Depuis qu’elle existe en 2011, la Haute Route n’a cessé de monter en gamme. On parle bien sûr des progénitures qu’elle a engendrées dans les Pyrénées l’an dernier, et dans les Dolomites cette année. Mais ce constat n’échappe pas à l’originelle : celle des Alpes. Depuis quatre éditions, les organisateurs de la Haute Route n’ont de cesse d’augmenter le niveau d’exigence. Pas de raison pour qu’eux-mêmes ne se remettent pas en question ! C’est ainsi que le pack premium a lui aussi considérablement monté en gamme. Les hôtels sont plus luxueux et les heureux bénéficiaires dormiront le plus souvent dans des hôtels trois étoiles et goûteront même au luxe d’un cinq étoiles à Megève (excusez du peu !) avant un repas dînatoire au palais de la Méditerranée le jour de l’arrivée finale à Nice.

Un tel niveau de confort n’était pas de trop pour les quelque 450 participants qui ont parcouru les Alpes tout au long de la semaine dernière. De Genève à Nice, plus de 900 kilomètres et 21 000 mètres de dénivelé ont dû être avalés par ce peloton de cyclosportifs qui a commencé son périple par une sorte de prologue aux bords du lac de Genève. Jusqu’à présent dans la jeune histoire de la Haute Route, les averses avaient été rares. Mais placée au cœur d’un été franchement pourri, l’épreuve a subi la loi des éléments. Le léger vent de face retrouvé sur le contre-la-montre inaugural n’est rien comparé à ce qu’a vécu pendant la semaine le petit demi-millier de concurrents engagé. Le beau temps n’était pas de la partie, c’est le moins que l’on puisse écrire.

Le court était de sortie, mais il a dû être agrémenté de divers accessoires : gants longs, manchettes et même pantalons imperméables pour certaines étapes. Par chance, l’organisation mettait un petit sac à dos à disposition à l’arrivée dans lequel les plus prévoyants pouvaient glisser quelques affaires de rechange. Elle bichonnait aussi ses courageux avec la présence d’ostéopathes pour se retaper d’un jour sur l’autre. Les descentes dangereuses ont elles aussi été supprimées comme celles du Cormet de Roselend ou du Glandon.

Il fallait au moins ça pour traverser une semaine où les mythes se sont enchaînés sans répit. Colombière-Croix Fry-Aravis, Saisies-Cormet de Roselend-Courchevel et Madeleine-Glandon-Alpe d’Huez : voilà le terrible menu concocté pour les trois premiers jours. Trois étapes dantesques que les conditions climatiques ont rendues encore plus difficiles. De ces trois-là, c’est incontestablement la dernière qui a fait le plus de dégâts. Les conditions sont déplorables à Courchevel où la pluie est intense sur la ligne. Elle ne va pas discontinuer jusqu’à l’arrivée à l’Alpe d’Huez que le futur vainqueur habituel, Peter Pouly, ralliera 5h30 plus tard ! D’autres ne verront jamais cette ligne et on comptabilise près de 70 abandons sur cette étape où le mercure ne dépasse pas les 9 degrés avec une moyenne de 6 degrés ! Pour les autres, la montée chronométrée de l’Alpe d’Huez du lendemain a presque eu valeur de journée de repos.

Si la Haute Route fait la part belle aux mythes, elle n’en oublie pas pour autant les cols méconnus. Ceux-là seront d’ailleurs majoritaires dans la seconde partie de cette 4ème édition de la Haute Route. Comme si l’épreuve était arrivée à maturité, elle trouve le juste dosage entre mythes et découvertes. Les participants ont ainsi pu découvrir les routes calmes des cols d’Ornon, du Parquetout, du Festre et d’Espréaux lors de la 5ème étape, puis ceux du Corobin, des Lèques, de Saint-Barnabé et de Bleine avant l’inévitable col de Vence pour rallier la Promenade des Anglais le dernier jour. Entre temps, et comme pour aller plus loin encore dans le mythique, la Haute Route a fait un petit crochet par le Vaucluse pour rendre visite au Ventoux par le col des Abeilles.

Au terme de sept étapes, plusieurs constats implacables pourront être dressés. Le premier, c’est la suprématie de Peter Pouly qui domine une nouvelle fois cette Haute Route malgré la bonne tenue des hommes du team la Toussuires-Les Sybelles que l’on retrouve aux 2ème, 3ème et 4ème places. Le deuxième, c’est que le niveau continue d’augmenter. Certes, les conditions météo ont contribué à durcir encore un peu plus cette Haute Route, mais elle devient de plus en plus le lieu de rendez-vous incontournable de cyclos venus du monde entier. Aux côtés des inévitables Anglais (30% des participants et donc deux fois plus nombreux que les Français), Belges, Néerlandais, et Américains, on retrouvait des Russes, des Argentins et des Scandinaves pour un peloton cosmopolite à la découverte de nos belles Alpes. Le dernier c’est que l’épreuve continue de répondre à nos attentes et ne s’enlise pas dans le train-train. Les organisateurs pourraient se reposer sur leurs lauriers avec la notoriété qui est la leur. Il n’en est rien. Pour faire la fine bouche, on notera un léger manque au niveau du salé pour les ravitaillements néanmoins copieux et où les produits énergétiques permettaient de reprendre suffisamment de forces pour aller au bout de soi même sur cette très belle Haute Route.

Classement final Messieurs :

1. Peter Pouly (Team Singha Infinite) en 24h24’33 »
2. Florent Pellizzari (Team La Toussuire-Les Sybelles) à 30’06 »
3. Cédric Paluello (Team La Toussuire-Les Sybelles) à 34’53 »
4. William Turnes (Team La Toussuire-Les Sybelles) à 39’38 »
5. Michel Roux (Team Scott-Vélo 101-Risoul) à 1h22’32 »
6. Peter Pawlus (Col du Festre) à 1h27’53 »
7. Richard Scales (Força Nice) à 1h34’15 »
8. Paul Hamblett (Cormet de Roselend) à 1h47’04 »
9. Laurent Debaene (Ne Jetez Plus) à 1h47’29 »
10. Nicolas Raybaud (For Adventure) à 2’09’05 »

Classement final Dames :

1. Véronique Fortin (Col de Romme) en 28h20’14 »
2. Chrissie Wellington (Vamos Brats) à 1h03’04 »
3. Erica Fogg (S-Ride Aero) à 3h00’21 »
4. Amy Brice (Croix Fry) à 3h44’28 »
5. Laura Walker (La Fuga)  à 4h21’21 »