Un cercle de passionnés, c’est ce slogan historique revendiqué par Mavic qui est le nom du club interne à la société, club dont les membres quittent le bureau, et le poste de travail entre midi et deux, pour aller taquiner les cols environnant Annecy, le Semnoz, etc., et pour certains étalonner des roues sur lesquelles nous-mêmes allons vivre notre passion du vélo.

Passion et fidélité, c’est aussi le sentiment qui se dégage pour la firme aux voitures et scooters jaunes qui vient de renouveler son partenariat avec ASO (le Tour, mais aussi Liège-Bastogne-Liège Cyclo, les Etapes du Tour, Paris-Roubaix, etc.) pour cinq années supplémentaires. Belle preuve de fidélité des deux parties dont l’une, ASO, montre son attachement à une société française, fiable, sans doute au détriment du simple aspect financier, et l’autre, Mavic, qui fêtera ainsi ses 40 ans de partenariat sur le Tour, second partenaire historique… dans la roue de Kawasaki ! Fiabilité, fidélité aussi, quand on sait que les discrets mais efficaces petits hommes jaunes qui pilotent les voitures ou scooters cumulent 77 Tours de France, tout ça sur trois bonhommes, respect.

C’est entre Aix-les-Bains (qui a en commun avec Aix-en-Provence le patronyme, la Provence d’un côté, les bains en plus, c’est beau, c’est vert et le lac est bien à la hauteur) et Genève que Mavic nous a présenté ce week-end de fin de Dauphiné la nouvelle arme pour rouleurs : la Cosmic CXR 80, la première roue développée à partir de l’intégration parfaite de la jante et du boyau, puisque désormais Mavic met la gomme là où il faut et optimise d’un bout à l’autre ce qui fait le lien homme, cadre et terrain de jeu.

On connaît San Diego et sa grande proximité avec la voile, on connaît Brackley au Royaume-Uni et son univers typé F1, on connaît un peu moins Genève et son tunnel à vent installé dans un univers très typé tunnel pour le passage des trains, d’où l’espace pour les quatre énormes ventilateurs ! Bienvenue à l’université de Genève, où l’HEPIA comme Haute Ecole du Paysage, d’Ingénierie et d’Architecture de Genève est installée pour traiter de tout ce qui a trait à l’aérodynamique. Ici, les ingénieurs, scientifiques, étudiants, travaillent avec la Foca pour les contrôles aérodynamiques des F1, avec la Fédération Française de Ski pour tester l’influence des équipements, du textile, des positions, voire même sur les retombées des cendres suites aux éruptions volcaniques.

La puissance maximale du vent généré peut atteindre 250 km/h (tests motos, par exemple), Mavic et ses ingénieurs du bureau d’étude sont un peu « comme à la maison ». Pour les rares visiteurs, merci de laisser les appareils photos au vestiaire ! On est dans la précision, dans l’optimisation, dans la recherche, et le coût engendré pour maintenir cette position de leader, Mavic ne veut pas la banaliser, quoi de plus normal.

C’est là, en relation avec les équipes Liquigas et Garmin, qu’ont été fait les tests en soufflerie, dans un « bocal » où seule la position penchée (parfait pour tester la position chrono), sur une table développée par et pour Mavic seulement (la stress balance), qu’ont été analysées positions, puissance, angle du vent, roue prise isolément, vélo, et bien sûr ensemble homme-machine, pour arriver à mettre au point la CXR 80 dont le rendement nous a paru en première approche (sur 80 kilomètres) bluffant bien sûr, à bloc derrière David Millar, mais même sur les légères bosses où il faut se lever de la selle et envoyer des watts.

Elément important pour la recherche, à Genève on travaille toujours avec la même densité de l’air. On est à 1.155 quand à Mexico on est à 0.9 : la différence entre le niveau du lac et 2000 mètres d’altitude. Les tests sont faits à 50 km/h, la vitesse moyenne des pros sur un contre-la-montre. Deux newtons en moins sur la traînée c’est 30 watts économisés. Sans entrer dans la technique, on parle de résistance de l’air qui est multipliée quand on augmente la vitesse (normal !), d’où le gain de puissance si on a un ensemble roue, pneu ou boyau parfaitement travaillé, optimisé. Tout ça dans des conditions où la densité de l’air est homogène, là aussi facteur important quand on sait qu’entre Bordeaux et Mexico, la seule différence de densité de l’air génère 3,5 km/h de différence.

Mavic travaille à l’université de Genève sur la base d’un partenariat depuis trois années maintenant. 450 heures, c’est le temps passé par Mavic en 2011 pour travailler sur ce qui fait et fera la gamme de roues/pneus que les « descendants » de la Ksyrium utiliseront demain. Cette recherche a un coût, faites le calcul quand on sait qu’une heure à San Diego coûte 1000 dollars et qu’une journée à Brackley est facturée 5000 euros !

Le résultat de toutes ces investigations ? Une roue, la nouvelle CXR 80 dont les Garmin-Barracuda ont fait leur arme favorite (avec un collectif très fort) pour remporter tous les derniers chronos par équipes des Grands Tours, à commencer par Les Herbiers en 2011, étape gagnée avec 4 secondes d’avance. Sur le vélo, l’impression d’une largeur de pneu un peu plus grande que la moyenne (on est sur une section de 23, celle qui est devenue standard, celle que les pros veulent systématiquement et celle qu’a développée Mavic sur sa Cosmic CXR 80), impression qui vient d’un système développé en interne, en fait un flap qui rend étanche la liaison jante/boyau et donne un arrondi à l’ensemble, comme une enveloppe qui fait de cette nouvelle Cosmic la roue la plus aérodynamique dans son segment.

Fin du régime calculette quand on aura mentionné que le boyau pèse 230 grammes, le flap 10 grammes et la paire de roues 1640 grammes. La Cosmic CXR 80 sera disponible dès juillet, le mois où les chronos vont faire la différence ! Et où il faudra être à 101 % sur les 101 kilomètres totaux du Tour. Le budget à prévoir est de 2490 euros. Cette roue va faire du bruit, caractéristiques des roues hautes, bien au-delà du passage des pros, pour tous les amoureux de beau matos, avec en tête la performance et l’efficacité.