Tessa, vous étiez présente sur l’étape Bourg d’Oisans-Le Grand Bornand, comment l’avez-vous vécue ?
C’était une première expérience, et j’ai adoré cela. On est vraiment au cœur de l’ambiance. On se rend compte que les gens sont passionnés. J’ai eu l’habitude, soit de voir l’arrivée, soit d’être au départ, soit d’être sur le bord de la route et voir passer les coureurs à toute vitesse. Cette fois, j’ai pu suivre tout cela de l’intérieur, c’était génial. J’étais dans une voiture d’invités avec Bernard Hinault, un guide de haute qualité qui m’a tout expliqué. Je n’ai pas hésité à lui poser plein de questions. On a aussi parlé de ski car il pratique aussi. C’était un très bon échange.

Vous ne deviez pas être impressionnée dans les descentes de cols en tant que skieuse.
Dans une voiture, ça se passe plutôt bien. Mais on voit bien pourquoi les coureurs peuvent perdre du temps dans une descente. Ce sont des choses qu’il faut maitriser. On se rend compte que c’est une des choses à travailler, que ce soit les trajectoires, la position sur le vélo, etc. Bernard m’a justement expliqué les subtilités de la descente. On retrouve quelques similitudes avec le ski alpin. Malgré tout, je suis plus à l’aise sur mes skis que sur un vélo en descente !

Vous avez grandi au Grand Bornand, comment avez-vous connu le vélo ?
Petit à petit. C’est le sport que tout enfant apprend au plus jeune âge, avec les parents. Mais Le Grand Bornand est souvent ville-étape du Tour. J’ai donc pu souvent les voir passer, j’ai pu voir quelques départs, quelques arrivées. Depuis quelque temps, je le pratique aussi dans le cadre de mon entraînement. Là, je me rends compte de la performance et je m’intéresse à tout cela.

Comment entre-t-il dans votre préparation ?
C’est surtout dans ma phase de foncier, en début de préparation aux mois de mai et juin. Je fais de longues distances, des cols aussi car cela fait travailler les jambes et le souffle, ce dont on a besoin de bosser. C’est un sport qui nous pousse dans nos retranchements, dans nos limites, et c’est ce que je recherche tous les jours. Cela m’aide beaucoup. À un moment de la préparation, il faut aussi que je mette le holà sur le vélo, car on doit faire de la muscu et du ski, et on ne peut pas tout faire.

Êtes-vous seule lors de vos sorties ?
Non, parfois, je sors avec deux ou trois autres personnes. C’est sympa, ne serait-ce que pour prendre l’aspiration.

Préférez-vous les montées ou les descentes ?
(elle hésite) J’adore la grimpe quand on arrive en haut. Comme tout effort, on est contents de ce que l’on a fait. La souffrance est vite oubliée. Dans les descentes, il y a de belles sensations, et on retrouve un peu les sensations que l’on ressent sur les skis.

Est-ce un sport que vous pratiquez lors des camps d’entraînement avec les autres skieurs pour raviver l’esprit de compétition ?
Complètement ! On a fait de longues étapes. Notamment une fois avec toute la sélection olympique pour les Jeux Olympiques d’hiver. Ça reste dans la bonne humeur, mais ça permet de se comparer.

Aimez-vous ce sport pour le rapport à la nature similaire à celui que l’on retrouve en ski.
Oui, ce sont des paysages que j’aime beaucoup. Je ne crois pas que je pourrais vivre en dehors de la montagne. Hiver comme été, je trouve ces paysages magnifiques. Il faut savoir profiter des deux saisons et c’est pour cela que j’aime l’été également.

Quand avez-vous vu le Tour pour la première fois ?
J’étais plutôt jeune, je devais avoir dix ou douze ans. J’habite sur le col de la Colombière et les coureurs passent assez souvent là-haut. On regardait donc la télé, puis on allait sur le bord de la route, on allait encourager les coureurs puis on rentrait.

Soutenez-vous un coureur en particulier ?
Cette année, j’ai découvert l’équipe Orica-GreenEdge. Ça me fait plaisir de voir une équipe australienne, comme mon père est originaire d’Australie. En plus, on a deux partenaires en commun, Bollé et Scott. Je les suis un peu. Sinon, bien sûr, Chris Froome est impressionnant, mais les Français sont toujours là, toujours combatifs, c’est beau.

Existe-t-il des profils de skieurs comme il existe des profils de coureurs ?
Ce n’est pas évident. Au niveau de l’effort physique, on pourrait rapprocher les descendeurs des sprinteurs, les grimpeurs aux techniciens. Mais on retrouve de tout, dans chaque discipline.

Propos recueillis au Grand Bornand, le 19 juillet 2013.