Brice, la fin de votre traversée des Pyrénées a été marquée par une blessure. Que vous est-il arrivé ?
Une élongation ou une déchirure, il n’y a pas une énorme différence entre les deux. J’ai souffert de fatigue musculaire. Une ou deux fibres ont craqué au niveau des adducteurs de la jambe gauche. Ça m’a pris mercredi dans l’ascension vers Saint-Lary. Nous étions à 5 kilomètres de l’arrivée. Me sachant presque arrivé, j’ai pensé que ça irait même si je forçais dessus. Malheureusement hier matin, au lever, j’ai ressenti une douleur vive. J’avais du mal à marcher et j’ai pensé que c’était mal barré. Je n’étais vraiment pas très confiant pour l’étape.

A la douleur physique s’est ajoutée la détresse morale. Comment l’équipe vous a-t-elle soutenu ?
La première heure et demie a été assez difficile. Ça roulait vite, il y avait en plus quelques relances dans lesquelles je sentais que ça me tirait vraiment fort. Derrière nos casques et nos lunettes, il n’y a pas forcément toujours le sourire. Là j’étais proche des larmes car à un moment donné je me sentais mal barré quand même… Mais tous les mecs m’ont bien aidé, notamment Florian Vachon. A un moment donné, il m’a dit : « putain, Brice, je suis venu te chercher une fois à l’arrière du peloton, je ne le ferai pas deux fois ! » Il m’a gueulé dessus mais c’était pour mon bien. C’est quelqu’un de franc, je trouve ça appréciable. Ça m’a fait du bien. Florian est un bon petit mec dans la roue duquel je suis resté jusqu’au pied du Tourmalet. Une fois dans le Tourmalet j’ai essayé de faire abstraction de la douleur, sans quoi je ne m’en serais pas sorti.

Comment les choses ont-elles alors tourné ?
Une fois le corps vraiment chaud je suis passé outre cette blessure et, dans le Tourmalet, j’ai pris mon rythme. La douleur s’est un peu estompée, je me suis concentré sur la course, avant qu’elle ne me rattrape dans les 4 derniers kilomètres de Hautacam. Sans doute que là encore, voyant que c’était bientôt terminé, j’ai pensé que je pouvais vraiment tirer dessus. Ça a fait mal mais globalement ça ne s’est pas trop mal passé.

De quelle façon remédiez-vous à ce problème ?
Avec le docteur, dès mon arrivée à l’hôtel, nous avons travaillé de manière ciblée avec un appareil de cryothérapie. Ensuite je suis passé au massage, bien que là-dessus il ne faut pas trop appuyer pour ne pas trop abîmer le muscle. Je suis aussi sous Voltarène, un anti-inflammatoire. Et j’ai essayé de solliciter un minimum la jambe entre hier soir et ce matin en faisant le moins de pas possible.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui à quarante-huit heures de Paris ?
Je me suis réveillé avec une douleur toujours présente mais moins vive qu’hier matin. Une déchirure musculaire nécessite pas mal de repos, dans mon cas ça reste minime. Mais pour faire du vélo à haut niveau c’est handicapant. Je n’en suis pas sorti, j’ai encore mal, mais les sensations sont meilleures. J’espère que l’échappée partira de bonne heure aujourd’hui car l’étape, avec les conditions, ne s’annonce pas évidente. J’ai ajouté une séance de home-trainer à mon programme matinal, une demi-heure avant le départ. Ce n’est pas une énorme séance, il s’agit de chauffer un peu le muscle. Ça ne peut qu’aider à ne pas ressentir une douleur trop vive dès le départ.

En dépit de vos ennuis physiques, vous avez gagné des places dans les Pyrénées pour en sortir 16ème au classement général avant le contre-la-montre de Périgueux. Comment allez-vous préparer cet exercice final ?
Je pense qu’il y aura moyen de le reconnaître en voiture si j’embarque derrière le premier coureur de l’équipe à s’élancer (NDLR : son frère Romain Feillu, 151ème du classement général). Peut-être qu’on fera ça, maintenant le reconnaître, je ne joue pas non plus la victoire d’étape. Bien sûr, je regarde qui sont les coureurs qui me talonnent au classement général pour préserver mon rang. Quant au braquet que j’utiliserai, j’aurai des plateaux de 54 et 44 dents pour une cassette 11/23.

Propos recueillis à Maubourguet le 25 juillet 2014.