Mark Cavendish. Violemment tombé hier à 2,7 kilomètres de l’arrivée à Rouen, en atteste son maillot complètement déchiqueté, Mark Cavendish (Team Sky) ne souffre finalement que de blessures superficielles : des éraflures et une plaie au doigt. Son poisson-pilote Bernhard Eisel a été davantage impacté, victime d’une plaie du front qui a été suturée dès l’arrivée. Des blessures finalement très anodines qui n’empêcheront pas les deux coéquipiers de Sky de poursuivre leur route aujourd’hui vers Saint-Quentin, où ils espèrent rattraper ce coup perdu. « Cav et Bernie ont fait une sale chute mais heureusement leurs blessures sont superficielles, a rassuré dès hier soir le docteur du Team Sky Alan Farrell. Ils n’ont en tout cas pas d’os cassé. Nous sommes très confiants quant à leurs chances de s’en remettre très vite et d’être tout aussi compétitifs. »

Anthony Delaplace. Avec désormais 396,5 kilomètres d’échappée dans les jambes en deux coups, Anthony Delaplace (Saur-Sojasun) est le coureur ayant accompli le plus de kilomètres devant après Michael Morkov, qui le devance de 127 kilomètres. « L’équipe avait prévu d’aller dans les coups aujourd’hui, raconte celui qui nous livre son journal de bord tous les deux jours, et dont vous retrouverez demain un nouveau chapitre. J’étais moi-même particulièrement motivé parce que l’on arrivait sur mes terres. Il n’y avait cependant pas grand-chose à espérer sur cette échappée, Arashiro étant à deux minutes au général. Nous nous sommes bien entendu. Tant que la ligne n’est pas franchie, j’y crois quand même. Je suis comme ça. J’espère que ça va payer un jour… et de préférence d’ici la fin de ce Tour ! »

Amaël Moinard. Hier encore, Cadel Evans a échappé aux chutes, parfaitement épaulé par ses coéquipiers parmi lesquels figure Amaël Moinard (BMC Racing Team). Equipier du vainqueur sortant du Tour, le Normand nous a éclairé sur la tactique des BMC. « On nous voit pas mal à l’avant, à essayer de protéger Cadel Evans, de le placer loin des chutes. Ça fonctionne bien pour l’instant. La première semaine est toujours nerveuse, notre unique objectif est de ne pas perdre de temps et d’éviter les chutes. Chez BMC, on doit chacun travailler à un moment précis de l’étape, et c’est pourquoi on nous voit régulièrement à l’avant. On ne s’occupe pas des adversaires pour l’instant. Il va se passer beaucoup de choses, on ne peut pas se concentrer sur un ou deux coureurs, on fait notre job de rester à l’avant, de ne pas tomber, de ne pas prendre de cassure. »

3 questions à… David Moncoutié (Cofidis)

David, vous avez attaqué là où on ne s’attendait pas à vous retrouver, sur la route de Rouen, était-ce prémédité ?
Prémédité, pas vraiment, mais j’avais envie de prendre une échappée en première semaine de Tour, ce que je n’avais jamais fait. Ils annonçaient des orages dans le final. Je me suis dit pourquoi pas. Parfois quand des averses tombent ça désorganise la poursuite et ça décourage les équipes de sprinteurs. En plus il y avait une bosse dans le final. C’était l’occasion de partir de loin plutôt que de traîner à l’arrière du paquet, où c’est nerveux. Je me suis fait plaisir, et puis on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Vous aviez donc capitalisé sur un brusque changement de condition climatique ?
Si une grosse averse arrive juste dans le final, c’est vrai que ça peut désorganiser la poursuite. Parfois on laisse la priorité aux attaquants, on ne sait pas ce qui peut se passer derrière, il faut toujours tenter. On a déjà vu des échappées en première semaine aller au bout, sur le plat. C’était une journée à l’avant, un coup de panache finalement voué à l’échec, même si on s’est fait reprendre tout près de l’arrivée.

N’avez-vous pas eu peur de lâcher trop de jus sur ce type de profil avant la montagne ?
Disons que ce sont des calculs à faire. Avant l’étape de montagne de samedi, il reste deux journées planes. Ça c’est pour le physique. Après, s’échapper comme ça, c’est toujours bon pour le moral. Cofidis est une équipe invitée sur le Tour, nous devons donc nous montrer offensifs faute de sprinteur pour gagner. Je ne pense vraiment pas avoir grillé trop de cartouches pour la montagne.

Propos recueillis à Rouen le 4 juillet 2012.