Jusqu’à dimanche, Vélo 101 pose les enjeux en quatre thèmes de la 106ème édition de Milan-San Remo, premier monument du calendrier.

Lorsqu’ils débouleront du Poggio, la colline qui surplombe la cité côtière de San Remo, pour transiter le nez dans le guidon le long de la fontaine dello Zampillo, ceux qui seront venus à bout dimanche de la classicissima s’engageront alors dans les 500 derniers mètres rectilignes de la classique la plus longue du calendrier : 293 kilomètres (plus 9 neutralisés pour sortir de Milan) ! Avec l’espoir d’inscrire leur nom au palmarès de Milan-San Remo, de retour dans trois jours sur la célébrissime Via Roma, théâtre des conclusions les plus mythiques de la classique italienne.

La première classique de printemps ne s’y est pas toujours conclue, mais cette grande artère du centre de San Remo s’est imposée comme l’arrivée historique de l’épreuve, dont elle a vu défiler les lauréats entre 1949 et 1985, puis 1994 et 2007. Ce sont des travaux sur la voie puis des querelles avec les commerçants – à l’époque où l’épreuve se tenait le samedi – qui avaient rejeté l’arrivée de Milan-San Remo sur le front de mer depuis 2008. Un affront que les Italiens se sont attachés à réparer pour renouer ce dimanche avec la chaussée la plus fameuse de l’histoire de la classique. Une ligne droite qui ne laisse aucun coureur indifférent, au bout de laquelle un seul des 200 coureurs engagés sur la 106ème édition s’est imposé, Filippo Pozzato en 2006.

« On sait que le retour sur la Via Roma va tout changer, mais ce que ça va changer, ça personne ne le sait. » Fabian Cancellara (Trek Factory Racing), que les sept arrivées sur le Lungomare Calvino ont permis d’accéder cinq fois sur le podium de la Primavera – 1er en 2008, 2ème en 2011, 2012 et 2014, 3ème en 2013 – sera-t-il capable d’entretenir cette performance sur la Via Roma ? Ou sera-t-il happé comme les autres par de purs sprinteurs qui ont fini par faire de Milan-San Remo leur chasse gardée. S’il n’en avait suffi que d’un dans le groupe de tête pour maintenir la classique dans le giron des finisseurs ces dernières années, c’est un sprint en comité beaucoup moins restreint auquel on peut s’attendre dimanche. D’autant plus que le changement apporté au tracé ne s’arrête pas là. Avec la suppression du Manie, emprunté depuis 2008 à une centaine de kilomètres de l’arrivée, les quelques 1600 mètres de dénivelé annoncés en quasi 300 kilomètres n’effraient plus les sprinteurs.

Les rois de la dernière borne déferleront en nombre dimanche au départ de Milan. S’ils passent sans encombre le Passo del Turchino puis les capi qui lèchent la côte ligurienne dans les 60 derniers kilomètres (Capo Mele, Capo Cervo, Capo Berta, Cipressa et Poggio), les plus rapides auront à cœur de s’exprimer sur la Via Roma. Exception faite de Marcel Kittel, le peloton rassemblera cette fois les meilleurs spécialistes du genre : Alexander Kristoff (Team Katusha) tenant du titre, Mark Cavendish (Etixx-Quick Step), André Greipel (Lotto-Soudal), Peter Sagan (Tinkoff-Saxo), John Degenkolb (Giant-Alpecin), Gerard Ciolek (MTN-Qhubeka), Juan-José Lobato (Movistar Team) et côté français Nacer Bouhanni (Cofidis) et Arnaud Démare (FDJ).

Une liste face à laquelle Peter Sagan préfère temporiser. « C’est difficile de désigner un favori, estime-t-il. Ces trois dernières années, ce sont les outsiders qui ont tiré leur épingle du jeu. Milan-San Remo, c’est une course spéciale et imprévisible du fait de nombreux paramètres tels que la longueur de la course et la stratégie. »