Larry Warbasse (Aqua Blue Sport) a remporté en solitaire la quatrième étape du Tour de Suisse hier en résistant au retour des principaux favoris. Echappé depuis le début de l’étape, il a abordé la montée finale avec près de quatre minutes d’avance sur le peloton. Ses compagnons d’échappée ayant craqué et s’étant fait reprendre, il aura été le dernier du quatuor de tête à résister pour conserver 40 secondes d’avance sur Damiano Caruso (BMC Racing Team), qui règle le groupe des favoris. Nous allons vous expliquer et détailler comment les directeurs sportifs et coureurs savent presque à coup sûr si l’échappée ira au bout ou non.

La montée finale vers Villars-sur-Ollon est très irrégulière et offre 10,4 kilomètres de montée pour 816 mètres de D+ soit une pente moyenne de 7,8 % ! Au pied, nos quatre hommes possèdent encore quatre minutes d’avance sur le peloton dans lequel les favoris sont encore derrière leurs coéquipiers qui roulent tambour battant. Il faut savoir que cette montée va constituer un effort d’environ trente minutes, voire moins pour les meilleurs. Concrètement, si les favoris veulent l’étape, il leur faut reprendre 23 secondes au kilomètre. Sur le papier, c’est tout à fait réalisable. C’est pourquoi, dans les voitures et au travers des oreillettes, les coureurs sont informés que la victoire est jouable.

Maintenant, les échappés ont presque 130 kilomètres en tête dans les jambes et donc ne seront pas capables de monter aussi vite que les favoris. Nous savons que généralement les meilleurs vont produire un effort de 30 minutes aux alentours des 5,9 W/kg voire 6,1 W/kg. Devant, avec la fatigue, il sera difficile de tenir 5,5 W/kg, ils seront plus vers 5,3 W/kg. Avec ces chiffres et quelques calculs, nous pouvons prévoir si l’échappée ira au bout ou non.

Pour cette quatrième étape, nous avons :

• Steven Kruijswijk qui a réalisé la montée en 28’30 » à 394 W soit 5,97 W/kg
• Marc Soler qui a réalisé la montée en 28’49 » à 399 W soit 5,86 W/kg
• Mikel Nieve qui a réalisé la montée en 29’10 » à 344 W soit 5,54 W/kg
• Larry Warbasse qui a réalisé la montée en 31’50 » à 355 W soit 5,29 W/kg

Mais ce dernier a tenu bon, il conserve 40 secondes sur la ligne. Pour la victoire d’étape, cela ne s’est joué à rien, Steven Kruijswijk a monté à 21,05 km/h de moyenne, avec seulement 0,5 km/h de plus il serait revenu sur l’Américain. En Watts, la différence est encore plus minime avec seulement une hausse de 0,2 W/kg !

Ainsi, vous comprenez mieux pourquoi les équipes régulent l’allure de manière optimale en sachant que généralement les rythmes en montée sont similaires quelles que soient les étapes. Attention de ne pas mal interpréter ces chiffres, certes 0,2 W/kg en plus n’est pas un effort énorme, mais quand vous êtes au seuil, les quelques Watts qui font la différence sont les plus durs à aller chercher ! Bien sûr, certains coureurs sont capables de tenir un rythme plus élevé et suffisamment longtemps et ainsi déjouer ces calculs et remporter la victoire. La preuve hier. C’est ce qui donne du charme à ces audacieux qui tentent et sont finalement récompensés ! – Stéphane Cognet