Tous les deux jours, Maxime Bouet revient sur son Tour de France. Aujourd’hui, il livre ses impressions sur la journée de repos et l’importance de retrouver sa famille avant une dernière semaine qui s’annonce extrêmement difficile. Il revient également sur la confiance maintenue de son équipe envers Roche. Il évoque enfin la gestion des aléas de la météo et les performances de Thomas Voeckler. Immersion en plein coeur du peloton du 98ème Tour de France.

Maxime, cela fait vraiment du bien de revoir votre famille …

Oui, surtout quand on ne l’a pas vu pendant trois semaines, cela fait forcément très plaisir. Cela remotive aussi, après, je me dis qu’il reste trois étapes si on enlève l’Alpe d’Huez qui est une étape très courte et qui devrait passer rapidement et le chrono de Grenoble. Voir ma famille cette semaine m’avait forcé à vite passer la deuxième semaine. Là, ça va aller, il y a les Champs-Elysées au bout.

Cela ne coupe pas le rythme une journée de repos comme celle-là ?
Cela coupe le rythme comme l’étape de dimanche a également coupé le rythme par rapport aux Pyrénées. Parfois, c’est un peu difficile pour certains le lendemain d’une journée de repos mais vers Gap, ça devrait passer. Une étape en faux-plat montant comme celle-là, c’est plus facile pour reprendre, le peloton est plus compact. Par contre, une étape dans le massif central le lendemain d’une journée de repos, là, c’est vraiment très dur.

Comment envisagez-vous cette 16ème étape ?
Le Col de Manse est très large, il ne devrait pas faire de grosses différences. Un coureur qui place une grosse attaque juste avant le sommet et qui réalise une bascule impressionnante devrait pouvoir faire la différence. Mais je pense que les sprinteurs peuvent passer s’ils s’accrochent. Si ça ne monte pas trop vite, ça peut être bon pour eux.

Quelle était la sortie prévue pendant la journée de repos ?
On a fait 1h30, 1h45. C’était sympa car on a roulé sur des routes où j’étais échappé il y a deux ans sur l’étape du Mont Ventoux. Ce sont de bons souvenirs. Cela motive également pour la suite de se rappeler des moments comme ça. Je me dis, pourquoi ne pas essayer mardi et mercredi.

Jeudi et Vendredi, les étapes sont promises aux Leaders ?
Je pense que les grosses équipes vont cadenasser la course. Beaucoup de Leaders n’ont pas gagné d’étapes. Leopard-Trek, Saxo Bank-SunGard, nous. Or il faudrait gagner au moins une étape. J’ai l’impression que cette année il y a moins de possibilités que d’habitude alors il faut vraiment arriver à prendre le bon coup vers Gap et Pinerolo.

Après les Pyrénées, y-a-t-il eu une redistribution des rôles entre Jean-Christophe Péraud et Nicolas Roche ?   
je ne pense pas, je pense que l’on va continuer comme on le faisait jusqu’à présent. On a une totale confiance en nos Leaders, Nicolas Roche a juste eu une journée sans. Et puis il y a eu cette chute sur le Dauphiné alors qu’il était parti pour faire un très bon résultat. Cette chute l’a sûrement un peu ralenti par rapport au nombre de jours de course notamment. Mais tous les coureurs ont des jours sans. Il était bien sur les autres arrivées en bosse, on a confiance en lui. Il a vraiment envie de faire de grandes choses sur cette dernière semaine.

Est-ce que sur une journée de repos comme celle-là, vous essayez de faire de la montagne ?
Ce sont les directeurs sportifs qui font le parcours et je pense que oui, car aujourd’hui par exemple, on avait deux belles bosses dont une dès le départ qui faisait environ 4-5 kilomètres.

Avez-vous roulé sur votre vélo de chrono en vue de samedi ?
Ce matin, je me suis justement demandé si certains Leaders n’allaient pas le faire, histoire de se faire une petite piqure de rappel avant samedi. Mais apparemment non. Chez nous en tout cas, nous avons tous roulé sur notre vélo classique.

Le public vient vous encourager ou des coureurs amateurs viennent rouler avec vous ?
Il y avait 5-6 personnes qui sont venues rouler avec nous, oui. J’avais notamment un ami qui était là pour rouler avec moi. Et puis c’était sympa d’avoir du monde à l’hôtel, c’est toujours sympa. Surtout que nous étions dans un hôtel situé dans un super cadre.

Comment vivez-vous l’annonce de conditions météo difficiles sur les Alpes ?
Il ne faut pas y penser. Il ne faut justement pas qu’un journaliste nous pose la question ! (il rit.) A vrai dire, ce serait surtout embêtant dans les descentes avec le froid. J’espère qu’il y aura du monde pour nous donner des journaux ! J’avais déjà vécu de telles conditions sur Paris-Nice avec des étapes raccourcies. Le problème c’est surtout pour les spectateurs qui pour certains sont sur place depuis quelques jours, il faut être courageux.

La question du moment : jusqu’où pensez-vous que Thomas Voeckler puisse aller ?
Voeckler, je le vois presque dans les cinq premiers. L’énigme reste le chrono de samedi. S’il a encore le maillot jaune sur les épaules samedi, il fera un super chrono, c’est certain. Je le vois perdre du temps par rapport à Contador et Evans mais à mon avis il ne perdra pas beaucoup de temps par rapport aux Schleck. Je pense que Thomas Voeckler est capable de garder le maillot jaune au sommet du Galibier mais à l’Alpe d’Huez, sur une montée sèche, ce sera beaucoup plus difficile.

Contador, vous en faites encore votre favori ?
Il est en train de se faire enterrer par tout le monde, il est critiqué de partout. Moi je pense qu’il peut arriver à reprendre une minute au Galibier, une minute à l’Alpe d’Huez et mettre tout le monde samedi à Grenoble. Comme ça, Saxo Bank-SunGard n’aura pas mis un seul coup de pédale, si cela se passe comme ça, on ne pourra dire qu’une chose, c’est qu’ils auront joué le coup à la perfection. Après, ils sont capables de mener un train et de faire exploser le peloton au pied du Galibier ou de l’Alpe d’Huez, ils ont des garçons pour ça avec Navarro et Hernandez par exemple. Contador reste mon favoris.

Propos recueillis le 18 juillet 2011.