De l’héritage de Jean-Yves Perron, l’organisateur qui donna ses lettres de noblesse au Grand Prix Ouest-France (et fut emporté par la maladie au début de l’année 2000, juste avant de voir aboutir son projet d’organiser les Championnats du Monde sur le circuit de Plouay), il ne reste plus grand-chose. Inscrite au WorldTour depuis dix ans, la classique bretonne a cherché à évoluer par tous les moyens, rallongeant par deux fois son circuit jusqu’à en dénaturer l’épreuve qui présentait naguère tout le charme des grands critériums, les combines en moins. Mais dans l’univers professionnel, il faut croire que les courses en circuit n’ont plus vraiment leur place. Et tant pis pour les deux à trois centaines de milliers de spectateurs qui se pressaient autrefois aux abords du circuit morbihannais, qui ont fini par en déserter les bas-côtés.

Avec cette édition 2015 du Grand Prix Ouest-France, une page s’est tournée. Pour la dernière fois, la classique de l’Ouest aura consisté en huit tours de 26,9 kilomètres plus un tour du circuit mondial de 13,9 kilomètres. Dès l’an prochain, l’épreuve adoptera une formule inédite. Elle deviendra une course en ligne à travers le Morbihan, s’arrachant définitivement de ses racines.

Quelles que soient les formules retenues au cours des dix années passées, Plouay se résume finalement toujours aux dernières minutes de course. Tout ce qui précède l’ultime montée de Ty Marrec (1500 mètres à 5,5 %) et les 4 kilomètres séparant son sommet de la ligne d’arrivée à l’entrée du bourg breton n’est qu’anecdotique. Ainsi oubliera-t-on l’échappée matinale de Frederik Backaert (Wanty-Groupe Gobert), Fumiyuki Beppu (Trek Factory Racing), Anthony Delaplace (Bretagne-Séché Environnement), Quentin Jaurégui (Ag2r La Mondiale) et Alexandre Pichot (Team Europcar), annihilée à 45 kilomètres du but.

Reléguée aussi au rang de petite histoire l’échappée lancée à 35 kilomètres de l’arrivée par Matteo Bono (Lampre-Merida), Simon Clarke (Orica-GreenEdge), Silvan Dillier (BMC Racing Team), Alexey Lutsenko (Astana), Michael Rogers (Tinkoff-Saxo) et Tim Wellens (Lotto-Soudal). Un groupe réduit au tandem Dillier-Lutsenko dans la côte du Lézot à l’entame de la boucle finale, lesquels auront eu le mérite d’atteindre l’ultime montée de Ty Marrec sous l’œil du peloton, avant de s’en remettre à la loi des équipes de sprinteurs, qui ont depuis longtemps fait de Plouay leur chasse gardée. Cette fois aucun puncheur, pas même Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) encore d’attaque sur le haut de Ty Marrec, n’aura eu la force de faire plier les sprinteurs qui s’accrochent au sein d’un peloton d’une cinquantaine d’unités.

Et c’est un tapis rouge qu’on déroule sous les roues d’Alexander Kristoff (Team Katusha). Le sprinteur norvégien, qui prépare activement les Championnats du Monde – dans quatre semaines – a su préserver ses forces pour le rush final, que lui lance à la perfection Jacopo Guarnieri. Personne ne remontera le coureur le plus victorieux de l’année, qui obtient à Plouay sa vingtième victoire de l’année, devant Simone Ponzi (Southeast) et Ramunas Navardauskas (Cannondale-Garmin).

Classement :

1. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) les 229,1 km en 5h31’32 » (41,5 km/h)
2. Simone Ponzi (ITA, Southeast) m.t.
3. Ramunas Navardauskas (LIT, Cannondale-Garmin) m.t.
4. Grega Bole (SLO, CCC Sprandi Polkowice) m.t.
5. Jurgen Roelandts (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
6. Anthony Roux (FRA, FDJ) m.t.
7. Armindo Fonseca (FRA, Bretagne-Séché Environnement) m.t.
8. Wouter Poels (PBS, Team Sky) m.t.
9. Rasmus Guldhammer (DAN, Cult Energy) m.t.
10. Magnus-Cort Nielsen (DAN, Orica-GreenEdge) m.t.