A l’occasion du dixième anniversaire de Vélo 101, le mercredi 30 juin prochain, nous avons ouvert la malle aux souvenirs et retenu dix dates, dix anecdotes, qui ont contribué à l’histoire de Vélo 101. Chaque jour, son cofondateur Philippe Lesage revient sur un instant fort des dix années écoulées.

« Mi-septembre 2000, c’est le premier carrefour stratégique de Vélo 101. Deux mois et demi après son lancement, c’était un peu… le désenchantement. D’un côté, la bulle Internet avait explosé et les « business angels », que j’étais chargé de solliciter, sont devenus très frileux. A cette époque-là, ils préféraient le business to business plutôt que le business to consumer. Notre capital de départ allait fondre rapidement compte tenu que, de l’autre côté, la Régie publicitaire que nous avions choisie butait finalement dans les grandes largeurs. Elle a travaillé sur les Tours de France 2000 et 2001. Or en deux exercices et treize mois de partenariat, elle ne nous a ramené en tout et pour tout que 11000 francs, environ 1700 euros.

Pour Christophe Sicot et moi, qui avions monté notre société, il est clair que c’était un début de désenchantement. L’audience était correcte mais malgré tout la question s’est posée. Que fait-on ? Stop ou encore ? A partir du moment où nous n’avons pas dit stop, nous avons dit encore ! Mais avec un changement d’orientation stratégique. Nous avions envisagé de louer des bureaux à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), mais nous avons renoncé. Nous avons limité les dépenses. Cet élément de prudence a été un élément important. D’autre part, nous avons fait en sorte de diversifier les recettes. Comment ? Simplement à partir de ce qu’on savait faire.

Christophe s’est concentré sur le web développement : création, refonte et réactualisation de sites. De mon côté je venais du sponsoring sportif à travers ISL. Quand j’appelais des entreprises, mon propos était donc de leur proposer ce qu’on pouvait faire. Nous avons signé comme ça quelques contrats. Ca a généré des revenus pour Vélo 101, certes extérieurs à ce qui avait été prévu au départ, mais il faut savoir rebondir.

En parallèle, j’ai continué mes activités de sponsoring en amenant des sponsors à des organisateurs d’événements, dans le domaine du cyclisme prioritairement. Cela nous a notamment permis d’amener Mavic partenaire des Championnats du Monde de VTT à Vail, au Colorado, en septembre 2001. Nous étions ainsi rémunérés à hauteur de 20 % environ par les organisateurs, ce qui nous permettait en outre d’être sur les événements et de faire du rédactionnel.

Ce carrefour stratégique a été énorme pour Vélo 101. Il nous a permis de surnager. Le premier exercice, clôturé fin juin 2001, a été déficitaire, mais finalement de manière assez limitée. Et cette diversification dans nos recettes nous a permis, tout en étant prudents sur les dépenses, de durer quand beaucoup de sites Internet qui s’étaient lancés avec des levées de fonds ont, comme on le disait souvent, confondu richesse et précipitation ! Ils ont claqué l’argent assez vite et ont explosé en vol. Ca n’a pas été notre cas et nous avons au contraire progressé tout en récupérant leur audience au passage. Ce cap a été important. Nous avons su rebondir sur la base d’un bussiness model que les banquiers, si nous avions eu affaire à eux, n’auraient pas compris. C’est ce qui nous a permis de durer et d’être encore là aujourd’hui, dix ans après. »