Mark, l’équipe Omega Pharma-Quick Step a lancé les hostilités très tôt dans la treizième étape du Tour de France. Qu’est-ce qui vous a poussé à agir ainsi ?
Mon équipe a abattu un travail incroyable pour moi. Hier soir j’en étais au point où je me disais que je n’étais plus capable de gagner un sprint. Ma double détente n’a pas fonctionné. Pourtant mes coéquipiers avaient travaillé toute la journée et ils méritaient vraiment que je puisse décrocher cette victoire. Aujourd’hui nous avions la rage de vaincre, d’aller chercher une étape. Ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes, comme hier, en prenant les choses en main plus tôt sans compter la dépense d’énergie. Ce soir on m’a remis le prix de la combativité mais c’est à toute l’équipe qu’il a été attribué, pas seulement à moi.

Comment avez-vous rebondi après votre désillusion d’hier ?
Ce qui fait que le Tour est si spécial c’est que chaque étape est importante, particulière. C’est non seulement le plus grand événement cycliste du monde mais c’est aussi le plus important événement sportif de l’année. Ce n’est pas difficile de rebondir et de vouloir toujours faire mieux que la veille. Ma carrière tout entière est basée sur ma relation avec le Tour de France. Dès octobre, quand je reprends l’entraînement, je veux être en forme pour le Tour.

Vous qui rêviez de gagner différemment, en prenant part à une échappée, vous avez réussi votre coup aujourd’hui ?
Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé. C’est vrai que nous n’étions plus très nombreux devant mais c’est mon équipe qui a réalisé tout le travail. Quand je parlais d’échappée j’envisageais les choses d’une autre façon. Avec le vent, comme il soufflait, on voulait être à l’avant à cause du vent et des bordures. J’ai bénéficié de toutes les circonstances. Mais c’est surtout grâce à mon équipe. Ce sont mes coéquipiers qui ont fait tout le travail, et c’est pourquoi j’aurais aimé qu’ils montent tous avec moi sur le podium mais ce n’était pas possible.

Aviez-vous anticipé le coup de bordure final déclenché par les Saxo-Tinkoff à 30 kilomètres de l’arrivée ?
Nous n’avons rien anticipé, nous avons été là toute la journée. Nous avons provoqué les premières cassures mais ce sont les Saxo qui ont provoqué la dernière bordure. J’ai été le dernier à sauter dans le groupe. Ils étaient très forts dans le final et je tiens à leur tirer mon chapeau. Ils avaient un intérêt avec le classement général et le classement par équipes. Pour les spectateurs ça a dû être une journée époustouflante.

Votre 25ème victoire dans le Tour de France a-t-elle une saveur particulière après vos frustrations accumulées sur cette édition ?
Pas plus que les autres. J’ai un respect incroyable pour le Tour. J’ai souvent les larmes aux yeux quand j’y pense. Toute ma carrière est basée sur cette course, ce qui représente souvent pour moi un stress physique et psychologique. Cette course, elle fait battre mon cœur. Chaque victoire est différente. Je pourrais vous parler de chacune de mes vingt-cinq victoires, vous en rappeler les circonstances, car chacune a la même importance, elles restent au fond de moi. C’est pareil pour chacun de mes coéquipiers, dont je pourrais parler du rôle qu’ils ont tenu dans chacune de mes victoires.

Propos recueillis à Saint-Amand-Montrond le 12 juillet 2013.