Sandy, vous étiez à la présentation de l’équipe FDJ.fr mi-janvier en qualité de jeune retraité. Qu’avez-vous ressenti ?
C’est un sentiment mitigé. C’est une nouvelle saison qui commence et pendant longtemps, j’étais là comme coureur. C’est une nouvelle année, légèrement différente. Ça fait plaisir d’être présent et d’avoir le sentiment d’avoir compté pour cette équipe. Mais cette nouvelle année commence sans moi.

On vous sent apaisé…
Oui, mais c’est par rapport au stress permanent qui nous entoure quand on est coureur. Je suis plus reposé avec une liberté retrouvée par rapport à ce qu’il se passe dans le milieu du vélo. En fait, je suis maintenant plus spectateur qu’acteur.

Il y a un an, vous émettiez l’idée de participer aux trois Grands Tours dans la même saison. Regrettez-vous de ne pas avoir mené ce projet à bien ?
C’est vrai que j’aurai bien voulu le faire dans ma carrière. Il y a un an, je ne pensais pas être retraité douze mois plus tard. Je comptais continuer ma carrière pendant encore quelques années. Les choses ont évolué énormément vite. Il a fallu que je prenne une décision. Ce n’a pas été facile, mais je ne la regrette pas.

Qu’est-ce qui a pesé pour que vous décidiez de prendre votre retraite ?
Il y a énormément de choses. Le fait d’avoir ces problèmes de dos récurrents qui ont fait que je n’étais pas compétitif. C’est un élément important. Je ne voulais pas continuer pour dire de continuer, ce n’est pas ma vision des choses. Il y a aussi le fait que le monde du vélo ait changé. Je n’avais plus le même plaisir. J’espère que les choses vont changer avec le nouveau président de l’UCI. Je voulais aussi mettre l’accent sur ma vie de famille. Tous ces éléments ont été pris en compte.

Parce que vous avez fait votre carrière durant les années noires du cyclisme, on dit souvent que votre palmarès n’est pas à la hauteur de votre talent. Est-ce le sentiment de fierté ou les regrets qui prédominent ?
Les deux. Là encore, c’est mitigé. Quand j’ai commencé à faire du sport, mon but n’était pas d’être professionnel, mais de me faire plaisir. C’est ce que j’ai gardé en tant que professionnel. Ce sentiment de faire mon sport pour moi, d’avoir ce plaisir et d’avoir réussi. C’est aussi la raison pour laquelle, pendant toutes ces années, je ne me plaignais pas. Je savais ce que j’avais fait. Les résultats comptaient pour moi, même si ce n’étaient pas des victoires. Le fait d’être présent, de jouer sur la course, c’était déjà important par rapport au contexte. J’ai fait mon chemin comme cela. Mais, avec tout ce que l’on sait aujourd’hui, je peux dire qu’on s’est fait voler. Mais je sais ce que j’ai fait, et c’est le plus important.

Avez-vous déjà pensé à votre reconversion ?
C’est encore un peu vague. J’espère rester dans le monde du vélo. J’ai des contacts avec ASO pour être chauffeur et pouvoir rester dans le milieu. Rien n’est encore vraiment défini. Pour le moment, j’ai envie de profiter. Cela faisait quatorze ans que j’étais dans l’équipe FDJ.fr. Nous étions dans ce stress permanent, d’avoir l’obligation d’être 365 jours sur le vélo. Je veux décompresser un peu de tout ça.

Avez-vous laissé le vélo au garage ?
Non, je roule encore un peu. Je ne couperai pas du vélo. Ça reste un plaisir pour moi. J’ai aussi fait quelques cyclo-cross cet hiver. J’ai dû arrêter parce que je manquais d’entraînement, mais je continuerai. En fait, je roule moins que je ne le voudrai. Si j’arrive à faire une sortie par semaine, c’est déjà bien. Ce n’est pas lié aux problèmes physiques, ce sont des contraintes de temps. Il y a plein de choses que l’on n’a pas pu faire quand on était coureur. D’autres choses que l’on a envie de faire, mais comme on n’a plus l’obligation d’aller rouler, on remet ça à plus tard. Le temps passe trop vite. On revoit ses priorités.

Propos recueillis à Paris le 21 janvier 2014.