L’époque où la Flèche Wallonne ne se résumait qu’en une simple course de côte n’est peut-être pas tout à fait révolue, mais le final de la première des deux classiques wallonnes ne manque maintenant plus de piment. Bien que la côte de Cherave, nouvellement introduite sur le parcours l’an dernier, et à nouveau essayée sur la 3ème étape du Tour de France, n’ait pas encore servi de tremplin aux coureurs les plus audacieux pour faire le mur, elle possède au moins le mérite d’élargir le champ des possibles. Désormais, l’hypothèse d’un vainqueur sorti avant la dernière montée du mur de Huy n’est plus une lubie. Voilà pourtant treize ans que la chose ne s’est plus produite, quand Igor Astarloa s’était présenté en vainqueur au sommet du Chemin des Chapelles après 134 kilomètres d’échappée en 2003.

Même si elle n’est distante que de 5,5 kilomètres de l’arrivée, la côte de Cherave et ses 1300 mètres à 8,1 % n’a pour l’heure servi qu’à diminuer la taille du peloton avant d’attaquer les 1300 mètres les plus terribles de l’année. Il faut dire que les 2700 mètres entre le terme de la descente et le pied du mur de Huy sont défavorables aux attaquants face à un peloton même réduit. Tim Wellens (Lotto-Soudal) s’y était cassé les dents l’an dernier, malgré une avance d’une quinzaine de secondes au sommet de l’avant-dernière difficulté. L’idée d’un mur de Huy toujours décisif trône en tête des possibilités les plus probables.

De cette difficulté atypique, on dit souvent qu’elle nécessite une grande expérience et une excellente connaissance du terrain, sans compter le punch évidemment nécessaire pour arriver à bout de ces pourcentages dépassant par endroits les 20 %. Une pente diabolique que les Espagnols ont toujours domptée ces quatre dernières années, que ce soit avec Joaquim Rodriguez (Team Katusha), vainqueur en 2012 et sur le Tour 2015, Daniel Moreno (Movistar Team) en 2013, ou Alejandro Valverde (Movistar Team) ces deux dernières années, après un premier succès il y a déjà dix ans. Trois trentenaires qui font partie des favoris de cette édition bien que le premier ait chuté à l’Amstel, que le deuxième est discret depuis son retour dans la formation espagnole et que le dernier a intégré la Flèche à son programme en toute dernière minute.

Même s’ils ont pour eux l’avantage de s’être déjà imposés, il n’est pas certain que ces trois-là sortent vainqueurs du choc des générations qui les attend. Face à eux, les minots de moins de 25 ans ont déjà les dents longues, qu’il s’agisse de Tim Wellens, de Petr Vakoc (Etixx-Quick Step), de Warren Barguil (Giant-Alpecin) de Michael Matthews (Orica-GreenEdge) ou de Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step). 2ème l’an dernier, le Berrichon monte en puissance, en atteste sa 8ème place sur la Flèche Brabançonne et sa 6ème place sur l’Amstel. Un succès à Huy est possible, mais il devra également se méfier de Diego Ulissi (Lampre-Merida), Tony Gallopin (Lotto-Soudal), Jan Bakelants (Ag2r La Mondiale), Philippe Gilbert (BMC Racing Team) et Sergio Henao (Team Sky).

Les 12 côtes :

• km 67 : côte de Bellaire (1 km à 6,3 %)
• km 74 : côte de Bohissau (1,3 km à 7,6 %)
• km 87 : côte de Solières (4,3 km à 4 %)
• km 101 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)
• km 114 : côte d’Ereffe (2,1 km à 5 %)
• km 133 : côte de Bellaire (1 km à 6,3 %)
• km 140 : côte de Bohissau (2,4 km à 5,5 %)
• km 153 : côte de Solières (4,3 km à 4 %)
• km 167 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)
• km 180 : côte d’Ereffe (2,1 km à 5 %)
• km 190,5 : côte de Cherave (1,3 km à 8,1 %)
• km 196 : Mur de Huy (1,3 km à 9,6 %)

Les 10 derniers vainqueurs :

2015 : Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team)
2014 : Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team)
2013 : Daniel Moreno (ESP, Team Katusha)
2012 : Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha)
2011 : Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto)
2010 : Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team)
2009 : Davide Rebellin (ITA, Serramenti PVC Diquigiovanni-Androni Giocattoli)
2008 : Kim Kirchen (LUX, High Road)
2007 : Davide Rebellin (ITA, Gerolsteiner)
2006 : Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne-Illes Balears)