Au sortir de deux étapes mouvementées, un premier état des lieux des forces en présence sur cette Vuelta pouvait être fait. Il ne s’agit pas de tirer le bilan de cinq jours de course, mais plutôt d’identifier les bénéficiaires et les perdants du début de Tour d’Espagne. La première conclusion que l’on peut tirer, la première surprise aussi, est incontestablement la méforme d’Igor Anton (Euskaltel-Euskadi). Cité dans les grands favoris de l’épreuve, le Basque n’a jamais été dans le tempo. Trois minutes et dix secondes de retard déjà sur la tête de la course, c’est trop pour espérer remporter le Tour d’Espagne. Un podium peut encore être envisageable s’il retrouve ses jambes du Monte Zoncolan. Parmi les autres coureurs ayant connu un début de course difficile, on peut citer, dans une moindre mesure qu’Igor Anton, Denis Menchov  (Geox-TMC) et Daniel Martin (Garmin-Cervélo). Le premier accuse déjà près de trois minutes de retard, tandis que le second a été inexistant hier à Valdepenas de Jaen sur une arrivée qui lui convenait pourtant à merveille.

Du côté des hommes en forme, Joaquim Rodriguez (Team Katusha) et Vicenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) semblent les plus fringants. Mais les écarts avec Michele Scarponi (Lampre-ISD) ou Bradely Wiggins (Team Sky) restent resserrés et il serait précipité de tirer des conclusions. Toutefois, l’attaque de Vicenzo Nibali vers la Sierra Nevada ainsi que sa volonté à suivre Purito hier à Valdepenas prouve que l’Italien est en confiance en terre Ibérique et qu’il ne compte pas lâcher son titre. En perdant onze secondes hier sur Rodriguez, Nibali a été touché dans son orgueil. Il lui fallait remettre les pendules à l’heure. Montrer que le favori numéro un sur ce Tour d’Espagne, c’était lui.

Et, à la surprise générale, il a exploité cette sixième étape pour frapper. Un coup qui ne met pas Knock-Out, mais qui relance la bagarre. Un round partout. Suffisant pour reprendre l’ascendant psychologique sur ses rivaux. Ce soir, à Corduba, Nibali est remonté à la troisième place du classement général, devant Joaquim Rodriguez et à seize secondes de Sylvain Chavanel (Quick Step), toujours Maillot Rouge de ce Tour d’Espagne. En plus, si Rodriguez a pu compter sur un Daniel Moreno (Team Katusha) époustouflant ces deux derniers jours, c’est une performance collective de la Liquigas-Cannondale qui est à l’origine de ce coup de maître, une équipe pourtant régulièrement décriée pour ses carences tactiques.

Vicenzo Nibali passe à l’offensive dans la descente de l’Alto de San Jeronimo et surprend ses adversaires.

Aujourd’hui, cette sixième étape entre Ubeba et Corduba (193,8 km) suivait le Guadalquivir, cinquième fleuve espagnol par son kilométrage. Pour autant, le déroulement de la course ne fut pas un long fleuve tranquille, loin s’en faut. Il a fallu attendre le soixantième kilomètre pour voir une échappée émerger en tête de la course. Quatre hommes sont en tête : Martin Kohler (BMC Racing Team), Yukihiro Doi (Skil-Shimano), Aleksejs Saramotins (Cofidis) et Adrian Palomares (Andalucia-Caja Granada). Malheureusement pour ce quatuor, le peloton ne leur laisse que huit minutes d’avance à cent bornes de l’arrivée. Puis la poursuite commence sous l’impulsion de la Quick Step et de la Leopard-Trek. Au pied de l’Alto de San Jeronimo, à 25 kilomètres de l’arrivée, les échappés sont repris.

Dans cette ascension aux pentes qui frôlent les quatorze pourcents par endroits le peloton s’étire et se craquelle. Au sommet, que David Moncoutié (Cofidis) franchit en tête, une cinquantaine d’hommes composent le premier groupe. C’est dans la descente que la course prend un tournant. Vicenzo Nibali, bien aidé par ses équipiers Peter Sagan, Valerio Agnoli et Eros Capecchi ainsi que Pablo Lastras (Movistar Team) font un écart avec le reste du peloton. Il reste alors moins de huit kilomètres et l’avance pour le groupe Nibali flirte avec les dix secondes. La victoire d’étape se joue entre les cinq hommes et Peter Sagan saisit cette occasion en or pour s’adjuger son premier succès sur un Grand Tour. Il y en aura d’autres, c’est certain. Un groupe avec Joaquim Rodriguez, Sylvain Chavanel et Michele Scarponi termine avec  17 secondes de retard, tandis que les autres favoris concèdent 23 secondes à Nibali.  Cela promet du spectacle pour les jours à venir.

Demain vendredi, la septième étape est entièrement plate entre Almaden et Talavera de la Reina (182,9 km).

Classement 6ème étape :

1. Peter Sagan (SLV, Liquigas-Cannondale) les 193,8 km en 4h38’22 »
2. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) m.t.
3. Valerio Agnoli (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
5. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 3 sec.
6. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 17 sec.
7. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Marzio Bruseghin (ITA, Movistar Team) m.t.
9. David Moncoutie (FRA, Cofidis) m.t.
10. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) m.t.

Classement général :

1. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) en 22h41’13 »
2. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 15 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 16 sec.
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 23 sec.
5. Jakob Fuglsang (DAN, Team Leopard-Trek) à 25 sec.
6. Fredrik Kessiakoff (SUE, Astana) à 41 sec.
7. Maxime Monfort (BEL, Team Leopard-Trek) à 44 sec.
8. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 49 sec.
9. Sergio Pardilla (ESP, Movistar Team) m.t.
10. Marzio Bruseghin (ITA, Movistar Team) à 52 sec.