André, comme se sont établis les liens entre le comité de Moselle et Israël ?
Nous sommes venus en Israël en vacances pour la première fois avec ma femme il y a quelques années. Nous avons décidé d’aller voir la fédération israélienne de cyclisme pour savoir s’ils avaient besoin d’aide lors de leurs venues en France. J’avais vu qu’ils étaient engagés au Tour d’Alsace. Deux mois, plus tard, ils ont débarqué chez moi : ils devaient se rendre au Tour de Madagascar, mais leur vol avait été annulé. Ils m’ont donc appelé de Paris pour savoir si je pouvais les héberger quelques jours. Ils sont venus à dix, ils sont restés deux mois. Depuis, nous accueillons des cyclistes israéliens chez nous chaque année. Et nous allons en Israël tous les ans au mois de mars depuis six ans.

L’histoire s’est répétée cette année. Comment fédérez-vous les coureurs pour qu’ils viennent en stage en début de saison en Israël ?
Je propose ce stage tous les ans. J’essaie d’avoir une équipe homogène. Je n’ai pas besoin d’avoir de très bons coureurs. Je cherche surtout des coureurs qui cherchent à découvrir le pays. Tout le monde pense qu’Israël est un pays en guerre. Il l’est certes, mais on ne la voit pas quand on vient ici. Personne ne connaît vraiment Israël, ses attraits touristiques, culturels et cultuels. Je fais découvrir le pays d’un point de vue sportif, mais aussi sous d’autres facettes. Je ne préviens pas les coureurs avant. Je leur demande simplement de mettre une cassette de 28, mais je ne leur parle pas du pays. Je fais le point avec eux le dernier jour. Ils sont tous stupéfaits. Certains reviennent pour la quatrième année consécutive.

Quel genre de coureurs accueillez-vous en Moselle ?
Ça a démarré avec des Juniors et des Espoirs. En 2015, nous avions huit à neuf coureurs en France pendant huit mois. Ils ont participé à plusieurs épreuves de niveau international comme le Tour des Flandres, le ZLM Tour. Aujourd’hui, l’équipe Israël Cycling Academy a été créée. La plupart sont passés chez les professionnels. En plus des garçons, nous avons accueilli quelques filles. Nous avons une DN féminine en Moselle et nous avons accueilli jusqu’à trois Israéliennes pour qu’elles s’aguerrissent aux courses en France. Ce fut notamment le cas de Shani Bloch en 2015 qui a participé aux Jeux Olympiques à Rio. C’est aussi le cas de Paz Bash qui reviendra au mois d’avril avec une autre fille pour participer à des Coupes de France.

À dix-huit ans, les Israéliens doivent faire leur service militaire. Comment gérez-vous cette contrainte avec les jeunes que vous accueillez ?
Ils peuvent sortir trois mois du pays et doivent passer un certain laps de temps en Israël avant de pouvoir sortir à nouveau. Pourtant, entre 18 et 21 ans, c’est là que l’on progresse le plus en vélo. Trois mois, ce n’est pas suffisant pour se concentrer sur le sport de haut niveau. Pour certains, ça a été un blocage. Il faut aussi préciser que l’armée reste très physique et ils peuvent y construire leur condition physique.

Croyez-vous au projet de l’équipe professionnelle qui ambitionne de participer au Tour de France dans les cinq ans à venir ?
Quand les cyclistes israéliens sont arrivés chez moi la première année, la question d’une participation au Tour leur a été posée par un journaliste. Ils ont répondu, d’ici cinq ans. C’était il y a quatre ans. Cet hiver, ils accédaient à la deuxième division. La marche supplémentaire n’est pas très haute. Mais il leur faudra recruter des coureurs capables de faire le Tour, aux côtés bien sûr de quelques coureurs israéliens.

Israël est-il un pays neuf du vélo ?
Complètement. Quand ils sont venus chez nous la première année, ils avaient beaucoup de difficulté avec les vélos. Nous avons beaucoup travaillé sur la maniabilité du vélo. Nous avons souvent roulé en peloton pour qu’ils apprennent à ce niveau également. C’est un pays tout neuf.

Qu’en est-il des féminines ?
Les filles également sont intéressées pour faire du vélo en Israël. Les routes sont plates. Elles peuvent facilement s’entretenir et se faire plaisir. La fédération a également voulu mettre des moyens supplémentaires pour les féminines. Trois courses UCI ont été créées l’an dernier. C’est quelque chose de rare.

Peut-on parler de pays d’avenir pour le vélo ?
Ce n’est pas très loin de la France, quatre heures de vol depuis Paris. On est très bien accueilli. On peut faire du vélo partout, il y a de belles routes même s’il y a beaucoup de quatre voies. Nous avons fait un circuit autour de Jérusalem, pratiquement sans voiture, avec de belles petites côtes, des morceaux de plat, etc. Je suis convaincu qu’Israël est une terre d’attrait pour le vélo. Au sud du pays, la région d’Eilat est magnifique et il y fait très doux en hiver.