Mr Lappartient, nous sommes à deux mois des Jeux Olympiques, quels sont vos espoirs de médaille pour le cyclisme français ?
On a beaucoup d’espoir pour le cyclisme français, parce qu’il y a, tout simplement, dix disciplines pour lesquelles nos coureurs iront pour gagner l’or olympique. Ca ne veut pas dire que l’on aura dix médailles d’or, mais des courses où, en tout cas, on aura bon espoir d’or. Je prends le VTT homme et femme on peut gagner l’or, le BMX homme et femme également, la vitesse individuelle homme, la vitesse par équipes, le keirin hommes, le keirin dames… Voilà des courses où l’on peut gagner. Et puis la course sur route, tout reste aléatoire notamment chez les hommes et des coureurs comme Voeckler (Team Europcar) sont toujours redoutables. Je suis convaincu que c’est une course où l’on a peu de chances de gagner statistiquement, mais pourtant de réelles capacités de l’emporter.

Pour vous, combien faudrait-il ramener de médailles pour obtenir un bilan satisfaisant des Jeux ?
J’ai plutôt l’habitude d’être assez ambitieux dans les chiffres, donc si on avait huit médailles dont trois d’or ce serait vraiment, mais vraiment, un superbe bilan. L’objectif c’est d’avoir au moins autant que la dernière fois, c’est-à-dire six médailles dont deux d’or. Mais si on peut faire huit et trois ce serait encore mieux.

Jeannie Longo sera présente aux championnats de France sur route, êtes-vous favorable à sa sélection pour les J-O ?
La sélection pour les Jeux Olympiques vous savez il y a des critères, c’est très normé. Alors si Jeannie Longo rentre dans ces critères juridiques, alors il n’y aucune raison qui s’oppose à sa sélection. Maintenant aujourd’hui, au regard de ce que l’on a vu depuis le début de saison on a plutôt des jeunes compétitrices qui tiennent la corde, mais au championnat de France, notamment au contre-la-montre il y a des choses qui peuvent se jouer. Voilà, on a défini des critères de sélection sachant que nous nous proposons à la commission nationale de sport de haut-niveau la sélection mais ce sont ensuite le comité olympique et le ministère qui choisissent dans le strict respect des critères que l’on a définis.

Le fait que Jeannie Longo ne se montre quasiment que sur les championnats de France ne vous dérange-t-il pas un petit peu ?
C’est vrai que Jeannie on ne la voit que deux courses dans l’année : le championnat de France et le championnat du monde. Elle est toujours très compétitive lors de ces épreuves. Là je sais que Jeannie Longo court, j’ai vu quelques classements de course de divisions nationales et elle y était effectivement. Elle est au niveau, mais les jeunes ont vraiment progressé aussi, donc on aura peut être un passage de génération.

Après ce qu’on peut appeler l’affaire Longo, l’image du cyclisme français n’est-elle pas ternie ?
C’est vrai que l’affaire Longo a touché une des athlètes emblématiques du sport français et les gens ne savent pas trop quoi penser de cette affaire puisqu’il n’y a aucune charge qui pèse sur Jeannie Longo actuellement, c’est sur son mari que pèsent les charges. Mais bien sûr tout le monde s’interroge pour savoir à qui était destiné l’EPO acquis par Patrice Ciprelli. Nous avons tous besoin d’avoir une réponse.

 

Sinon, qu’en est-il de l’affaire Turgot ?
Sébastien Turgot (Team Europcar) a été entendu par les commissions disciplinaires, le jugement est mis en délibéré. Moi je n’ai pas encore connaissance de ce jugement, je ne pense pas qu’il ait été encore rendu. Ca montre la nécessité pour les athlètes de bien se localiser, c’est essentiel de respecter les règles de localisation. Bon, l’affaire Turgot c’est particulier, parce que pour un des manquements, d’après ce que j’ai pu lire dans les journaux, il a quand même subi le contrôle même s’il n’était pas loin car l’adresse déclaré était celle de son ancien domicile et non son nouveau, c’est-à-dire à 300 mètres l’une de l’autre. Voilà, la commission de discipline appréciera souverainement en matière de droits sachant que l’UCI a ensuite un pouvoir de réformer les décisions qui peuvent être prises.

Passons à un tout autre sujet, le Tour Méditerranéen change de main l’an prochain, on sait que cette année vous avez tout fait pour sauver cette course, qu’en sera-t-il en 2013 ?
C’est vrai que j’ai « mouillé mon maillot » pour sauver cette course. Je considérais que c’était nécessaire de le faire pour l’intérêt du cyclisme français et pour l’intérêt supérieur du cyclisme. Aujourd’hui ce que je vois c’est que l’on a eu raison de le faire parce qu’on a eu une belle course. Aujourd’hui le Tour Med a honoré l’intégralité de ce qu’il devait, y compris pour l’année 2012, donc il ne doit rien ni à la Ligue ni à la Fédération. Et donc Lucien Aimar a fait le choix de transmettre l’épreuve à de nouveaux organisateurs et j’espère qu’ils feront vivre le Tour Med aussi longtemps que Lucien Aimar l’a fait vivre.

Vous serez toujours derrière eux ?
De toute façon, nous serons toujours derrière les organisateurs, pour peu que l’on respecte les règles. Mais je dirai que Lucien Aimar respectait les règles et que pour certains ça s’apparentait à de l’acharnement pour quelque chose qui ressemble à un délit de sale tête. Et ça je ne peux pas l’accepter car on est quand même là pour supporter le cyclisme français, pour peu que les règles financières notamment soient respectées. Mais je le répète, c’était le cas.

Dernière question, le cycliste français se porte bien selon vous ?
Il se porte de mieux en mieux à mon avis. Pourquoi ? Parce qu’on a de très bonnes jeunes générations. On le voit nous sommes la meilleure nation mondiale chez les juniors et chez les espoirs. Les jeunes français marchent. Regardez le dernier Tour de France : 5 français dans les 15 premiers, ça faisait 20 ans que ce n’était pas arrivé. John Gadret (Ag2r La Mondiale) 3ème du Tour d’Italie 2011, il est encore 7ème ce matin. Donc je pense que l’on va avoir des français de plus en plus performants.

Propos recueillis à Plumelec le samedi 26 mai.