Un visage juvénile en pleurs sitôt la ligne d’arrivée franchie et le sacre devenu officiel. L’image contraste avec la maîtrise de vieux briscard dont le coureur de la Team DSM a fait preuve dans l’étape reine de ce Tour de l’Ain. Deuxième au classement général ce matin au départ d’Izernore, le natif de Perth fait figure d’outsider mais tout le monde attend surtout la bagarre des favoris dans le col de Menthières, juge de paix de cette étape comme du Tour de l’Ain.

Départ de la 3ème étapeDépart de la 3ème étape | ©

Pierre Latour que l’on a vu avec des fourmis dans les jambes hier est le grand favori du jour. C’est d’ailleurs ses coéquipiers de Total Énergies qui guident le peloton alors que se profile le col de Menthières. Un peloton réduit mais dans lequel se trouvent encore l’ensemble des favoris à la victoire finale ainsi que le maillot jaune, Georg Zimmermann, qui compte bien défendre chèrement sa tunique.

Le premier à prendre la poudre d’escampette est Rémy Rochas, le savoyard de l’équipe Cofidis qui pointe à la quatrième place du général. Parti plus tôt, Victor Lafay lui sert de point d’appui et les deux hommes tentent d’éloigner le peloton. Mais Rochas est trop dangereux pour que la Lotto-Soudal lui laisse une chance. L’équipe belge assure le tempo pour Harm Vanhoucke, troisième du général. Un tempo puis une cadence d’enfer alors que les pentes de Menthières se durcissent. Le groupe d’une vingtaine de coureurs subit un sérieux écrémage et ni Rudy Molard ni Pierre Latour ne parviennent à suivre le rythme des belges.

Bientôt, il ne reste que six hommes en tête, Harm Vanhoucke donc, mais également Michael Storer du Team DSM, Matteo Badilatti de Groupama-FDJ, Clément Champoussin d’AG2R Citroën, Mattias Jensen de Trek-Segafredo et Andrea Bagioli de la Deceuninck-Quick-Step.
Au sein de ce groupe, Vanhoucke impressionne et semble au-dessus de ses compagnons de route. C’était sans compter sur l’intelligence de course de Michael Storer qui profite d’un temps de flottement pour placer une attaque sèche et efficace. Le jeune australien, qui a réalisé un bon Giro, a profité d’un relâchement de Vanhoucke demandant un relai pour prendre le large à trois kilomètres du sommet.

Derrière, on se regarde et l’écart se fait. Storer bascule avec 23 secondes sur ses poursuivants et 50 sur le groupe maillot jaune. Dans une descente technique et composée d’un enchaînement d’épingles, le coureur aussie semble à l’aise et ne perd pas de temps. 

Il arrivera seul à Lélex, 43 secondes avant ses cinq poursuivants. Le temps de verser quelques larmes et de savourer son triomphe. Il remporte dans l’Ain la première course à étape de sa carrière et se pare, non seulement du maillot jaune mais également du maillot vert, du maillot à pois. Storer s’offre même le luxe de remporter le titre de super combatif de l’épreuve. Un véritable cannibale en herbe !

Michael StorerMichael Storer | ©

Réaction de Michael Storer, vainqueur du Tour de l’Ain 2021 :

«  Aujourd’hui, bien sûr je me suis senti bien. Un départ très difficile, nous avons eu une réunion avant la course pour discuter des différents scénarios possibles. C’était très dur de contrôler la course. Les gars savaient ce qu’ils avaient à faire. J’avais un coéquipier avec moi et tout s’est joué dans l’avant-dernière ascension où je me sentais bien. C’était le moment pour attaquer.
Mon objectif était de prendre le maillot jaune. Aussi la victoire d’étape, je savais que les deux viendraient ensemble, je ne pensais qu’à ça. »


Réaction de Victor Lafay, Cofidis, Prix de la combativité Étape 3 : 

« Il y a un petit moment de flottement dans le peloton et Rémy (Rochas ndlr) me dit que c’est peut-être le moment d’en mettre un donc je suis allé devant mais on a jamais pris plus d’une minute d’avance mais c’est normal, l’étape est courte donc derrière ils voulaient aussi jouer l’étape. Au pied de Menthières je n’avais que 25 secondes d’avance, je me suis dit qu’il fallait que je fasse ma montée pour essayer de basculer pas loin et je vois Rémy qui attaque derrière donc je me dis que je vais l’attendre pour essayer de monter tous les deux. Il était dans une moins bonne forme qu’hier, c’est dommage. Du coup, il décroche au sommet. Je pense qu’il n’a pas de regret car il a essayé de faire quelque chose et il reste dans le Top 10 au général. »

Interview de Matteo Badilatti, Groupama-FDJ, 3ème du classement général : 

  • On attendait plutôt Rudy Molard au sein de la Groupama-FDJ et c’est finalement vous qui avez pris le leadership…

MB : Oui, on a eu l’idée pour être offensif avec l’équipe. C’était une reprise pour toute l’équipe après un stage en altitude pour certains et pour moi une période de repos. C’est difficile à dire comment on va être dans la course mais c’est bien et au final l’important c’est de se faire plaisir et de faire une belle course. D’être acteur.

  • Les regrets, ils sont sur l’étape d’hier ?

MB : Oui bien sûr. On était devant et on pouvait gagner. C’est un petit peu dur mais c’est normal.

 

 

 

Par Anthony Georges