Luis-Leon, vous avez choisi de démarrer le premier assez loin de Foix pour gagner cette étape. Pourquoi ?
Avec un coureur comme Peter Sagan dans l’échappée, c’était quasiment impossible de pouvoir gagner. Philippe Gilbert était aussi un client, c’est pourquoi nous avons décidé de mener le train avec Steven Kruijswijk dans le Mur de Péguère pour les distancer. Finalement j’ai perdu le contact et j’ai dû revenir avec Philippe Gilbert dans la descente. A partir de là je savais que ma chance était de démarrer de loin et de poursuivre mon effort jusqu’au bout pour obtenir la victoire.

Vous vous êtres échappé plusieurs fois sur ce Tour, vous y croyiez encore ?
C’est vrai que j’ai vraiment essayé de m’échapper ces jours-ci. C’est ce que je voulais faire en première semaine mais je me suis blessé et ce n’était pas possible. A chaque fois que je me suis échappé, les choses ne tournaient pas au mieux. C’est vrai que ça aurait pu me mener au doute. Aujourd’hui j’ai voulu attaquer car l’étape me convenait très bien. J’avais dans l’idée de décrocher la victoire, mais quand j’ai vu Sagan et Gilbert devant j’ai douté, c’est évident. C’est là que j’ai pensé qu’il fallait que j’attaque de loin pour les semer. Ça s’est bien terminé. Et je ne compte pas m’arrêter là. Le Tour n’est pas fini, si je peux je m’échapperai encore.

A deux semaines des Jeux Olympiques, vous sentez-vous en mesure de bien faire à Londres ?
Les Jeux, je les ai de plus en plus en tête. Ma forme s’améliore, je ne ressens quasiment plus de douleur au poignet depuis ma chute en première semaine. Je peux le bouger de manière presque tout à fait normale, c’est bon signe.

Vous auriez pu prétendre à de belles choses au classement général des Grands Tours. Quand avez-vous choisi de devenir un chasseur d’étapes ?
J’ai toujours eu du mal en haute montagne, même si je la passe mieux. A partir de là c’est difficile de penser pouvoir un jour gagner un Grand Tour. En Espagne, il y a cette mentalité de penser qu’un bon coureur doit viser le classement général d’une course de trois semaines. Je n’ai pas dans les jambes la capacité de réaliser cet exploit. C’est déjà ma quatrième victoire d’étape sur le Tour, c’est quelque chose d’important.

Ne manquez-vous pas d’ambition ?
A certains moments, j’ai manqué d’ambition peut-être. C’est difficile d’avoir la mentalité d’un coureur comme Sagan, entraîné mentalement à gagner, gagner, gagner. Très peu de coureurs ont cette mentalité. Je les envie. A certains moments dans ma carrière j’ai senti qu’il me manquait cette ambition, c’est une question de caractère. Gagner, c’est la consécration de beaucoup d’efforts, c’est vrai que j’envie un coureur comme Sagan.

Voilà deux ans que vous courez chez Rabobank, vous n’avez pas la volonté de retrouver une équipe espagnole ?
Il y a deux ans, cette équipe m’a donné ma chance. J’ai rencontré Erik Breukink et l’équipe m’a très bien traité. C’était un peu difficile l’an dernier, j’avais un problème du point de vue de la langue, je ne parlais pas anglais. Mais je me sens désormais comme à la maison, si bien que j’ai resigné pour deux années avec Rabobank.

Propos recueillis à Foix le 15 juillet 2012.