La 22ème édition de l’étape du Tour Pau-Hautacam avait des airs de redite. On revenait à Pau, la bonne habitude, et on allait faire un parcours d’environ 150 kilomètres, comme en 2008, pour rallier Hautacam. Si la première partie du parcours avait évolué (hier on évitait Lourdes et ses abords), les conditions météo se sont révélées les mêmes : pluie, humidité, brouillard, tout ça combiné avec la descente du Tourmalet, a donné le froid et beaucoup d’abandons.

13 000 coureurs inscrits, un record pour les Pyrénées. Les Anglais sont majoritaires parmi les plus de 80 nations présentes. 600 femmes inscrites, là aussi c’est un record lié à la volonté des organisateurs de féminiser le peloton par des attentions comme le maillot spécial. En tout, il y avait à peu près 10 000 partants hier matin à 7 heures pour le premier sas. Une douzaine de sas de 1000 coureurs, avec des départs décalés de 8 minutes, les courageux spectateurs, en tribune sur la place de Verdun, ont vu ce défilé multicolore sur plus d’une heure. C’est parti pour les deux ascensions de légende au menu du jour, Tourmalet puis la montée d’Hautacam.

Pas de départ fictif pour les coureurs du dimanche 20, (pour les pros, ça sera jeudi 24). Premier obstacle du jour pour le premier sas : un chat dont on ne sait pas s’il était plus noir que blanc ou l’inverse, qui a oublié qu’on est sur la seule cyclo où les routes sont fermées. Toujours est-il que le mistigri a créé la première chute du jour. Les 80 premiers kilomètres avec les côtes répertoriées ou pas comme Bénéjacq ou Loucrup (3ème catégorie pour les pros), écrèment les paquets et répartissent les groupes de niveaux. On quitte les Pyrénées-Atlantiques pour les Hautes-Pyrénées et on visite des villages typiques comme Nay. Traversée du pont, direction Labatmale, Pontacq, Ossun, Lanne, Montgallard puis les lieux qui sentent bon les grands cols Pyrénéens: Bagnières-de-Bigorre, Campan, Sainte-Marie-de-Campan et Sa Majesté le Tourmalet. Cette Étape du Tour 2014 est donc simple : on a 80 kilomètres pour se mettre en jambes, pour rouler groupé, pour s’économiser avant un premier col où il faut en garder et une dernière montée, Hautacam, moins connue certes, où il faudra tout lâcher, enfin ce qui reste….

L’inconnu, entre autres, pour beaucoup sur cette journée c’était la météo. On nous annonçait de violents orages, la pluie, la grêle et les routes trempées. Hier matin, à Pau, la température était douce de chez douce. Beaucoup de coureurs avaient fait le choix de partir habillés assez légèrement, avec les roues carbone qui vont bien et c’est vrai que jusqu’au pied du Tourmalet ce sont eux qui avaient raison. L’organisation avait été bien avisée de prévenir les concurrents des risques et elle a été très avisée sur ce coup-là. La montée du Tourmalet, ça a été pluie fine, mais soutenue et brouillard puis 7,5° au sommet. Pour les somptueux paysages, après la Mongie, soit il faudra revenir, soit se brancher jeudi et espérer que les pros n’aient pas la météo des cyclos. La descente vers Barèges s’est vite révélée très scabreuse. À la pluie se sont rajoutées les bouses de vache, tout ça, avec le froid qui tétanise, a entraîné beaucoup de chutes, on espère sans trop de gravité. En tous cas, bon rétablissement à tous celles et ceux qui ont goûté au bitume. À tout ça se sont rajoutés les moutons, en peloton, mais sans dossards, autres locaux qui n’ont rien à voir avec les routes « entièrement » fermées promises par ASO.

Heureusement que le long transit après Luz Saint-Sauveur et vers Argelès-Gazost était ensoleillé et a permis de se réchauffer. La descente était une grosse décharge d’adrénaline, mais une autre bien plus porteuse nous attendait au pied d’Hautacam: une foule digne du Tour de France. Ça donne des frissons et ça permet d’envisager (un tout petit peu) ce que vivent les pros sur les grands rendez-vous. D’ailleurs l’Étape du Tour, placée quelques jours avant les pros, est vraiment le bon choix. Ça permet aux amateurs de se mettre dans l’ambiance et d’être bien encouragés. À ce propos, les premiers camping-cars sont arrivés dans le Tourmalet, il y a 15 jours et on peut dire que les bonnes places sont déjà prises. Idem dans Hautacam. Merci à tous ces spectateurs qui sont de vrais connaisseurs du vélo et qui n’ont pas craint la pluie, le froid pour nous encourager, nous ravitailler au besoin. Voilà qui fait toujours plaisir, qui plus est dans des conditions comme celles du 20 juillet.

On l’avait dit, il fallait en garder pour Hautacam, et on confirme. En 14 kilomètres, on passe de 458 mètres à 1520 mètres, soit une pente moyenne à 7,8%. Vu comme ça, c’est moins parlant, mais en fait, c’est une succession de rampes. On regrette que les écarts pour la victoire sur le Tour soient déjà faits car ça aurait été un beau lieu pour une belle bagarre. Ces derniers efforts méritaient bien une bonne dose de réconfort, une double dose même puisque sur le retour sur Lau Balagnas, le village d’arrivée, on croisait ceux qui montaient et re-bain de foule au pied du Hautacam, avant l’arrivée sur le tapis jaune, la médaille de finisher, les félicitations des bénévoles, les applaudissements des spectateurs qui attendent leurs coureurs, n’en jetez plus, c’était une belle journée.

Côté course, même si une cyclo c’est d’abord et avant tout sa performance qui est celle qui compte, c’est Loïc Herbreteau qui gagne en 4h47’29 » devant Peter Pouly et Nicolas Loustaunou. Les trois hommes se sont fait la belle bien dans les difficultés majeures, puisqu’à Sainte-Marie-de-Campan, ils avaient déja 3 minutes d’avance. Côté féminines, Magdalena De Saint Jean gagne en 5h41’49 » devant Pauline Teyssedre en 6h03’50 » et Chrissie Wellington 6h04’38 ».

On parie que tout ce petit monde va se retrouver devant son poste TV jeudi et apprécier comme il se doit la même étape pour les pros, cette fois. Bravo à tous les participants, à l’organisation et à tous les bénévoles, signaleurs, services mobilisés pour cette étape cyclo, leur gentillesse. Leur fierté locale est à souligner, surtout quand on sait que, jeudi, voire mercredi déjà, elles-aussi, eux-aussi, vont encore être sur le pont.

Classement :

1. Loic Herbreteau en 4h47’29 »
2. Peter Pouly en 4h51’24 »
3. Nicolas Loustaunou en 4h55’23 »
4. Florent Sentucq en 4h55’47 »
5. Mathieu Dumont en 4h56’26 »
6. Lilian Jégou en 4h58’05 »
7. Guillaume D’Almeida en 4h58’29 »
8. Adrian Stien en 5h00’19 »
9. Robin Christophe en 5h00’34 »
10. Mickaël Guichard en 5h00’34 »

182 et 1ère féminine. Magdalena De Saint Jean en 5h41’49 »