 mars 2012.