Radlabor & Lauflabor. Créé en 2007, le centre d’entraînement et d’analyse de la performance basé à Fribourg est un des carrefours du sport allemand. Athlétisme et vélo en premier y sont traités sous tous les angles. La performance est le maître-mot dans et autour de chacun des espaces. Salles, stade avec une piste dernier cri et le pan entier de maillots accrochés au mur (Milram, équipe allemande de piste, Team Bulls, Team Merida-Multivan…), montrent que si le centre s’adresse à tous les publics, les athlètes de haut niveau s’y préparent méthodiquement et optimisent au mieux, avec leur encadrement et celui du Radlabor, leur potentiel en fonction d’objectifs précis. Les entreprises, que ce soit côté orthopédique, les études de positionnement sur le vélo, ou encore toutes les analyses de puissance, pédalage, etc., valident leurs approches à Fribourg, l’endroit le plus ensoleillé d’Allemagne, où sont passés des champions comme Heinrich Haussler, Fabian Wegmann ou plus loin encore Jan Ullrich.

C’est au Radlabor, hier, que Look et Polar ont convié la presse internationale pour présenter, avec l’appui de Björn Stapelfeldt, le chairman du centre, la nouvelle Kéo Power. Deux leaders qui s’allient pour accélérer le rythme dans le peloton des capteurs de puissance. Après un départ anticipé en septembre 2010, le projet est abouti et plus de 1000 paires de pédales sont déjà sur le marché mondial. Trois ans de coopération entre le Finlandais et l’entreprise basée à Nevers ont permis d’avancer et surtout d’aboutir à un produit dont les maître-mots sont la précision et la fiabilité car le marché est bagarré : SRM, Powertap, SRAM et Garmin sont déjà dans la place et pour les duettistes franco-finlandais, s’attaquer à un marché, c’est obligatoirement apporter des plus.

Premier élément de contact avec le vélo, le plus souvent, la pédale Kéo Power intègre un capteur de puissance avec huit jauges de mesure pour arriver à une précision optimale ou presque. La mise en place est ultra simple, une clé Allen, une clé plate et un gabarit qui est fourni dans le kit pour bien placer le capteur à la perpendiculaire. Un interrupteur sur la manivelle gauche lance le système et prend en compte la longueur des manivelles (de 170 à 177.5). Premier avantage évident, la Kéo Power va nous permettre de mesurer la puissance dégagée par chaque jambe indépendamment. A l’usage, notamment avec les équipes pros comme Cofidis, les techniciens Look révèlent qu’à haute intensité de pédalage, on observe très peu de différence entre chaque jambe, alors qu’en récupération, à basse intensité, les différences entre les jambes apparaissent vraiment.

Le kit Kéo Power Polar arrive à un poids de 400 grammes avec le compteur CX 600, livré avec la ceinture. Ce sont 170 grammes de plus que la paire de Kéo Blade, rien pour les pros dont on cherche le plus souvent à ajouter du poids pour rester à 6,8 kg, et pas grand-chose pour tous les autres, surtout si on compare à un moyeu Powertap ou un pédalier équipé du SRM. 1699 euros la paire de pédales et 300 euros le CS 600, qui avec le CS 500, est compatible pour le moment avec le kit Kéo Power.

Fiabilité et précision de ce nouveau challenger ont été à l’ordre du jour de cette coopération européenne qui voit le jour maintenant. Les études du Radlabor montrent qu’à quelques % près, on est sur les mêmes statistiques, que ce soit à haute ou basse intensité, en indoor ou outdoor, en cadence de pédalage ou en mesure de puissance, etc. Reste à valider tout ça sur le terrain, ce que Vélo 101 vous proposera très rapidement, en mars. Pour vous faire patienter nous vous proposerons mercredi prochain le premier test vidéo route sur Vélo 101, ce sera le 695 !

Il n’en reste pas moins que comparativement à un système intégré dans la roue, ou un pédalier, le kit Kéo Power offre de multiples avantages pratiques, simples et gages d’efficience. Pas de souci pratique (mais aussi budgétairement) côté roue d’entraînement, roue de course. Pas moins côté vélos, longueurs de manivelles, standards de pédaliers, en course avec les crevaisons et changements de roues, vélo de course, et de contre-la-montre, voire même quand on voyage où il n’y a qu’à transporter son kit pédale/compteur et le tour est joué.

Alors le tandem Look-Polar va-t-il révolutionner le marché ? Côté prix, on reste dans un produit d’excellence donc cher, un peu moins de 2000 euros, soit l’effort consenti pour s’équiper de ce type d’appareil quel que soit le fournisseur. Même si Thierry Fournier, le directeur général de Look, nous avouait son souhait d’arriver à une pédale à moins de 1000 euros. Côté pratique, effectivement, l’avantage est indéniable, même si la concurrence occupe déjà bien le terrain.

Reste le souci de la compatibilité du programme Polar, trop limité à Windows. Une question de temps ? Oui puisque avant l’été, selon l’ancien professionnel Joona Laukka, responsable de Polar, la compatibilité Bluetooth avec le système low power et smart permettra d’utiliser la Kéo Power avec un système plus universel car compatible avec les portables et compteurs, une façon d’aller encore plus loin dans la démocratisation de ce marché.

Après la révélation du groupe électrique de chez Campagnolo, et avant l’arrivée (avec le Bluetooth ?) de SRAM, le marché du vélo bouge à vitesse grand V, alors qu’on n’a jamais vu autant de vélos à plus de 10000 euros dans les « spécial équipement » de fin d’année, une façon comme une autre d’annoncer que le vélo ne connaît pas la crise.