Jimmy, vous avez rejoint l’équipe Roubaix Lille Métropole voilà un mois et demi. Comment s’est déroulé votre passage chez les pros ?
J’avais déjà eu des discussions avec l’équipe quand j’avais commencé à côtoyer le monde professionnel lors de mon stage chez Cofidis en 2012. Cela ne s’était pas concrétisé cette année-là, mais on avait gardé le contact pour cette année. Cofidis avait d’autres idées en tête et je n’étais pas dans leurs plans. Ils m’ont dit que je devais trouver un contrat ailleurs. J’ai eu deux ou trois contacts avec des équipes françaises. Lors de ma dernière année Espoir, Roubaix a estimé que j’étais assez mûr pour passer pro. D’un commun accord, j’ai signé chez eux.

Pourquoi avoir choisi Roubaix Lille Métropole ?
Ce sont eux qui m’ont offert un contrat de façon concrète, alors qu’avec les autres équipes, il s’agissait plus d’accords verbaux. L’équipe Roubaix Lille Métropole a été la première à vraiment me faire confiance. Je les remercie.

Qu’est-ce que l’équipe attend de vous ?
Découvrir le monde pro, faire mes preuves et aider l’équipe. Elle a été renouvelée à 70 % cet hiver. L’osmose s’est bien faite durant les stages. On espère que ça va marcher sur les courses.

L’équipe s’est tournée vers le sprint et les coureurs au profil de grimpeur sont plus rares. Aurez-vous plus souvent votre chance ?
Oui et non. Roubaix a un programme très axé classiques du nord et sprints. Les courses arrivent, elles aussi, de plus en plus souvent au sprint. Mais c’est vrai que, dès que les terrains seront plus escarpés, qu’il y aura un peu plus de difficulté, je pourrai effectivement un peu plus jouer ma carte, au même titre que Quentin Jaurégui ou que les autres puncheurs de l’équipe. Sur ces parcours, j’aurai donc un rôle privilégié,mais sur les autres, je me mettrai au service du reste du groupe.

Comme vous le soulignez, le programme de l’équipe ne convient pas entièrement à votre profil. Craignez-vous que cela ralentisse votre progression comme ce fut le cas pour Julien Guay il y a deux ans ?
Ce n’est pas forcément une question du programme de l’équipe, mais la manière de courir des professionnels. Comme les courses arrivent à 90 % au sprint, pour des coureurs comme Julien Guay qui n’ont pas une pointe de vitesse très rapide, il est tout de suite plus difficile de s’exprimer. Mais on peut voir des coureurs comme Stéphane Rossetto faire une très belle carrière alors qu’ils ne sont, comme Julien, pas très rapides au sprint. Je pense qu’il faut savoir saisir sa chance au bon moment et savoir s’exprimer dans un rôle différent : si ce n’est pas celui de vainqueur, ce pourra être en tant qu’équipier de luxe ou coéquipier modèle. Je suis prêt à me sacrifier cette année pour mes coéquipiers. N’être récompensé qu’à quelques reprises dans la saison ne me dérange pas.

Vous êtes là pour apprendre. L’équipe Roubaix Lille Métropole vous servira donc de tremplin…
L’encadrement nous le dit très bien : c’est la vocation de l’équipe de servir de tremplin. On ne peut pas espérer une carrière à long terme chez Roubaix. Sans faire offense à l’équipe, tout le monde espère aller dans des formations du rang supérieur. C’est un apprentissage. Il faut y rester un, deux, peut-être trois ans pour essayer d’apprendre un maximum avant de percer dans les catégories supérieures.

Est-ce la marche idéale entre le CC Nogent-sur-Oise, où vous avez passé trois ans, et le monde professionnel ?
Tout à fait. Ça permet de faire la transition entre le milieu amateur et le milieu pro. Le programme est assez adapté. On fait de belles courses, des Coupes de France, des HC, mais pas de courses trop importantes. Cela nous permet de jouer malgré tout les premiers rôles tout en apprenant le travail de coureur professionnel.

Avez-vous suivi un travail spécifique cet hiver pour encaisser au mieux votre passage chez les pros ?
J’ai essayé de travailler encore mieux que ce que je faisais les autres années. J’ai tenté de faire plus de kilomètres, ou du moins de les faire plus efficacement. Je suis aussi un peu plus pointilleux sur la récupération et sur la nutrition. Je me suis procuré un SRM pour l’entraînement cette saison pour être encore plus minutieux. C’est une des clés de la performance aujourd’hui. J’ai essayé d’optimiser un maximum de petits détails pour me permettre de progresser encore plus. On verra ce que ça donnera cette saison.

Vous avez également fait quelques apparitions en cyclo-cross cet hiver…
J’ai fait la dernière manche du Challenge National à Flamanville, mais cela s’inscrivait dans un cycle de travail assez intensif. J’étais fatigué et je manquais de jus. Il y a une place de 14ème à la clé, mais j’espérais quand même un peu mieux.

Les performances de vos jeunes frères Anthony et Tanguy en cyclo-cross ne vous donnent-elles pas envie d’être dans les sous-bois plus régulièrement pendant l’hiver ?
Pour ne rien cacher, c’est moi qui fais leurs programmes d’entraînement donc ça me fait plaisir de les voir marcher autant. Ils restent les premiers acteurs de leurs performances. Je suis content de les orienter dans leur passion qui est le cyclo-cross. Bien sûr, cela me donne envie. C’est la raison pour laquelle je fais encore du cyclo-cross chaque année. Mais je pense qu’il est très difficile de faire les deux à un haut niveau. Il faut faire un choix. Le mien, c’est de me consacrer à la route. Pour passer pro, c’est par là que ça passe. J’espère qu’ils feront le choix qui leur conviendra le mieux. Le plus tard possible s’ils doivent sacrifier l’une des deux disciplines.

Propos recueillis à Saint-André-lez-Lille, le 22 janvier 2014.