Anglet-La Pierre Saint-Martin, Pau-Pau par Marie-Blanque et l’Aubisque, Pau-Hautcam par le Soulor, Argelès-Gazost-Saint-Lary Soulan par le Tourmalet, Aspin et Azet… Non, ce ne sont pas en avant-première les étapes pyrénéennes de la troisième semaine du Tour 2016 mais les premières d’un périple de sept jours à travers le massif pyrénéen engagé par 415 cyclosportifs depuis samedi et jusqu’à vendredi. La Haute Route Pyrénées, troisième du nom, a sorti le grand jeu à l’attention des pratiquants du monde entier venus grimper sur une semaine les cols qui façonnent chaque année le tracé du Tour de France et qu’ils fantasment d’ordinaire depuis leur écran. Avant la Haute Route Alpes (23-30 août) et la Haute Route Dolomites Alpes Suisses (31 août-6 septembre), c’est à l’assaut des Pyrénées que s’est élancé le paquet cosmopolite.

On compte une cinquantaine de nationalités au sein de ce peloton majoritairement britannique (60 %) et dans lequel on communique avant tout en anglais, ne serait-ce que chaque soir à 18h00 pour le briefing de l’étape du lendemain. Mieux vaut maîtriser la langue de Shakespeare sur ce type d’événement, bien que le langage cycliste soit universel tant qu’on est entre passionnés.

Entre rêveurs aussi. Sept jours durant, il va donc être donné de franchir en vrai les cols mythiques des Pyrénées, ceux qu’on voit à la télé. Un moment d’émotion extraordinaire pour des cyclos venus d’Australie ou du Japon un mois après y avoir vu se battre les coureurs du Tour de France. Samedi, c’est à l’attaque du massif que se sont élancés les concurrents… d’Anglet, ça ne s’invente pas, sur la côte basque colonisée par les surfeurs. Un départ en bord de mer, une mise en jambe d’une soixantaine de kilomètres sur des routes basques plus accidentées qu’il n’y paraît, avant d’arriver dans les premiers cols (Burdincurutcheta et Bagargui), courts avec de forts pourcentages, pour escalader La Pierre Saint-Martin dans laquelle Chris Froome écrasa le Tour le 14 juillet dernier et dont on rejoindra la route du Tour encore peinturlurée sur les 5 derniers kilomètres d’ascension.

Déjà, le mythe nous rattrape dans ces cols pyrénéens taillés pour les purs grimpeurs car bien plus irréguliers que les pentes constantes des Alpes. Certes, on grimpe moins haut, mais ici les cols sont plus courts et plus raides, sur des routes plus étroites et des descentes plus techniques. On y trouve également moins de vallées que dans les Alpes. Pour un enchaînement de cols dont les amoureux de la grimpe raffolent. Les moins bons grimpeurs, eux, auront bien du mal à prendre leur rythme sur ces variations sans arrêt.

Et des cols, il y en a tous les jours à raison de 2500 à 3500 mètres de dénivelé positif. De Pau à… Pau, avec arrivée du côté du Palais Beaumont, un lieu emblématique du Tour de France, il faut gravir Marie-Blanque et l’Aubisque dans de supers paysages, sauvages, par un beau temps et avec des pourcentages difficiles. Puis vient l’étape Pau-Hautacam, presque un classique de la Grande Boucle, via le long col du Soulor et la montée finale bien connue, irrégulière, avec de gros passages.

Tous les soirs, il s’agit de récupérer des efforts fournis. En cela chacun bénéficie sur la Haute Route d’une très grosse logistique et de nombreux services inclus dans le package : douches, massage, repas adaptés aux sportifs (entrées, salades, pâtes, produits laitiers, fruits…). Ceux qui ont opté pour l’hébergement, sur lesquels des efforts de proximité avec les infrastructures de départ/arrivée ont été portés, retrouvent chaque soir leur valise à l’hôtel. L’ensemble des participants peut en outre récupérer son sac à dos avec ses rechanges aux arrivées. Pour songer déjà à l’étape du lendemain.

Et ça continue. Au quatrième jour, entre Argelès-Gazost et Saint-Lary Soulan, il s’agit de franchir le mythique col du Tourmalet par Luz-Saint-Sauveur. Une étape courte, corsée, sous une météo pourrie qui aura permis de mettre en lumière la réactivité de l’organisation. Parce que la chaussée est trempée, le brouillard important et une portion de la descente à La Mongie recouverte de bouse de vache, la sage décision est prise de neutraliser les temps dans la descente du Tourmalet jusqu’à Sainte-Marie-de-Campan. L’Aspin et sa descente sur route étroite se fera sur le sec, avant un final par le très difficile col d’Azet sous la pluie.

Afin de permettre aux organismes de souffler, la cinquième étape se fera contre la montre sur l’ascension du Pla d’Adet. 12 kilomètres et de forts pourcentages dès le départ, avec départs toutes les 20 secondes depuis la rampe de lancement dressée dans le centre de Saint-Lary Soulan. Il aura fallu garder des forces pour venir à bout de cette énième difficulté et défendre une place au classement pour l’heure archi dominé par l’Autrichien Stefan Kirchmair, ancien vainqueur de la Haute Route Dolomites.