Sylvain, vous terminez 2ème du Grand Prix La Marseillaise après une longue échappée, quel sentiment vous anime ?
Je suis satisfait et déçu à la fois. Une 2ème place pour la première course de la saison, c’est très honorable. Mais je ne pensais pas que Jérémy Roy allait attaquer là, je pensais qu’il allait le faire plus loin, ce qui m’aurait permis de me refaire une petite santé. Mais il m’a surpris et il était très costaud. Je passais mon relais quand il a attaqué brusquement. J’ai essayé de revenir sur lui mais je n’ai pas réussi. Ensuite, je suis tombé dans la descente de la Gineste et j’ai perdu encore plus de temps. Le peloton vient mourir sur moi mais l’essentiel était de finir 2ème.

2ème juste devant le peloton, ça prend d’autant plus de valeur ?
2011 m’apparaît comme une année de revanche. J’ai fait une année chez les pros qui ne s’est pas vraiment bien passée (NDLR : chez A-Style Somn en 2008). Stéphane Javalet m’a donc donné une chance et ma place d’aujourd’hui lui prouve qu’il a eu raison de me faire confiance. Le but est de continuer comme ça toute la saison pour honorer sa confiance.

Lorsque vous avez déclenché la bonne échappée après 10 kilomètres, y croyiez-vous ?
Jérémy Roy et Julien Guay étaient partis tous les deux, je me suis joint à eux et on a tout de suite pris du temps. Quand j’ai vu que nous avions encore 7’30 » à moins de 50 bornes de l’arrivée, on a commencé à y croire un peu plus. Avec 3’30 » d’avance à 25 kilomètres du but, on était plus que sereins. Jérémy Roy m’a attaqué à un moment où j’étais moins attentif. Je ne pensais pas qu’il allait faire la différence à ce moment-là : erreur de jeunesse ! Mais c’est comme ça qu’on apprend.

Vous sentiez-vous de suivre Jérémy Roy dans la Gineste, où l’on pensait que tout allait se passer ?
J’étais bien physiquement et j’étais plus à l’aise en montée que sur le plat. Mais il y a eu l’attaque auparavant, et une belle attaque !

Vous êtes tombé dans la descente de la Gineste, pour quelle raison ?
A l’amorce des 10 derniers kilomètres, j’ai fait trois virages et je me suis fait surprendre. L’entrée du virage était sèche, la sortie était plus humide. J’arrivais un peu vite en pensant que ce serait sec partout, et ce n’est pas passé. J’ai fait une bonne glissade, donc plus de peur que de mal. Ce n’est que du vernis. Stéphane Javalet et le mécano sont tout de suite sortis de la voiture pour remettre le vélo en état et éviter de perdre du temps. J’ai dû concéder 40 secondes mais l’essentiel était d’arriver avec suffisamment d’avance pour conserver ma 2ème place.

La Coupe de France peut-elle constituer un objectif ?
Pour l’équipe, la Coupe de France est l’objectif premier. Nous aimerions bien finir sur le podium au classement final. Nous allons donc préparer toutes les manches pour bien représenter BigMat-Auber 93. Finir 2ème à la Marseillaise, c’est super, je n’en attendais pas tant sur la première course. Le plus dur, maintenant, n’est pas de finir 2ème mais de le rester ! Il va encore y avoir du travail mais l’équipe est soudée et je pense que nous avons une carte à jouer tout au long de l’année.

Finalement, l’absence d’oreillette vous a-t-elle aidé ?
Oui. J’ai l’habitude de courir sans oreillette, à l’ancienne, et ça me convient. Les équipes mettent un peu plus de temps pour s’organiser. Quand on est échappé et qu’on a trouvé le bon compromis avec les coureurs devant, ça peut jouer en notre faveur. Je pense que s’il y avait eu les oreillettes sur la Marseillaise, nous ne serions pas allés au bout. Je n’y suis pas opposé, pour des raisons de sécurité, mais sur le plan tactique, au moins chaque coureur mène son bateau. Ca encourage ceux qui prennent des initiatives et qui ne sont pas toujours récompensés. Ca met un peu plus de piquant, c’est ce que j’apprécie.

Le fait d’être retombé chez les amateurs du Creusot Cyclisme en 2009 et 2010 a-t-il été positif avec un peu de recul ?
Oui, je pense que c’était reculer pour mieux sauter. Ca m’a permis d’acquérir une expérience un peu plus importante en termes de tactique de course. Je possède aussi une meilleure condition physique, et je pense que ces deux années m’ont été bénéfiques, tant sur le plan personnel que physique. Revenir chez les pros, c’est une remise à zéro des compteurs, et surtout ça me procure une envie de Cadet. Samedi soir j’étais excité comme un gamin. Cette envie, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas ressentie. L’équipe s’occupe bien de moi et je me sens à l’aise.

Par où va passer la suite de votre saison ?
Je vais disputer l’Etoile de Bessèges, le Tour du Haut Var, les Boucles du Sud-Ardèche, et un peu de courses en Belgique pour m’aguerrir. Mon objectif de début de saison est le Critérium International. Le parcours vallonné me convient et j’espère y briller.

Propos recueillis à Marseille le 30 janvier 2011.