Les courses préliminaires à celle tant attendue demain ne reflètent pas toujours très bien ce à quoi il faudra s’attendre au Championnat du Monde des professionnels. Et pourtant, il est une constante qui se répète d’une épreuve à l’autre. On annonçait le circuit de Florence franchement difficile, il l’est, mais ce sont ceux qui savent se découvrir à l’instant T, soit dans le dernier tour, qui ont jusqu’à présent recueilli les lauriers. A l’exception peut-être d’Amalie Dideriksen, la jeune Danoise sacrée championne du monde Juniors hier au bout d’une longue échappée, tous ont construit leur victoire dans le tour final : l’Espoir Matej Mohoric en faisant la différence dans le Fiesole (4,4 km à 5,2 %), le Junior Mathieu Van Der Poel en portant son effort dans le Via Salviati (600 mètres à 10,2 %). Il en sera de même cet après-midi avec la course des filles.

Les dames n’ont pas pour habitude de se découvrir prématurément. Souvent, celles qui s’exécutent de bonne heure ne sont là que pour se faire un peu de publicité. Or celles qui s’y collent dans la partie initiale de ce Championnat du Monde, une section en ligne de 57,2 kilomètres permettant de relier Montecatini Terme à Florence, resteront sans réussite. Toutes les filles engagées dans ce Mondial italien entrent ensemble sur le circuit de Florence (16,6 kilomètres), qu’il leur faudra boucler cinq fois avant de savoir qui sera la nouvelle championne du monde. Là, ce ne sont pas les tentatives qui vont manquer, mais aucune n’aboutit et le peloton se reforme inexorablement, tant que les meilleures mondiales ne sont pas passées à l’offensive. Cela ne saurait tarder. Le mouvement interviendra à deux tours de la fin.

La longue montée du Fiesole établit une première sélection de poids en propulsant huit femmes devant. La tenante du titre et grandissime favorite Marianne Vos (Pays-Bas) est accompagnée par sa compatriote Anna Van Der Breggen, mais ce sont les Italiennes avec Tatiana Guderzo, Elisa Longo-Borghini et Rossella Ratto, qui sont en surnombre dans ce groupe que complètent la Suédoise Emma Johansson, l’Autralienne Tiffany Cromwell et l’Américaine Evelyn Stevens. Cette fois le groupe des favorites s’est clairement constitué, et il apparaît évident que la championne du monde se trouve parmi les huit filles qui s’attaquent à la boucle finale. On s’observa beaucoup dans la montée du Fiesole, ce qui permettra le rapprochement de quelques poursuivantes, et les quelques assauts sont aussitôt réprimandés par Marianne Vos, tenante du titre mondial.

Or si Marianne Vos a couru en défense jusque-là, c’est bien sur le terrain de l’attaque qu’elle s’exprime le mieux. Pour ce faire, il ne lui reste plus que l’escalade du raidard de Via Salviati, dont l’emplacement à 5 kilomètres de l’arrivée a valeur de tremplin à qui veut revêtir le maillot arc-en-ciel. Marianne Vos a réservé son unique estocade pour cette occasion. Lorsque la pente se dresse, la Néerlandaise sort des roues pour se lancer dans un sprint digne de ceux qu’elle a l’habitude de mener dans la rude ascension du Mur de Huy, elle qui possède cinq Flèches Wallonnes à son palmarès. Mais ici la ligne d’arrivée n’est pas dessinée au sommet de la bosse. Passé ce point, il faut tenir encore 5 kilomètres à profil descendant jusqu’à la ligne d’arrivée. Marianne Vos ne doit plus relâcher son effort.

Derrière la Hollandaise partie quérir le titre, deux filles insistent pour boucher le trou dans les rues de Florence, mais ni la Suédoise Emma Johansson, qui finira 2ème, ni l’Italienne Rossella Ratto, qui prendra la 3ème place, n’ont suffisamment de ressources pour rentrer sur Marianne Vos. Dans le dernier kilomètre, la Néerlandaise peut se retourner et admirer sa performance. Une fois encore, elle a laissé ses adversaires derrière elle, et la voilà de nouveau titrée, elle qui avait déjà remporté deux Championnats du Monde à Salzbourg en 2006 et Valkenburg en 2012, collectionnant entre les deux cinq médailles d’argent à Stuttgart, Varèse, Mendrisio, Melbourne et Copenhague ! Toutes disciplines confondues, route, piste et cyclo-cross, Marianne Vos arrive ce soir à onze titres mondiaux. Du jamais vu chez les filles !

Classement :

1. Marianne Vos (PBS, Pays-Bas) les 139,7 km en 3h44’00 » (37,4 km/h)
2. Emma Johansson (SUE, Suède) à 15 sec.
3. Rossella Ratto (ITA, Italie) m.t.
4. Anna Van Der Breggen (PBS, Pays-Bas) à 33 sec.
5. Evelyn Stevens (USA, Etats-Unis) à 46 sec.
6. Linda Villumsen (NZL, Nouvelle-Zélande) à 50 sec.
7. Tatiana Guderzo (ITA, Italie) à 52 sec.
8. Elisa Longo Borghini (ITA, Italie) m.t.
9. Tiffany Cromwell (AUS, Australie) à 1’40 »
10. Tatiana Antoshina (RUS, Russie) m.t.