D’une certaine manière, il n’y avait pas deux mais trois Etapes du Tour cette année. Aux deux rendez-vous estivaux s’est greffé samedi l’Etape Barcelona-Andorra, sur les routes empruntées par le peloton du Tour de France 2009, et au bout desquelles s’était imposé Brice Feillu. Proposée par RPM Racing, en partenariat avec ASO (qui lui a octroyé le label valorisant du Tour de France), cette toute nouvelle cyclo est revenue sur les 224 kilomètres séparant la merveilleuse cité catalane de la principauté d’Andorre, via le col de Serra-Seca et la montée finale vers Arcalis. Un beau challenge à relever à une époque de l’année où les cyclosportifs n’ont plus l’occasion de s’aventurer en montagne. Et pour cause, l’automne est arrivé et il a su le souligner comme il le fallait tout au long d’une première édition épique qui aura découragé bien des engagés avant même le départ.

Samedi matin, 8h00, c’est un peloton de 300 concurrents (ils étaient 500 à s’être préinscrits) qui s’est élancé du vélodrome d’Horta, théâtre des courses sur piste des Jeux Olympiques 1992. Un départ grandiose dans les rues de Barcelone, où la pluie a pris le départ avec le large groupe pour s’intensifier sur la route d’Andorre. La sortie d’une grande ville comme Barcelone peut s’avérer difficile, mais les organisateurs, qui gèrent déjà des événements comme le Marathon de Barcelone et le Tour de Catalogne, ont l’expérience nécessaire pour emmener le peloton en toute sécurité.

La cité méditerranéenne en toile de fond, la montée du Tibidabo a lancé les hostilités. Le peloton est resté dense mais l’averse s’est intensifiée pour réduire son allure. C’est le moment qu’a retenu Nicolas Raybaud (Team BV Sport), l’un des rares Français au départ, pour s’échapper et mener un cavalier seul sur les routes catalanes, jusqu’à ce qu’un groupe d’une vingtaine d’hommes ne se joigne à lui, avant Solsona, au kilomètre 120. Là, la route s’est redressée pour annoncer le début de l’ascension de l’Alt de la Serra-Seca. La course a commencé et les costauds se sont montrés dans ce col classé 1ère catégorie sur le Tour de France. Après l’ascension, direction la Seu d’Urgell, avant d’entrer en Andorre pour entamer la montée finale vers Arcalis et ses 10 derniers kilomètres à 8,8 %.

Sur le Tour 2009, le vent de face avait découragé les attaques dans l’interminable ascension d’Arcalis. Samedi, la pluie, le froid et les conséquences mécaniques se sont unis pour réduire les attaques. Le froid est devenu de plus en plus persistant après la Seu d’Urgell et le vent s’est fait ressentir pour durcir un final qui n’avait pas vraiment besoin de cela. Il fallait être costaud dans la tête pour aller au bout de ce défi automnal, sous la flotte, dans le froid, parfois à travers des torrents de boue, avec un tout petit degré au sommet d’Arcalis, où le temps a presque viré à la neige. D’ailleurs, ceux qui se sont présentés les premiers tout là-haut ne sont pas les premiers venus. Vainqueur en 8h03’24 » (Brice Feillu avait mis 6h11’31 »), le vététiste espagnol Milton Ramos était l’un de ces cadors repérables à leur équipement !

Bravo à tous les finishers car cette première n’aura à l’évidence pas été clémente avec les valeureux participants. Au-delà des conditions météos qui ont compliqué leur progression vers la principauté, l’organisation a semblé un peu prise de court. Les routes étant ouvertes à la circulation, le passage des cyclos à certains endroits a été parfois un peu limite, en raison du trafic ou d’un manque de signaleurs. Par chance, les mauvaises conditions atmosphériques ont certainement limité la circulation. On relèvera deux autres améliorations à apporter en vue de la 2ème édition. Le départ à 8h00 est quelque peu trop tardif au vu de la distance à accomplir. Et le passage de la frontière andorrane devrait être facilité. Il n’existait aucun passage pour les cyclistes samedis, lesquels se sont retrouvés bouchonnés à la douane.

On veut croire que ces améliorations pourront être apportées d’ici l’an prochain car l’Etape Barcelona-Andorra a vraiment le potentiel pour devenir une grande cyclo.