Dmitriy, qu’aura apporté à Fabio Aru sa première participation au Tour de France ?
Elle lui aura apporté beaucoup d’expérience. Je suis quelqu’un qui positive toujours et j’ai tâché tout du long du Tour de faire positiver l’équipe. Pour Fabio Aru, ce Tour qu’il termine 13ème restera une bonne expérience. Il n’avait encore jamais pris le départ du Tour et il a dû composer avec les meilleurs coureurs du monde sur la plus grande course du monde. Tout n’a pas marché exactement comme nous l’avions prévu. Nous n’avons pas toujours pu agir comme nous aurions voulu le faire. Peut-être qu’il a manqué au Tour un coureur comme Alberto Contador, qui a dû abandonner, et qui essaie toujours d’attaquer et de provoquer des situations de course.

Fabio Aru compte déjà une victoire finale à la Vuelta et deux podiums au Giro. Qu’a-t-il appris du Tour de France ?
Il a surtout appris le stress de la course elle-même. Le Tour, ça ne se court pas comme la Vuelta ou le Giro. On se retrouve avec les meilleurs coureurs du monde dans leur forme optimale. Et les parcours sont très relevés, avec des difficultés dès le départ parfois. On a souvent vu du suspense jusqu’à l’arrivée, avec des mouvements dans le final pour une victoire ou un maillot. Tous les meilleurs se tenaient en une minute et demie pour une place sur le podium, c’était très nerveux. Sur le Tour, il faut être toujours concentré. On ne peut pas se permettre d’avoir un jour sans.

Vincenzo Nibali, lui, n’a pas réussi à décrocher l’étape qu’il convoitait. Il semblait bien parti dans Joux Plane mais il a semblé sur les freins dans la descente sur Morzine vingt-quatre heures après sa chute dans la descente de Domancy…
C’est exactement ça, mais les gens qui font du vélo comprennent bien cela. Vincenzo est un grand descendeur, mais quand on chute ça laisse des traces. Il était tombé la veille dans une descente mouillée. Ça glissait fort avec la peinture sur l’asphalte. C’était un peu la même chose en descendant sur Morzine par une route rapide mais sinueuse. Vincenzo Nibali était un peu sur les freins même s’il ne descend pas comme ça normalement.

La jeune équipe mise à disposition de Fabio Aru aura-t-elle vécu ce Tour comme un point positif pour le futur ?
Ça l’est. Je ne pense pas qu’il y ait eu de couac dans la sélection de notre équipe pour le Tour. Nous avons été présents là où il le fallait. Tout n’a pas marché comme on le voulait dès le départ mais l’équipe a été bien représentée. On a tenté des choses dans les Alpes, envoyé des gars devant pour jouer la victoire d’étape ou servir d’appui à notre leader sur la fin…

L’équipe Astana aura fait preuve d’un bel esprit d’initiative, est-ce comme ça que vous concevez le cyclisme ?
Nous courons pour la victoire, pas pour la 10ème place. Nous avons une équipe construite pour gagner, et nous nous mettons toujours en tête l’objectif le plus élevé. Maintenant, si on préfère finir sur le podium, ça ne fonctionne pas toujours.

Pour redonner un peu d’instinct à la course, faudrait-il supprimer les oreillettes et les capteurs de puissance ?
Je ne supprimerais rien du tout. Le cyclisme évolue, nous avec, et ce sont nos méthodes de travail. Les oreillettes sont utiles pour la sécurité des coureurs et pour leur donner des informations. Les premiers jours du Tour, nous occupions la dernière place dans la file des voitures suiveuses. Imaginez ce que ça nous aurait coûté si un coureur avait eu un souci et que nous n’aurions pas eu l’oreillette. Là au moins il peut nous appeler et nous permettre d’anticiper tout en remontant la file des directeurs sportifs. Les capteurs de puissance, eux, sont parfaits pour travailler. Tout cela est positif.

Sur qui miserez-vous sur la Vuelta ?
Nous avons Michele Scarponi, qui est un coureur très expérimenté et qui est capable de bien aller en montagne. C’est l’un des meilleurs équipiers. A ses côtés, il aura Miguel-Angel Lopez, qui a gagné le Tour de Suisse. C’est un tout jeune qui aura de l’expérience à prendre.