Que pouvez-vous nous dire sur la prochaine Explore Corsica ?

Finalement, on reconduit le format qui est très compliqué sachant qu’il sort de l’ordinaire. La première édition s’était bien déroulée avec une jolie découverte pour la plupart des gens qui étaient sur le bateau. C’est donc reparti pour 2018, du 8 au 10 juin.

Par contre, on va faire évoluer les circuits car on ne veut pas circuler sur les mêmes routes corses, tout comme le format, qui va passer à 3 jours complets de compétition. Concernant les trajets du bateau, on va voir ça, c’est toute une logistique…

En effet, l’important pour nous, c’est bel et bien l’expérience sur le bateau. Celle en course, on sait déjà faire. Il faut qu’on arrive à livrer une expérience sur le bateau qui ressemble un peu à un stage, à quelque chose d’exceptionnel pour les participants.

Allez-vous garder ce système de sections chronométrées et de zones de transition, apprécié de tous l’an dernier ?

Oui, et c’est clairement le format que l’on veut instaurer sur la route pour de nombreux événements. L’Explore Corsica n’est qu’un exemple car, à part l’étape du Tour ou les routes sont fermées par rapport à la masse, sur toutes les autres cyclos que l’on organise, c’est le cas. On chronomètre seulement les parties qui, sportivement, apportent un attrait supplémentaire, comme des cols, des portions pavées sur Roubaix, ou des côtes sur Liège… Il n’y a aucun intérêt à mettre un chrono du début à la fin, si on traverse des villes avec un effectif de 800 personnes, c’est dangereux. Et l’on ne peut pas tout bloquer non plus. Il faut être raisonnable et, surtout, apporter un plus aux collectivités sans trop de contraintes. En outre, ce n’est pas gênant pour le coursier d’avoir des périodes de transition, au contraire, de petits groupes se forment en respectant le code de la route, et puis il se redonne la chance de la jouer à fond sur une autre zone chronométrée.

C’est vraiment le bon format pour de nombreuses cyclos dont celle-là.

Qu’en est-il aujourd’hui du Paris Roubaix Challenge ?

Il est renouvelé car il y a une grande satisfaction des participants.

C’est faisable. Il ne faut pas trop se poser de question sur le matériel finalement. On a une ou deux petites casses par an, mais les gens crèvent très peu, ne brisent pas leur cadre, ni leur fourche. Bien sûr, il faut le préparer, on change ses pneus, la façon de les gonfler, et de tenir le guidon sur les pavés.

C’est une cyclo qui permet de découvrir quelque chose d’extraordinaire. Rouler sur les pavés, c’est unique, ça se teste au moins une fois.

Ce qui est grandiose, c’est que le samedi, on roule, et le dimanche, on a la bière à la main sur le bord de la route pour voir passer les pros, c’est un spectacle hors norme.

Pour en revenir aux portions chronométrées, c’est pareil sur Roubaix avec celles pavées. C’est ce qu’on fait en groupe lors de l’entraînement du dimanche finalement. On papote, et lorsqu’il y a une petite côte, on accélère. On est dans cet esprit là.

Au regard de toutes les manifestations que vous organisez, pensez-vous que l’on tend vers un équilibre hommes/femmes ?

Dans le cyclisme, on est loin, très loin de l’équilibre homme/femme par rapport à d’autres sports que l’on gère aussi, la course à pied par exemple, ou là, on l’approche.

On voit des épreuves cyclotouristes qui sont quasi à l’équilibre, comme l’Ardéchoise ou la semaine fédérale. Mais après, lorsque l’on parle de formats plus sportifs, avec du dénivelé entre autres, le pourcentage de femmes est très bas. C’est difficile de l’encourager car il faut trouver les bons moyens. En tant qu’organisateur, on ne peut pas y faire grand-chose tout seul, il faut que le marché évolue.

Les marques sont très timides, mais elles commencent à se lancer dans des textiles un peu plus mode destinés spécialement aux dames. Il faut que tout le monde s’y mette, et que la pratique change pour que l’on soit dans le même confort pour la femme et pour l’homme.

Dans les Elites, il y a de très bons exemples, mais ça ne suffit pas. Il faut que dans la masse, on arrive à trouver un pourcentage supérieur à 5 ou 10, car c’est très faible pour l’instant.

ASO est un acteur majeur dans le monde du cyclosport, quel est votre avis sur son évolution ? Ne devient-il pas trop de la compétition pure et dure avec les dérives qui en découlent ?

Le cyclosport, c’est quand même une compétition quoi qu’il arrive. On n’est pas sur des championnats, mais on est quand même en course, à la différence du cyclotourisme ou il s’agit de balade sportive.

Après, quel que soit le format où l’on doit respecter le code de la route, il y a des dérives comportementales, et je crois qu’elles ont toujours existées. Après, dans les 3 ou 4 % du peloton qui jouent la gagne, peut être que ça a évolué un peu. C’est vrai qu’il y a des « bons » qui arrivent, des néo pros, ça ne nous gêne pas, mais ils doivent être dans le même esprit et le respecter.

Concernant les dérives sécuritaires, ASO essaye de les prévenir en neutralisant certaines descentes par exemple. On ne peut pas faire varier tous les comportements, mais certains oui.

Les organisateurs peuvent aussi réagir en sélectionnant leurs conditions de course. Nous, on va continuer à établir des règles pour la masse, car le cœur de notre métier c’est elle, et pas que la tête de course.

Les organisateurs devraient-ils être plus fermes concernant la sécurité et le respect de l’environnement ?

Tout à fait. Nous, on l’a fait sur l’étape du Tour notamment, c’est notre plus grosse cyclo, et l’on doit montrer l’exemple à tous. On a mis en place pour le coureur, moins d’emballages. On ne donne plus, par exemple, des petites bouteilles d’eau, car une grande partie était retrouvée dans le fossé. Maintenant, il doit remplir son bidon. En plus de ça, on met des poubelles partout.

Du coup, sur l’étape du Tour, on va commencer à instaurer des règles : si un concurrent est vu en train de jeter ses déchets par terre, on se donnera le droit de le disqualifier. A partir du moment où l’organisateur met tous les moyens pour que ça se passe bien, et que le coureur ne les utilise pas, alors là, il peut réagir. Après, il a fallu aussi faire le ménage de notre côté, et offrir suffisamment de dispositifs.

Heureusement, la plupart des participants ont un très bon comportement et font même la leçon aux autres. On parle là d’environ 5 %.

Quel est votre point de vue sur la présence de pros sur certaines cyclos ?

Il y a plusieurs profils. Concernant  les pros, je crois qu’il y avait une règle qui disait qu’ils ne pouvaient faire qu’une cyclo par saison, ou deux, si elle portait leur nom, ce qui est exceptionnel. Quelques uns en font pour préparer ou terminer leur saison, mais c’est rare.

Quant aux anciens pros qui viennent, nous on s’en sert, c’est une très belle vitrine.

Après, il reste les néo pros. Ils participent souvent à l’EDT. Ce n’est pas désagréable parce qu’ils sont aussi les champions de demain.

Est-ce qu’ils doivent jouer ou pas la victoire ? Ce n’est pas simple d’y répondre…