L’édition 2016 de la Granfondo Mont Ventoux s’annonçait compliquée avec un violent orage sur Bedoin et la pluie, trois heures avant le départ donné à Beaumes-de-Venise. Mais, c’est bien connu, ça c’était avant ! Au départ, mitigé, vagues de nuages en alternance avec le soleil au sommet vers 9h45 et, au final, des coureurs qui pique-niquent sur les pelouses, voire refont le match en terrasse autour d’un houblon. Ça c’est pour les Belges, mais pas que…

1200 participants environ se sont donné rendez-vous pour le premier rendez-vous vélo de masse de la saison, en attendant la GFNY à Vaison le 26 juin et, évidemment, le feu d’artifice du 14 juillet avec l’étape Montpellier-Le Mont Ventoux où la masse sera sur le côté et les cadors au centre de l’attention. Jetez un œil aux drapeaux qui jouxtent les noms sur les différents classements et vous aurez un aperçu du pouvoir d’attraction qu’exerce le Géant qu’on met au féminin maintenant que ces championnes ont décidé d’en faire leur terrain de lutte pour celle qui escalade (et descend) le plus de mètres de dénivellation en vingt-quatre heures.

Belges, Hollandais, Italiens, Espagnols, Suisses, Allemands, Anglais… C’est le championnat d’Europe des nations avant l’heure ! Tout le monde enquille à 8 heures précises, l’heure de souligner le seul bémol de cette superbe journée de vélo, avec des sas pas judicieusemnt répartis. Si les deux parcours partent en même temps pour éviter de bloquer les villages traversés avant Bedoin et le Ventoux, les prioritaires du parcours 103 kilomètres devraient être plus près dans la grille, en tout cas pas complètement derrière les vagues du 170 kilomètres, et éviter ainsi de chasser pour remonter et stresser des cyclos qui ont comme ambition de finir et donner le meilleur d’eux-mêmes. Direction Saint-Véran et pas Caromb direct, les routes étant trop étroites et surtout piègeuses avec du mobilier urbain et des « trous en formation », la formule que nos amis Belges nous envient.

Edition en année paire, c’est la voie royale qui est proposée : Bedoin, Malaucène, Veaux, bifurcation et retour sur Malaucène, col de la Chaîne, Suzette et Beaumes pour le 103 kilomètres, virage à droite pour le grand, Saint-Léger-du-Ventoux, vallée du Toulourenc, Aurel, Sault (même si on passe à un saut de puce du village), montée du Ventoux jusqu’au Chalet Reynard, Bedoin, la Madeleine (à 448 mètres, pas celle du Dauphiné) et retour identique à celui du 103 kilomètres. Le tout avec des paysages de vignes, d’oliviers, de cerisiers, voire abricotiers, forêts, désert de caillasses explosées par le vent, champs de lavande, bref de quoi passer par tous les états en quatre, cinq heures ou bien plus pour ceux qui prennent la pasta party comme quatre-heures.

« Voler comme un papillon », c’est notre petite contribution aux hommages pour le plus grand boxeur de l’Histoire. C’est aussi le rêve de tous les participants au moment de traverser Bedoin, son trafic du samedi matin et son sommet qu’on ne distingue pas encore dans les nuages. C’est au moins le rêve qu’ont touché les cinq de devant en basculant sans avoir besoin de se vêtir (comme quoi, ça change toujours aussi vite dans le Ventoux) vers Malaucène avec des pointes de vitesse proches ou supérieures à 90 km/h. Derrière le quintet composé de Stefano Sala, Kenny Nijssen, Michel Roux, Paul-Emile Lorthioir et Rémy Di Gregorio (venu faire un bon entraînement, accompagner les meilleurs, sans jamais influer sur le résultat, bref un pro bien dans l’esprit et bienvenu sur la cyclo), tout le monde joue sa partition mais ne pianote pas tant que ça, vu qu’on est tout à gauche ou presque ! Pas de playback sur le coup, tout le monde donne tout, et compte les kilomètres, à défaut de toujours voir l’observatoire.

« Piquer comme une abeille », c’est la stratégie de Stefano Sala ou comment gagner en finissant systématiquement seul. D’abord, en éliminant deux des quatre passagers du groupe, Paul-Emile Lorthioir et Michel Roux, au pied de la descente vers Malaucène. Sala, Italien, Nibali, bienvenue dans la botte ! Toute la vallée du Toulourenc, la montée et descente du Ventoux par Sault en trio puis en duo (Di Gregorio laissant filer) et un sac venu de nulle part dans le petit col de la Madeleine pour lâcher définitivement Kenny Nijssen, 2ème au final devant David Polveroni et le duo du team Scott-Vélo 101-Risoul. Chez les féminines, le plat-pays et le Ventoux, c’est toujours la même histoire d’amour, puisque Marie Dessart, de Liège, l’emporte en 5h58’59 », soit la 37ème place au scratch, respect.

Sur le 103 kilomètres, c’est un habitué des petits parcours victorieux, Brice Aerts, qui gagne en 3h19’55 » devant Dorian Lopez à trois minutes et Ludovic Colomb à quatre minutes. Guère besoin d’aller au-delà de la 30ème place pour trouver les premiers de catégorie, Patrick Fiorentino 5ème (40/49), Bernard Assaud (« et encore, il avait pas ses deux chaussures Scott dépareillées : jaune fluo et blanche ») 21ème (50/59), Didier Lafranchise 24ème (60/66) et surtout Marion Bessone 28ème en 3h49’54 ».

Au final, même si certains « à chaud » promettaient que « c’était la dernière fois » voire « d’arrêter le vélo », on parira que les bons souvenirs l’emportant, ils y reviendront. En tout cas, à l’image des excellentes pâtes au pesto, l’organisation est quasi parfaite (peut-être un point d’eau à la fin du Toulourenc, tout le monde ne connaissant pas l’emplacement des fontaines). On a apprécié le plus de signaleurs, comme les panneaux de signalisation de la course, de distance aux sommets, etc. Bravo à tous les acteurs, et à l’année prochaine, car c’est bien connu, le Ventoux, on n’en a jamais fait le tour.

Classement 170 km :

1. Stefano Sala en 5h11’55 »
2. Kenny Nijssen en 5h18’18 »
3. David Polveroni en 5h18’22 »
4. Paul-Emile Lorthioir en 5h22’56 »
5. Michel Roux en 5h22’56 »
6. Jurgen Moreels en 5h25’43 »
7. Rien Coertjens en 5h30’23 »
8. Rodolphe Lourd en 5h31’36 »
10. Tim De Vos en 5h32’04 »

37 et 1ère Dame. Marie Dessart en 5h58’59 »

Classement 103 km :

1. Brice Aerts en 3h19’55 »
2. Dorian Lopez en 3h22’18 »
3. Ludovic Colomb en 3h23’56 »

28 et 1ère Dame. Marion Bessone en 3h49’55 »