Toute la semaine, Vélo 101 décrypte les enjeux de la 113ème édition de Paris-Roubaix.

Ils sont au nombre de vingt-sept, sont longs de 700 à 3700 mètres et sont redoutés par une large partie du peloton. Eux, ce sont évidemment les secteurs pavés de Paris-Roubaix représentant 52,7 kilomètres sur les 253,5 du tracé. Plus que de simples difficultés placées sur le parcours, ils donnent à l’Enfer du Nord toute son identité. Alors que certains monuments tentent tant bien que mal de renouveler leurs parcours pour les rendre plus séduisants, Paris-Roubaix reste imprégné de traditions. D’une année sur l’autre, le tracé n’évolue qu’à la marge sans que son identité ne soit bouleversée. L’édition 2015, la 113ème de l’histoire, ne déroge pas à la règle et verse encore une fois dans le classicisme. De ce fait, les exploits du présent, qui ne devraient pas manquer dimanche, sont encore comparables à ceux du passé.

Gilbert Duclos-Lassalle a rallié le vélodrome en vainqueur par deux fois en 1992 et 1993 après plus d’une décennie passée à occuper les places d’honneur. Ce parcours, il le connaît comme sa poche et il pointe trois endroits stratégiques. « L’entrée du premier secteur à Troisvilles est un peu compliquée, nous explique le Béarnais. Il y a beaucoup de nervosité, tout le monde veut entrer dans les vingt premiers. Les favoris doivent y être. On dit souvent que Paris-Roubaix est une course qui se gagne à l’expérience. Ceux qui veulent gagner à Roubaix doivent avoir reconnu l’approche de Troisvilles pour y être bien placés. » Situé après 98,5 kilomètres, ce premier secteur marque le début des choses sérieuses, mais ce n’est que 60 bornes plus loin que la course s’emballe réellement.

Même si son influence sur la fin de course est limitée, la Trouée d’Arenberg n’en reste pas moins un secteur décisif de Paris-Roubaix, mais aussi son emblème. Lorsque les coureurs chevauchent la voie de chemin de fer qui précède l’entrée de cette longue voie rectiligne de 2400 mètres d’ordinaire interdite à la circulation, ils savent qu’ils ont rendez-vous avec l’un des plus grands mythes du cyclisme. Si la Trouée est unanimement considérée comme le secteur le plus difficile de l’Enfer du Nord, c’est que le pavé disjoint resté humide à l’ombre de la végétation dense du parc naturel de l’Escaut regorge de pièges. Sa difficulté est encore accentuée par un léger faux-plat montant qui ferait presque croire que le bout du tunnel est inaccessible.

« À Arenberg, on ne gagne pas Paris-Roubaix, mais on ne le perd pas non plus puisque j’y ai chuté en 1993, rappelle Gilbert Duclos-Lassalle. En revanche, on sait si on jouera le final ou non. Si l’on en sort en s’étant mis dans le rouge, on le paye cash sur les secteurs qui suivent et où l’explication se fait entre costauds. » Car à la sortie d’Arenberg, il reste plus de 90 bornes et la bagatelle de dix-huit secteurs soit 30,6 kilomètres de pavés. « Si les favoris sortent de Wallers assez facilement ce sont des secteurs comme ceux d’Orchies ou de Mons-en-Pévèle qui feront la différence derrière. En revanche, s’il y a une temporisation, on s’expliquera à une trentaine de kilomètres du vélodrome », prédit le double vainqueur de l’épreuve.

C’est à ce titre que le Carrefour de l’Arbre peut s’avérer décisif. Situé à 16,5 kilomètres de l’arrivée, le secteur sert souvent de lieu d’ultime bataille entre favoris pour la gagne. « Il peut permettre à certains favoris de s’en aller et de s’imposer à Roubaix, mais aussi de mettre la pression sur certains qui sont encore là et que l’on n’arrive pas distancer, analyse le Béarnais. C’est là où certains peuvent aller à la faute. Rappelez-vous en 2009 par exemple quand Juan-Antonio Flecha et Thor Hushovd tombent parce que Tom Boonen les avait provoqués. Lui avait ensuite gagné seul. » En arrivant devant le restaurant de l’Arbre, les coureurs vireront à droite puis à gauche pour se frotter au secteur de Gruson, prolongement de l’ultime point clé du parcours. 13,4 kilomètres resteront à parcourir pour livrer l’identité du vainqueur.

Les 27 secteurs pavés de Paris-Roubaix :

• 27. Troisvilles à Inchy (km 98,5-2200 mètres) 3 étoiles
• 26. Vieslyà Quiévy (km 105-1800 mètres) 3 étoiles
• 25. Quievy à Saint-Python (km 108-3700 mètres) 4 étoiles
• 24. Saint-Python (km 112,5-1500 mètres) 2 étoiles
• 23. Vertain à Saint-Martin-sur-Ecaillon (km 120,5-2300 mètres)  3 étoiles
• 22. Verchain-Maugré à Quérénaing (km 130-1600 mètres) 3 étoiles
• 21. Quérénaing à Maing (km 133,5-2500 mètres)  3 étoiles
• 20. Maing à Monchaux-sur-Ecaillon (km 136,5-1600 mètres) 3 étoiles
• 19. Haveluy à Wallers (km 149,5-2500 mètres) 4 étoiles
• 18. Trouée d’Arenberg (km 158-2400 mètres) 5 étoiles
• 17. Wallers à Hélesmes (km 164-1600 mètres) 3 étoiles
• 16. Hornaing à Wandignies (km 170,5-3700 mètres) 4 étoiles
• 15. Warlaing à Brillon (km 178-2400 mètres) 3 étoiles
• 14. Tilloy à Sars-et-Rosières (km 181,5-2400 mètres) 4 étoiles
• 13. Beuvry-la-Forêt à Orchies (km 188-1400 mètres) 3 étoiles
• 12. Orchies (km 193-1700 mètres) 3 étoiles
• 11. Auchy-lez-Orchies à Bersée (km 199-2700 mètres) 4 étoiles
• 10. Mons-en-Pévèle (km 204,5-3000 mètres) 5 étoiles
• 9. Mérignies à Avelin (km 210,5-700 mètres) 2 étoiles
• 8. Pont-Thibaut à Ennevelin (km 214-1400 mètres) 3 étoiles
• 7. Templeuve-Moulin de Vertain (km 220-500 mètres) 2 étoiles
• 6. Cysoing à Bourghelles (km 226,5-1300 mètres) 3 étoiles
• 6 bis. Bourghelles à Wannehain (km 229,5-1100 mètres) 3 étoiles
• 5. Camphin-en-Pévèle (km 233,5-1800 mètres) 4 étoiles
• 4. Carrefour de l’Arbre (km 236,5-2100 mètres) 5 étoiles
• 3. Gruson (km 238,5-1100 mètres) 2 étoiles
• 2. Willems à Hem (km 245,5-1400 mètres) 2 étoiles
• 1. Roubaix (km 252-300 mètres) 1 étoile