Issoire-Saint-Flour, acte II de l’Etape du Tour-Mondovélo 2011, presque deux fois plus de kilomètres que l’acte I. Certes, pas de cols mythiques, pas de centenaire à fêter mais un parcours de 210 kilomètres qui va user, faire mal et laisser des traces. Du département du Puy de Dôme à celui du Cantal, en passant par la Haute-Loire, on n’aura aucun col de 1ère catégorie, mais trois 2ème, trois 3ème, un 4ème et des côtes, de multiples côtes. Une vraie étape de baroudeurs chez les pros (on voit bien un Thomas Voeckler par exemple) et une étape qui va se faire à l’usure chez les amateurs, où il n’est pas impossible que la dernière bosse d’arrivée fasse la différence entre les meilleurs.

Comme un bon fromage du coin, cette étape II se déguste par tranches, presque 100 premiers kilomètres où les routes sont assez larges, où le vent jouera un grand rôle, et où il conviendra de gérer. Ensuite à partir du Puy Mary, c’est creux-bosses sans arrêt et il sera déjà plus difficile d’avoir les échappés à vue. Le Cantal est mis à l’honneur, pour le moins c’est un incessant processus de villages (34 traversés au total), de côtes, de cuvettes, de passages ombragés en alternance avec les parties très exposées à la chaleur. Bref un vrai parcours pour costauds, mais où ceux qui veulent en prendre plein la vue pourront le faire tant les vues sont magnifiques d’un bout à l’autre des 210 bornes.

Départ de la halle aux grains, plein centre-ville d’Issoire. A la différence de Pau en 2010, on n’aura pas trop à craindre des ronds-points, dos d’ânes, ralentisseurs. Le départ, qui devrait se faire sur une section de route assez étroite pour fluidifier au départ et éviter ainsi les embouteillages futurs, sera assurément plus simple à appréhender. Assez vite, on sort d’Issoire et c’est le début des routes larges avec des champs de culture (maïs, céréales, etc.) à perte de vue. On est en région rurale tout au long du parcours et on traverse plutôt des villages que des villes, pour la sécurité comme pour l’ambiance c’est un plus.

Dans cette première partie, deux cas de figure. Soit on a le vent du nord et c’est du 60 km/h, soit c’est vent du sud et ça devrait calmer les ardeurs, voire exciter ceux qui veulent s’exposer mais aussi être sûrs et certains de brûler leurs cartouches. Pour la grande majorité de ceux qui prennent le temps d’admirer, la longue remontée de la vallée d’Allagnon qu’on va emprunter sur une dizaine de kilomètres est un des très beaux passages de ce parcours qui en recèle beaucoup. Une route avec un macadam de très bonne qualité, en pente douce, régulière, et avec la rivière Allagnon qu’on va côtoyer jusqu’aux abords du col de Prat de Bouc, au kilomètre 149. Tôt le matin, au calme, cette vallée est à vivre. Ca va rouler vite, certes, mais pensez à jeter un œil à votre droite, ça vous donnera un coup de fraîcheur avant d’attaquer (espérons-le) les grosses chaleurs.

L’entrée dans le Cantal, à partir de Massiac, au kilomètre 38, marque le changement de paysage. On est toujours sur des routes larges, très exposées, jamais planes, mais l’agriculture a fait place à l’élevage et ce sont des troupeaux de Salers, pas mal de chevaux, là aussi des paysages à couper le souffle, à parte de vue, et la vue immanquablement sur les chaînes des Puys qui se profilent au fur et à mesure qu’on approche du Pas de Peyrol.

On aborde ce col classé 2ème catégorie pour les pros, par Lavigerie (avec 1200 mètres de dénivellation déjà absorbés). Les routes sont devenues plus étroites, mais les paquets devraient s’être très largement amincis, et seuls les 2 derniers kilomètres avant le sommet sont réellement ardus, même si pour certains le soleil et le rythme rapide de la première partie commenceront à peser. Descente à gauche vers Mandailles où sera placé un ravitaillement : belle descente, sans trop de piège, rapide, propre et on enchaîne avec le col du Perthus, lui aussi classé 2ème catégorie pour les pros. L’enchaînement peut et va faire mal, même si les pourcentages restent très raisonnables. On l’a dit, un parcours parfait pour laisser libre cours à une échappée chez les pros, mais pas évident que les cyclos se départagent sur de telles parties. On est au kilomètre 120 ou presque, autant dire que l’usure ne se fait pas encore sentir pour ceux de devant.

Clin d’œil au Lioran et à l’Oxygen Challenge, le col de Cère nous emmène au Front de Cère ou presque à 1294 mètres, sur une côte plutôt qu’un col, sur du macadam d’excellente qualité. On bascule sur Lavessière et on commence le festival des villages du Cantal. Plus vraiment un seul mètre de plat, et assurément la chaleur qui va peser sur les organismes, la côte de la Chevade puis le col de Prat de Bouc sont très exposés. Et à l’heure où passeront les cyclos, le soleil tapera au maximum ou presque. Les meilleurs seront au sommet vers midi. Pour la majorité, sortez les calculettes, on est au kilomètre 155 et on a plus de 3000 mètres de dénivellation dans les jambes.

Si le ciel est dégagé, c’est toujours aussi beau, avec du vert à perte de vue, des villages typiques mais toujours autant de routes escarpées. Pas de répit. On est tout proche de Saint-Flour à vol d’oiseau (beaucoup de rapaces dans la région au passage) mais par la route qu’a tracée ASO, c’est une autre histoire. Il reste plus de 50 kilomètres à avaler et là aussi la gestion des ravitaillements va être critique. Le petit-déjeuner du matin sera bien loin, et il faudra penser à bien s’alimenter. Pour l’hydratation, on passe à Paulhac, et ça ne s’invente pas mais il y a une fontaine, à eau, ça va de soi ! Un peu plus loin, on passe à Douze, partie très descendante, le 11 dents serait mieux…

Il reste 30 kilomètres (17 par la route directe vers Saint-Flour) mais la dernière bosse nous amène au château d’Alleuze, classée 4ème catégorie. Des routes sinueuses, étroites, où la caravane du Tour passera à la queue-leu-leu et pas en défilé simultané, mais où le sommet marquera la bascule vers Saint-Flour et où l’arrivée (au sommet de la montée des Orgues) sera celle de la Sanfloraine, qui aura lieu le 14 août prochain. Le dernier kilomètre est costaud, seuls ceux qui pourront tirer le gros plateau pourront s’imposer. Pour le plus grand nombre, ce sera en moulinant, bien content d’en avoir terminé et d’apprécier la place des allées.

Cette Etape du Tour n°2 semble faire moins rêver que celle de Modane, avec le Galibier et l’Alpe d’Huez. Par son côté plus cyclosportif, découverte, beauté des paysages, gestion de l’effort (les meilleurs sont donnés pour 6 heures, les pros pour 5h30), elle est pourtant faite pour se faire plaisir, avec moins de difficultés majeures. Un petit côté Ardéchoise qui fête ses 20 ans d’ici une huitaine de jours. Merci Yves Lozé et Pascal Roux qui, eux aussi, ont choisi de doubler les plaisirs en jouant sur l’acte I et l’acte II. D’ici là, bonne préparation à tous.