Rudy, quel bilan personnel tirez-vous de la saison 2012, votre première chez les professionnels ?
Le bilan est plutôt positif ! J’ai fait une deuxième partie de saison correcte en remportant le maillot de meilleur grimpeur du Tour de l’Ain, en participant à la Vuelta et en ayant de bonnes sensations sur les épreuves qui ont suivi mon premier Grand Tour. J’aurais aimé être plus présent en début de saison, mais ma mononucléose de l’hiver dernier m’en a empêché.

Dans quels domaines avez-vous progressé ?
Il est difficile de retenir un domaine en particulier. Je sens que j’ai progressé sur tous les profils. Chaque année je me sens un peu plus fort et j’attends encore d’emmagasiner des jours de course et d’entraînement avant d’orienter plus spécifiquement mes entraînements vers tel ou tel domaine.

Quels ont été vos meilleurs moments sur le vélo en 2012 ?
Il y en a eus plusieurs ! D’abord ma première course de la saison au Challenge de Majorque. Certes je n’étais pas du tout en forme – ni en bonne santé – mais se retrouver avec un dossard au milieu des plus grands c’est assez « émouvant ». Ensuite, je dirais le Tour de l’Ain, où je remporte le maillot de meilleur grimpeur devant Thibaut Pinot et David Moncoutié. Sur cette course je courais presque à domicile (NDLR : Rudy Molard est originaire de Villefranche-sur-Saône et du Jura). De plus, ma famille était présente le long du parcours. Ça a été un grand moment de ma saison. Il y a aussi eu le Tour d’Espagne. Un Grand Tour c’est une atmosphère et une ambiance particulières. Pour finir, je dirais la première étape du Tour du Gévaudan, où je me retrouve seul avec Davide Rebellin dans le final. C’était mon idole lorsque j’ai commencé le vélo et me retrouver en tête de course avec lui restera un moment fort.

Que retenez-vous de votre première expérience sur un Grand Tour ?
Je retiens que trois semaines, c’est long ! Il faut toujours rester concentré, mais ce n’est pas insurmontable. J’avais une petite appréhension au départ, car je n’avais jamais dépassé huit jours de course, mais finalement j’ai plutôt bien récupéré, et j’ai même eu de bonnes sensations en dernière semaine. J’avais pour objectif de terminer l’épreuve et de me faire plaisir une journée en échappée. L’objectif a donc été rempli.

Vu votre prestation sur la Vuelta 2012, vous semblez avoir une bonne marge de progression sur les courses par étapes…
Je sens que je passe un palier tous les ans. Avec Julien Pinot et maintenant Vincent Villerius, mes entraîneurs, on a toujours gardé cette idée d’augmenter les charges d’entraînement de manière progressive. Je sens que j’ai encore de la marge devant moi, je sens que je peux progresser, et être plus fort. J’apprécie les courses par étapes, et pourquoi pas travailler dans cet objectif-là en effet, mais j’aime également les courses d’un jour.

Quels sont vos points forts et vos points faibles ?
Je me considère comme un coureur complet, même si dans le milieu actuel mieux vaut avoir une spécialité. Mes points forts, je dirais l’endurance et ma polyvalence plat-montagne. Mon point faible : les arrivées massives.

Comment s’est déroulée votre préparation hivernale ?
Pour le moment très bien. J’ai repris l’entraînement autour du 10 novembre. Le stage de l’équipe en Corse, début décembre, m’a permis de faire un premier bloc de travail assez costaud ! J’ai ensuite alterné le vélo avec plusieurs sorties de ski de fond. J’ai pris part au Marathon de Font d’Urle le 23 décembre et participé à la Laëtitia Roux, une course de ski alpinisme début janvier, où je me suis classé 4ème. Ce sont des sports que j’adore et qui apportent beaucoup pour le vélo, tant physiquement que mentalement !

Quel sera votre programme de début de saison ?
Je commence la saison au Grand Prix La Marseillaise. Puis je ferai le Tour Med, le Trophée Laigueglia, la Drôme Classic et la Classic Sud Ardèche. Mes objectifs seront de prétendre à un résultat et de gagner ma place pour des épreuves comme Paris-Nice ou le Tour de Catalogne.

Quel sera votre objectif numéro 1 en cette nouvelle saison 2013 : une première victoire chez les pros ?
Oui, l’objectif premier est de faire une saison avec des résultats et avec une première victoire. Le second, c’est de participer à un second Grand Tour.

Faire partie du « nouveau » projet de Cofidis doit être motivant ?
Il y a une nouvelle dynamique dans l’équipe. Cela est aussi dû au recrutement. Pour ma part, j’ai toujours été motivé ! On fait un sport où il faut toujours être à la pointe dans chaque domaine qui touche à la performance, et parfois on a besoin de changements pour avancer, évoluer, et gagner… On parle souvent de nouveau projet, mais Cofidis a toujours souhaité réintégrer le WorldTour.

L’arrivée de coureurs comme Jérôme Coppel peut vous permettre de progresser plus vite dans le domaine des courses par étapes. Mais vous aurez peut-être moins souvent carte blanche qu’auparavant ?
Je suis fier de l’arrivée de Jérôme Coppel dans l’équipe. On s’est connus au CR4C Roanne. Je suis arrivé chez les amateurs lorsque lui passait chez les pros. On a la passion du ski de fond en commun. L’arrivée de nouvelles forces dans l’équipe permet peut-être aux jeunes d’avoir moins souvent carte blanche, mais cela peut aussi être un mal pour un bien ! Avec une équipe plus encadrée autour d’un ou deux leaders, avec une vision de la course différente, avec un rôle mieux défini, on arrive parfois à trouver des forces, des ressources, que l’on n’aurait pas soupçonnées avoir en étant plus libre sur le plan tactique.

Propos recueillis par Alexis Rose le 4 janvier 2013.