Yvon, pour bien comprendre les enjeux fixés à votre groupe cette année, il faut revenir sur la saison passée, que vous jugez décevante…
Notre bilan n’a pas été à la hauteur de notre potentiel, c’est vrai. Ça s’explique, notamment par la malchance en certaines circonstances et à cause des ennuis de santé de certains coureurs. Mais il y a aussi la nécessité de travailler sur l’esprit collectif et la part qui est donnée à chacun dans la réussite du groupe. Chacun contribue à un moment donné au résultat de l’équipe et il faut qu’il en soit conscient. Chaque épreuve disputée par l’équipe doit revêtir de l’importance. Et c’est un peu ce qui a manqué par moments l’année dernière.

Comment l’expliquez-vous ?
Les coureurs ont été un petit peu orphelins de leur leader. Ils n’ont pas toujours su saisir la chance qui leur était offerte de s’exprimer, d’essayer des choses, quitte à se planter. « Je tente des choses, je dois avoir de l’ambition et montrer ce que je suis capable de faire », voilà ce qu’ils auraient dû et doivent désormais se dire.

Sous quelle forme avez-vous abordez la nécessaire remise en question avec vos coureurs ?
Nous l’avons fait au travers d’entretiens individuels et d’entretiens collectifs, au moment de fixer des objectifs. C’est le discours que nous faisons passer, qui doit être ensuite véhiculé tout au long de la saison. Après, il nous appartient de valoriser la performance. Quand un coureur fait du bon boulot, même si ce n’est pas concluant sur le résultat, il faut l’encourager à recommencer afin que la dynamique se crée.

La confiance reste néanmoins de mise envers un effectif qui a relativement peu évolué avec deux transfuges de Sojasun et quatre néo-pros ?
Nous ne souhaitions pas tout bouleverser. Cette équipe a du potentiel. Même si ça n’a pas souri comme nous le voulions, elle en avait déjà l’année dernière. A nous de créer les conditions de l’expression de ce potentiel. En outre, nous avons choisi de donner une chance à des jeunes de talent, je pense que c’est important. Ça va donner une fraîcheur au groupe car ils ont forcément une vision différente des choses. Ils ont de l’envie, évidemment. Deux coureurs d’expérience complètent l’équipe : Cyril Lemoine dans les rôles de capitaine de route dans les classiques et de poisson-pilote d’expérience dans le train des sprinteurs, et Julien Simon qui incarne la classe à l’état pur. C’est un puncheur qui, je crois, va atteindre sa pleine mesure cette saison.

Quel discours a été passé auprès des coureurs durant les stages hivernaux ?
Mon discours a porté sur la nécessité de saisir toutes les opportunités, d’avoir de l’ambition, de ne pas avoir peur d’oser. Et puis bien sûr toujours le collectif, qui comprend du dialogue entre les coureurs, de la solidarité, et la volonté de gagner car sans cela on ne va pas à la victoire.

Les avez-vous sentis réceptifs à cette feuille de route ?
C’est un discours qui est bien passé, oui. Nous avons passé deux stages très studieux mais vraiment agréables au niveau de l’ambiance. Le travail s’est fait dans la bonne humeur mais de manière très structurée malgré tout.

Vous évoquiez une équipe orpheline de David Moncoutié il y a un an, qui peut incarner le rôle de leader de Cofidis dans le futur ?
Je crois que Dani Navarro, 9ème du Tour de France 2013, s’est affirmé comme un coureur capable de jouer un rôle de ce type dans l’équipe. A l’aube de cette saison 2014, il a des objectifs clairs. Ce sera la Ruta del Sol et Paris-Nice dans un premier temps. Tout s’amorce correctement. Sur ces épreuves-là, il sera déjà dans une position de leader. Maintenant, je pense que des coureurs comme Jérôme Coppel ou Rein Taaramae vont être en mesure de revenir à leur meilleur niveau. C’est en tout cas ce que l’on souhaite. Nous verrons au fil de l’année qui en aura la capacité. Il faut aussi savoir partager les rôles pour revenir au schéma que nous avions envisagé l’année dernière.

Propos recueillis à Paris le 24 janvier 2014.