En 2011, le Raid des Alpilles, pour son retour au calendrier au mois de juin, avait été baigné de pluie dès le matin. Pour 2012, ramené au 18 mars, histoire d’annoncer le printemps, le Raid a d’abord filé sous la menace de la pluie avant finalement de se noyer sous le déluge. Au moins pour ceux qui auront dépassé les quatre heures, essentiellement les coureurs du grand parcours qui, au compteur, faisait 127 kilomètres. Les Alpilles, pourtant magnifiques, ne seront pas montrées sous leur meilleur aspect, tant pis, on reviendra tellement c’est beau sous le soleil.

Champs d’oliviers, coteaux de Provence, herbages à moutons ou chevaux de Camargue et villages tous plus beaux les uns que les autres, à commencer par les Baux-de-Provence, visité deux fois. Comme Aureille, Maussane-les-Alpilles, Eyguières, sans compter Saint-Rémy-de-Provence et Fontvieille et son moulin d’Alphonse Daudet. Bref, du régal, manquait plus que les cigales, mais vu qu’il faut du 30° au thermomètre pour qu’elles sortent, on attendra… le déluge qui était bien au rendez-vous dès 13h30/14h00, l’heure de l’apéro en terrasse.

9h30 ce dimanche matin, tout le monde est frais et dispo. 700 participants au total des deux parcours. Evidemment, peu d’inscriptions sur place. Deux parcours 130 et 88, départs par handicap de trois minutes. Les femmes, handisport et plus de 60 ans montrent la voie, les 40/60 à 9h33, puis les moins de 40 ans qui ne reverront jamais la tête, alors que sans doute le plus fort de nous tous était dans ce paquet. A partir de 10h00, c’est le départ du petit parcours. Alors, bien ou pas les départs par handicaps ? Dixit le vainqueur lui-même (à lire en interview croisée avec Johan Ballatore, le vainqueur handisport), ce n’est pas bien car inégal, surtout en cyclosport où les 40/60 sont le gros de la troupe et surtout les (presque) plus performants. Malgré tout, ça permet de niveler les groupes. Les repris profitent des relais des chasseurs qui eux-mêmes vissent pour refaire le handicap du départ. En quelque sorte, une solidarité entre les générations, qui ne fait pas de mal de temps en temps. Pour mettre tout le monde d’accord, on soulignera qu’il en faut mais de temps en temps, pas trop souvent.

Le lancement de la saison cyclo intervient en parallèle à celui de la F1 en Australie. Alain Prost a pu conjuguer ses deux passions. Il est venu en voisin et a eu le bon goût de prendre le dossard 101, juste avant d’aller goûter à l’Afrique du Sud et la Cape Epic, un raid épique où on en prend plein les mirettes autant que plein les jambes. Vélo 101 y sera, on vous racontera tout ça.

C’est donc du deuxième départ qu’est venue la bonne échappée. Il ne fallait pas rater le train de 9h33. La bonne échappée s’est décidée dans la première montée du Val d’Enfer, à peine au moment où on attaquait la deuxième heure de course. Enfer ? Oui et non. Le Raid des Alpilles, toute proportion gardée, c’est un peu comme Milan-San Remo à partir de la Manie : une succession de capi, jamais très longs, pas assez escarpés pour faire des décisions et surtout pas décisifs quand on sait que derrière se profile une vallée et de longues routes bien larges où le vent s’engouffre. Cette fois le vent aura à la fois retardé un peu la pluie tout en l’amenant sur le sud des Alpilles, mais bon c’est du vélo et de temps en temps, il faut bien arroser les jardins sans compter les champs et l’agriculture.

Les groupes se sont donc faits au gré des chasseurs/chassés, et défaits aux sommets des bosses. La barre des 100 kilomètres étant rédhibitoire pour ceux qui n’ont pas encore assez de kilomètres, même si la météo, quinze jours de février mis à part, a été extraordinairement favorable cette année.

C’est en tête de course du grand parcours qu’on a eu finalement le plus de frayeurs. Les sept hommes dont quatre Marseillais jouaient presque à domicile. Jean-Luc Chavanon de Chamrousse, Michel Heydens et Jean-Pascal Roux ont eu affaire d’abord à un mauvais aiguillage sans trop de conséquence, puis, malheureusement, à un accident de la circulation dont ont été victimes le cadre de Michel Heydens et Patrick Fiorentino, qui s’en sort avec un bel œdème. Tout ça à cause d’une « folle », dixit les coureurs eux-mêmes, qui étaient parfaitement en règle avec le Code de la Route. Bref, des événements extérieurs qui ont amaigri un paquet qui ne demandait qu’à rejoindre Saint-Rémy-de-Provence en convoi groupé ou presque. Parmi ces cadors, Johan Ballatore, d’une équipe Cofidis qu’il faut saluer pour le crédit qu’elle apporte au cyclisme handisport comme nous le souligne le coureur dans l’interview. Il sera le dernier que les tous bons reprendront après qu’il ait lâché Danièle Troesch, championne de VTT et belle ambassadrice de ses deux disciplines de prédilection, le VTT et le cyclosport.

Le plus fort du jour, et ses adversaires auraient dû se méfier, c’était Marc Faure, venu de Marseille et qui ambitionne d’être champion de France Masters en Bourgogne cet été. Il coiffe sur le poteau Jean-Luc Chavanon et Jean-Pascal Roux, le tout bouclé en 3h39, soit une moyenne de 36,99. Le temps de répondre aux questions des journalistes et la pluie s’abattait sur Saint-Rémy comme sur tous les coureurs qui étaient évidemment nombreux sur le grand parcours. Chez les filles, Karine Saysset, au métier, gagne devant Danièle Troesch et Anna-Maria Nunia.

La saison 2012 est donc lancée de la plus belle des manières, au pays de Camargue, donc de courses Camarguaises… et presque de tauromachie. On dira qu’on a eu les deux (passages à) Aureille et la queue à la paella, ce qu’a inutilement fustigé l’organisateur au moment de la remise des prix. On peut accepter que les coureurs se plaignent d’attendre sous la pluie quand même, surtout après avoir été douchés.

Sinon, à part ça, ne changez rien. Revenez en 2013, il fera beau ou plutôt Baux, en Provence. C’est le minimum, même si pour les cigales… Prochain grand rendez-vous cyclosport, la Corima. On annonce du beau temps, genre roues carbone, terrain de jeu sec et ensoleillé. Bonne saison à toutes et à tous.

Classement 135 km :

1. Marc Faure (VC Marseille) en 3h39’00 »
2. Jean-Luc Chavanon (Chamrousse Team Cyclosport) en 3h39’02 »
3. Jean-Pascal Roux (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 3h39’06 »
4. Patrick Fiorentino (VC La Pomme Marseille) en 3h39’09 »
5. Mohamed Elamri (VC La Pomme Marseille) en 3h39’22 »
6. Johan Ballatore (Cofidis) en 3h39’38 »
7. Thomas Simmons (Eco Cyclo) en 3h42’43 »
8. Sébastien Yolande (VC Vitrolles) en 3h43’33 »
9. Jean-François Ferry (AVC Aix) en 3h43’34 »
10. Stéphane Colomina (Vélo Plus) en 3h43’35 »

25 et 1ère féminine. Karine Saysset (AC Montagnac) en 3h46’21 »

Classement 90 km :

1. Pascal Manderon (SC Martigues) en 2h26’13 »
2. Jérôme Para (UCPG) en 2h26’52 »
3. Jean-Baptiste Franc (AVC La Ciotat) en 2h26’52 »

79ème et 1ère féminine. Laurence Champavier (Lyon VTT) en 2h43’09 »