Sur le papier, cette étape entre Lagnieu et Saint-Vulbas au profil accidentée semblait un terreau idéal pour une course mouvementée. Force est de constater que les organisateurs ont eu le nez creux lors de l’étude du tracé. Longue de seulement 136 kilomètres, la course du jour fut constamment animée et décousue. Se résumant dans un premier temps à une succession d’attaques et de contre-attaques, les premiers cols ont permis une élimination par l’arrière. Rapidement distancé, le vainqueur de la veille et porteur du maillot jaune Álvaro Hodeg a vite abandonné ses espoirs de conserver la précieuse tunique.

Sous l’impulsion de Rudy Molard et de Pierre Latour, les favoris se sont légèrement jaugés à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée. Pour se placer et afficher ses ambitions mais également pour tenter de déstabiliser les Lotto-Soudal, dont la forme et le surnombre faisaient craindre le pire au reste du peloton.

Dans le col de Portes, dernière difficulté de la journée, le coureur suisse de la groupama-FDJ, Matteo Badilatti, fausse compagnie aux favoris et part seul à l’avant après avoir profité du travail de son leader, Rudy Molard. Il est bientôt rejoint en tête par quatre hommes : Rémy Rochas de Cofidis. Harm Vanhoucke de Lotto-Soudal, Georg Steinhauser de l’Allemagne espoirs et Michael Storer du Team DSM.
Derrière les favoris, esseulés et avec l’étape de demain à l’esprit, se regardent et se neutralisent dans la montée. Si Deceuninck a roulé, pour tenter de ramener Andrea Bagioli, bientôt aidé par les AG2R-Citroën, rien n’y fait et les cinq fuyards passent au sommet avec 38 secondes.

L’écart se réduit dans la descente et, sur une dernière portion de course roulante, le groupe des favoris composé d’une vingtaine de coureurs, semble avoir repris la main sur la course. C’était sans compter sur la volonté et la parfaite organisation des cinq de devant qui livrent une prestation digne d’un contre-la-montre par équipe, ce qui leur permet de garder une poignée de secondes d’avance et d’envisager la victoire à Saint-Vulbas.

Un espoir qui va s’envoler en fumée sous les coups de pédales plus vifs d’un homme, l’allemand Georg Zimmermann. Sorti seul du groupe des poursuivants, il comble son retard d’une vingtaine de secondes en un temps record et règle le sprint afin de remporter sa première victoire chez les professionnels.

Celui qui s’était déjà fait remarquer en prenant la troisième place des championnats d’Allemagne en juin dernier, fait coup triple aujourd’hui. En plus de la victoire d’étape, il est désormais le leader du classement général et le porteur du maillot vert.

Tour de l'Ain : Maillot JauneTour de l’Ain : Maillot Jaune | ©

Demain, lors de l’ultime étape qui sera le juge de paix de ce Tour de l’Ain avec notamment l’ascension du col de Menthières, les favoris ne devront pas se rater, surtout si Zimmermann affiche le même coup de pédale.

Interview Sylvain Moniquet, Lotto-Soudal, porteur du maillot à pois

 

  • Quel est votre sentiment aujourd’hui? Comment vous sentez-vous ?

SM : Ça s’est bien passé. J’avais le rôle de faire une course offensive et de rouler à l’avant toute la journée et c’est ce que j’ai fait. Sans vraiment me rendre compte, j’ai pris les points au fur et à mesure en roulant à l’avant, en essayant d’aller dans les groupes et en étirant le peloton. Je pense que j’ai été récompensé de mes différents efforts dans chaque bosse et je peux être content.

  • On parle beaucoup de Lotto-Soudal comme de l’équipe la plus forte dans ce Tour de l’Ain. Vous étiez en supériorité numérique dans les différents groupes, est-ce que vous avez le sentiment d’avoir été trop surveillé et d’avoir payé cette étiquette de favori ?

SM : On a pas vraiment lésiné sur nos efforts, on a donné tout ce qu’on avait. On a roulé intelligemment, il ne fallait pas non plus en faire trop. On a roulé avec la grinta comme on dit et on avait vraiment l’envie d’être à l’avant au maximum. De toute façon, sur une étape aussi courte, en roulant à l’avant, tu vas finir dans les premières places. On a pas réfléchi et on a voulu montrer le maillot et le potentiel que l’on avait.

  • Quel est l’objectif pour demain ?

SM : Je ne sais pas du tout. Il faut que je regarde le général. Peut-être que l’on va rouler pour quelqu’un. Il faudra voir les consignes.

 

Interview Georg Steinhauser – Allemagne espoirs – Porteur du maillot blanc :

 

  • Quel est votre ressenti après cette étape ?

GS : Je me suis senti bien dès le début. J’ai peut-être laissé un peu trop d’énergie dans la première ascension mais après, lors de l’avant-dernière ascension j’ai décidé de tenter. Le groupe s’est formé et je suis heureux qu’il ait été à la hauteur. Je pense que je peux améliorer mes sprints mais je suis encore jeune.

  • Garder le maillot blanc, c’est un objectif pour demain ?

GS : Oui, non.. enfin.. on verra comment ça se passera demain. Demain sera une étape très difficile mais maintenant j’ai le maillot et je vais tout donner pour le garder. Mais ça va être très dur.

  • Votre coéquipier Alexander Tarlton s’est mis en évidence hier, vous aujourd’hui, l’Allemagne espoirs brille sur ce Tour de l’Ain.

GS : Oui, nous sommes très heureux, je pense qu’on est très bon ensemble, et je pense qu’on peut être satisfait de l’image qu’on donne de l’équipe. 

  • L’Allemagne est un pays historique du cyclisme dont vous incarnez une nouvelle génération. Votre but est-il un jour de gagner un grand Tour ?

GS : Je ne sais pas.. pour le moment je m’amuse bien sur mon vélo. On verra comment je peux m’améliorer et jusqu’où j’irai mais je suis très heureux de la saison pour le moment.

 

 

Par Anthony Georges