Marc, la FDJ a prolongé son partenariat pour les deux années à venir. Quel sentiment cela vous procure-t-il ?
Cela s’inscrit dans une logique de confiance et de continuité qui existe entre l’équipe cycliste et la FDJ. Pour nous, c’est limpide. Si je remercie les différents services de la Française des Jeux, ce n’est pas simplement pour faire plaisir. C’est la réalité. Il existe une vraie communion, une vraie cohésion, une vraie action collective entre l’équipe cycliste et les différents départements. Tous les secteurs d’activité de l’entreprise apportent une petite pierre à l’édifice de l’équipe cycliste. Nous sommes dans les locaux de la Française, la comptabilité, le juridique, DRH, etc. Tout se passe là-bas. L’équipe cycliste est partie pleine de l’entreprise.

Vous n’avez donc jamais douté du renouvellement de ce partenariat ?
Non, pas une seconde. Nous sommes dans une logique de continuité. Nous entrons dans notre vingtième saison. Le temps passe vite, trop vite ! Je suis heureux et fier de la relation existante entre la Française des Jeux et son équipe.

Vous allez lancer une nouvelle plateforme inédite d’entraînement. Dans quel but ?
L’idée est de se rapprocher du meilleur modèle qui soit. Une réforme devrait rentrer en vigueur en 2017 sur la gestion et l’accompagnement des coureurs. En créant cette plateforme, nous avons voulu nous mettre en conformité avec cela dès maintenant. Ceci afin de bien rôder la machine et d’être prêts le 1er janvier 2017 vis-à-vis de l’Union Cycliste Internationale. Mais nous voulons aussi être plus performants, c’est une évidence.

Aujourd’hui, à quel stade êtes-vous de ce projet ?
Concernant la structuration de l’équipe et le travail du coureur, nous nous en approchons. Il nous manque encore une touche de potentiel physique pour entourer les leaders. Là, ça passe par des moyens supplémentaires. C’est la raison pour laquelle nous recherchons toujours un co-sponsor, pour nous renforcer au niveau physique. C’est la dernière touche que nous devrons apporter à l’édifice. Si nous y parvenons, nous serons au niveau des leaders.

En l’absence de ces moyens, comment lutter face aux grosses écuries ?
On essaye de se donner les moyens humains et financiers pour y parvenir. La transformation de l’équipe passe par une modernisation, un accompagnement et une professionnalisation dans tous les domaines, du matériel à la préparation de l’entraînement. Année après année, nous essayons de progresser.

Et Thibaut Pinot marque cette progression…
Physiquement Thibaut arrive à maturité. Mentalement c’est la même chose. Il a su se donner les moyens de surmonter les obstacles qui se présentaient devant lui. Le Tour de France 2015 a été exemplaire dans ce domaine. Il a rencontré beaucoup de difficultés pendant la première semaine. Elles se sont accumulées jour après jour. Néanmoins, il a su se reconditionner mentalement pour aller chercher un résultat en dernière semaine. Ça montre qu’il a une force de caractère et une maîtrise de ses sentiments par rapport à un objectif.

Thibaut Pinot, en fin de contrat, a affirmé qu’il restait à l’écoute de toutes les offres. Ne craignez-vous pas d’être contraint de le laisser filer ?
Il a dit qu’il écouterait les offres. Entre écouter et dire oui, il y a un très long chemin. Il a plus de chances de nous dire oui à nous qu’à d’autres. Je ne m’en cache pas. Le rêve absolu c’est de gagner le Tour avec lui, ce serait le Graal pour nous. Nous voulons être l’équipe qui lui permettrait d’y parvenir. Chaque année, nous mettons une couche de parpaings pour faire monter le mur qui nous permet de construire l’équipe. Nous voulons passer du stade de participation à celui de vainqueur. Nous voulons nous mettre en situation de gagner.

Les victoires d’envergure, vous les attendez également d’Arnaud Démare ?
Pour moi, pour Arnaud, le Graal, ce serait d’être champion du monde. Pour un sprinteur, il n’y a pas cinquante opportunités dans une carrière de porter le maillot arc-en-ciel. Une réelle chance se présente devant lui à Doha. Bien sûr, Paris-Roubaix reste également une course à part, mais la course a lieu tous les ans. Contrairement au Championnat du Monde pour un sprinteur.

Propos recueillis à Paris le 21 janvier 2016.