Qui n’a jamais rêvé de gravir des cols mythiques dans une ambiance proche de celle d’une course pro ? Bien sûr, on connaît tous l’Etape du Tour, qui offre chaque année à une dizaine de milliers de cyclos du monde entier la possibilité de rouler sur les routes du Tour dans des conditions proches de celles des champions. Mais il existe de l’autre côté des Alpes un événement un peu plus confidentiel – pour l’heure – que chacun devra faire au moins une fois dans sa vie tant il promet de laisser un souvenir impérissable. Son nom : la Marmotte Sestrières.

Deux mois après la grande bataille, sur ces routes, qu’y avaient donné les leaders du Giro, RCS a lancé un nouvel événement cyclosportif autour de Sestrières, avec en prime l’ascension du col du Finestre, dont les derniers kilomètres non asphaltés en font l’un des cols les plus durs d’Europe et déjà un mythe du Tour d’Italie, qui l’a emprunté trois fois depuis 2005.

La Marmotte Sestrières, c’est d’abord une organisation très professionnelle. Le rendez-vous est donné dans la station de Sestrières, où l’on reçoit son dossard avant de rejoindre la ligne de départ située 15 kilomètres plus bas, en vallée, dans la commune piémontaise de Césane, qui reçut en 2006 plusieurs disciplines des Jeux Olympiques d’hiver de Turin. Ce n’est qu’au retour à Sestrières après 112 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé que l’on recevra le sac-cadeau avec tee-shirts, barres etc., un petit plus qui évite de s’encombrer dès le départ.

A Césane, le peloton est réparti par sas pour un départ parfaitement bien organisé. 500 cyclos sont rassemblés, pour la grande majorité italiens, parmi lesquels quelques personnalités comme le sélectionneur de l’équipe d’Italie Davide Cassani. On trouve déjà beaucoup de public par rapport à la France. Il y en aura dans tous les villages pour applaudir les valeureux participants dans une ambiance très vélo. On voit que les Italiens aiment le vélo. Et ils savent le pratiquer ! Peut-être un peu mieux que certains cyclos français… Ici, ce n’est pas la foire d’empoigne pour essayer de gagner deux places. Le départ, très rapide, est aussi très propre, sans coureurs dangereux à essayer de grignoter quelques positions au risque de mettre en danger tout le monde. Tout le monde est beaucoup plus respectueux les uns envers les autres.

C’est que le programme à venir impose le respect. Après une trentaine de kilomètres en vallée se présentent les premières rampes du Finestre, qui ferait passer le Ventoux pour un enfant de chœur. C’est parti pour 18 kilomètres d’escalade et pas loin de 2000 mètres de dénivelé. Un col exigeant qui serpente d’abord sur une petite route de montagne très typique à l’abri des arbres avec passages à 10/12 % pour déboucher sur sa partie haute sur un final à 8/10 % sur une route non goudronnée sur laquelle on n’a plus du tout le même rendement. Sur la terre tassée, une strada biancha mouillée dans les virages après la pluie tombée la veille, il devient impossible de se mettre en danseuse et il faut alors redoubler de vigilance. Mais l’expérience est très agréable. Ça change complètement et ça passe sans souci en boyaux. Dans la terre, ni graviers ni pierres coupantes, on dénombrera très peu de crevaisons.

Après le bon ravitaillement du sommet, c’est le retour à une route goudronnée et la bascule par le versant opposé sur Pragelato. Nous voilà au pied de Sestrières, face sud, pour une ascension par un versant assez abordable, 7/8 km à 5/6 %. Après un premier passage sur la ligne d’arrivée, on redescend sur Césane pendant 15 kilomètres avant de remonter sur une douzaine de kilomètres par la troisième route qui mène à Sestrières !

Le tout se sera fait sur des routes fermées à la circulation et parfaitement bien gardées par les forces de l’ordre italiennes. Des conditions optimales dans une ambiance exceptionnelle et avec des infrastructures dignes d’une course pro : barrières dans le final et panneaux indicateurs de distance restant à parcourir, grandes arches, banderoles… Même les contrôles antidopage organisés à l’arrivée rapprochent la cyclo d’une course pro et permettent de décourager les tricheurs éventuels !

A l’arrivée, les classements tombent rapidement. En Italie, on n’échappera pas à la pasta-party, devant des podiums très rapides, très bien faits, avec des catégories par 5 ans d’âge, ce qui fait beaucoup plus de coureurs récompensés que sur une cyclo classique. Pas de doute, la Marmotte Sestrières a réussi son entrée au calendrier !

Classement 112 km :

1. Enciro Zen (Team Beraldo Greenpaper Biomin) en 3h40’21 »
2. Roberto Cunico (Team Beraldo Greenpaper Biomin) à 1 sec.
3. William Turnes (Team SMS La Toussuire) à 5’23 »
4. Giuseppe Piemontese (Team GP Pinarello) à 5’49 »
5. Giovine Dario (Team Oulx Trailers) à 7’30 »
6. Francesco Grillo (Team Sabbionere) à 8’40 »
7. Laurent Novero (Saint-Michel Sport Cyclo) à 10’07 »
8. Marco Provera (UC Valdossola) à 11’09 »
9. Nicolas Fine (Chamrousse Team Cycosport) à 11’18 »
10. Enrico Dogliotti (Team Edilcase) à 11’40 »

24 et 1ère Dame. Erica Magnaldi (Team De Rosa Santini) en 4h04’43 »