Lionel, au terme du Tour de France 2010, quel bilan tirez-vous ?
Ce Tour de France aura été une grosse satisfaction pour nous avec l’explosion aux yeux du grand public de Ryder Hesjedal. Nous avons aussi une grosse satisfaction quant aux sprints menés dans les derniers jours par Julian Dean. C’est un poisson-pilote depuis longtemps. Il le fut pour Thor Hushovd, il l’est maintenant pour Tyler Farrar. Avec un peu plus de chance, on peut imaginer Tyler dans la roue de Julian, ça aurait fait des étincelles.

La 7ème place finale de Ryder Hesjedal vous permet-elle de penser à des objectifs plus importants à l’avenir ?
Je pense qu’il va prendre un autre statut. Il a eu l’air posé et n’a jamais fait montre de stress. Ca veut dire qu’il sait gérer la pression. Et puis c’est toujours bien pour nous d’avoir un coureur supplémentaire capable de brouiller les cartes. C’est un gros moteur qui vient du VTT, c’est encore une fois la preuve qu’il y a une transition à faire entre ces deux disciplines.

Perdre assez vite tous les atouts sur lesquels vous aviez misés a-t-il été dur moralement ?
Ce n’est pas évident, vous savez, car quand vous construisez une équipe autour d’un sprinteur, vous avez un train et des coureurs qui sont là pour travailler et rattraper les échappées. Sur neuf coureurs, nous en avions sept qui étaient attribués au sprint. Alors quand vous perdez votre sprinteur, vous vous retrouvez avec six coureurs un peu dans l’incertitude. Nous avons aussi perdu Christian Vande Velde, donc il ne nous restait plus que Ryder pour jouer une carte. Ca nous a déstabilisés un petit peu mais au lendemain de l’abandon de Vande Velde, Ryder Hesjedal était dans l’échappée, ce qui a remotivé tout de suite l’équipe.

Comment avez-vous réussi à positiver après ces différents cas de figure ?
Nous avons positivé dans la mesure où nous ne sommes pas maîtres de ce destin-là. Ce n’est pas quelque chose qui a fait culpabiliser l’équipe, c’était juste un constat. Nous avons des garçons qui savent faire la part des choses. Dans l’équipe il y a une grosse concentration sur l’épreuve, et après on passe à autre chose une fois la course terminée. L’ambiance est extraordinaire.

Finalement, Ryder Hesjedal a marqué le coup sur l’étape des pavés, qui ne lui était pas prédestinée. Ca a été la transition vers une deuxième partie de Tour plus favorable ?
Disons que la chance ne sourit qu’aux audacieux. Ryder a été audacieux ce jour-là et bien lui en a pris car avec sa manière de courir, il aurait peut-être été pris dans une chute derrière. Cette opportunité-là a changé toute sa vie puisqu’il termine 7ème du Tour de France, ce qui était inimaginable pour lui.

Peut-il encore viser plus haut ?
Tout à fait. Après, il va falloir qu’il prenne encore un petit peu plus de forces au niveau du placement mais ça va venir.

Allez-vous reporter certains de vos objectifs sur la Vuelta ?
Tyler Farrar va se préparer pour la Vuelta, Christian Vande Velde aussi. Le Tour d’Espagne est devenu un passage obligé pour aller aux Championnats du Monde. Ce sera un objectif. Nous avons vu un peu le profil de la Vuelta et ce n’est pas évident car les sprints sont en dernière semaine de course. Il va falloir faire un choix quant aux Championnats du Monde, qui se dérouleront en Australie. On part déjà dans l’idée d’aller en Espagne et on verra ensuite. Tyler va déjà aller au Tour du Danemark, qui constituera sa première étape pour reprendre le chemin de la victoire.

Propos recueillis à Paris le 25 juillet 2010.