Prenez une température de 33,5° en plein cœur de l’après-midi couplée à une cyclo de 175 kilomètres et 4530 mètres de dénivellation, ajoutez-y deux montées du Ventoux et vous avez, théoriquement, les conditions pour ne pas mettre un Flahute dehors. Détrompez-vous, un peut-être mais 3200 sûrement. On les a comptés, ils étaient tous là, et fiers d’en être. Où ça ? Au 10ème week-end organisé par Sporta dans le Ventoux, et pour la bonne cause.
On remet tout dans l’ordre, une fois, et c’est parti pour une journée que l’Alpe d’Huez (pour les Hollandais avec l’Alpe d’Huzes, le téléthon néerlandais le 6 juin) et le Ventoux (pour les Belges venus de Flandre) ne connaissent qu’une fois l’an. Dans les deux cas, il s’agit d’utiliser le sport, et le vélo, pour redonner espoir à des malades, à des non-sportifs, bref permettre de récolter des fonds pour que ceux qui vont moins bien aillent progressivement mieux.
Depuis 2005, chaque troisième week-end de juin, la colonie belge descend sur le Ventoux, le mythe pour tous les cyclistes Belges, que Sporta utilise parfaitement : on amène des sédentaires à faire du vélo pour mieux se porter, avec comme objectif ultime de monter une ou plusieurs fois le Ventoux et de réaliser ce qui (au début) paraît impossible. Depuis trois ans maintenant, les organisateurs ont apporté une touche supplémentaire avec une cyclosportive sur deux parcours : la Cannibale et la Cannibalette. Eddy Merckx a bien voulu apporter son concours et son nom à ce défi, quoi de plus normal sur des lieux où il a écrit l’histoire, son histoire, l’histoire du vélo.
6h30 samedi 21 juin, le jour le plus long de l’année, débute la cyclo parmi les plus matinales de la saison. La route est longue et le menu copieux. 175 kilomètres (disons 200 avec le retour sur Malaucène) pour la Cannibale, 131 pour la Cannibalette (3525 mètres de dénivelé), c’est parti pour une belle journée où la question du « je mets quoi? » ne se pose pas. En court pour tout le monde ou presque ! Le départ direct sur le Ventoux permet de vite monter en température et 1h15 plus tard, pour les premiers, le tapis de chronométrage est déja chaud ! Descente vers Sault, recontrôle, puis Aurel, la vallée d’Aulan, les col d’Aulan, du Perty (sous le cagnard cette fois), de Saint-Jean, avant Séderon.
Au sommet de chacun des cols, pointage, ravitaillements solides et liquides, toilettes, bref rien ne manque, pas même les ambulances, les marshalls, les médecins…, tous estampillés Flandres ! Ici toute l’organisation est importée, et autant dire qu’entendre parler francophone (ne parlons pas des Wallons sur la course) est impossible. Et ce n’est pas tout car la journée, la course n’est pas finie.
A Séderon, il ne reste plus que deux cols, trois pour ceux qui sont vraiment morts de fatigue : le col de Macuègne, le col de l’Homme mort, et après Ferrassières et Sault (où on vous conseille la visite, vu que les champs sont déja peints à la couleur lavande), il y a la seconde montée du Ventoux, avec arrivée au sommet du Géant de Provence. Un vrai beau parcours où ceux qui peuvent prétendre en avoir beaucoup sous le pied à l’arrivée sont rares. On va au bout de soi-même, sur un circuit à découvrir ou redécouvrir. En cas, il y a le parcours de 131 kilomètres qui shunte le Perty et le col Saint-Jean.

Toute l’organisation est à féliciter, les fléchages, les services, les ravitos… Tout est parfaitement organisé pour les 3000 et quelques participants. Après l’effort, le réconfort, les Belges savent s’amuser, on confirme. On fête la musique à Malaucène jusqu’à pas d’heure et la Chouffe a un peu plus de succès que le rosé du Ventoux. Les Belges ne se refont pas comme ça, même sous le coup de l’effort, de la chaleur et de l’altitude. Il s’agit d’en profiter une dernière fois, histoire de bien dormir dans les bus qui sont déja prêts à rapatrier tout ce beau monde vers le nord de l’Europe.
En conclusion, on confirmera juste qu’on comprend les coureurs pros quand ils nous disent que le public de la Flandre est des plus connaisseurs et des plus passionnés. Il faut être fou pour un tel périple, mais fou du Ventoux, ça peut se comprendre.