Si l’on fait du vélo avant tout pour les paysages, alors l’Islande doit, sans conteste, être l’une des destinations numéro une de tout bon cycliste qui se respecte. Certes, cette petite île, cinq fois moins grande que la France et peuplée d’un peu plus de 300 000 habitants (dont environ la moitié sur Reykjavik et sa banlieue), ne regorge pas de champions de renommée internationale, mais la pratique du vélo est largement répandue. Proches de leurs terres et de leur environnement malgré les nombreux 4X4 qu’on imagine indispensables en hiver ou même pour arpenter les pistes du centre du pays, les Islandais utilisent en grande partie le vélo comme mode de transport. En ville, mais également dans les terres reculées du pays où l’on peut croiser des cyclistes au cœur des vallées balayées par le vent.

La pratique sportive à proprement parler du vélo pour les Islandais reste quant à elle relativement confinée. Normal dans un pays davantage rythmé par les exploits de ses handballeurs et de ses footballeurs, proches, l’automne dernier, d’une qualification historique en Coupe du Monde. Les plus grandes épreuves, même le Tour de France, ne sont d’ailleurs pas diffusées à la télévision islandaise ! Normal aussi pour un pays à peine plus peuplé qu’une ville comme Nantes. Malgré tout, le Wow Cyclothon, la course en relais de 1332 kilomètres autour de l’Islande sur la route principale, disputé la semaine dernière au soleil de minuit, a enregistré un record de participation pour sa troisième édition. De 80 pionniers, l’épreuve est passée à plus de 500 participants et s’est ouvert pour la première fois à d’autres pays que la Scandinavie avec la présence d’une équipe suisse, en plus de celle des médias français à laquelle nous faisions partie.

Pour les cyclistes du pays, en revanche, il faut bien souvent s’expatrier pour pouvoir pratiquer son activité, même si l’on peut retrouver des épreuves de route, de cross-country, de descente et même de cyclo-cross. La saison ne durant que d’avril à fin août (en raison du faible ensoleillement en hiver et au printemps), avec une trentaine d’épreuves au calendrier, les meilleurs athlètes s’exilent. C’est par exemple le cas de María Ögn Guðmundsdóttir, multiple championne nationale, qui s’en va régulièrement retrouver les routes ensoleillées de Majorque, ou plus surprenant, celles du Luxembourg. Elle n’en oublie pas pour autant les routes de son pays puisqu’elle a participé cette année à la plus grande classique VTT d’Islande servant à relier Reykjavik au Blue Lagoon, l’un des endroits les plus touristiques du pays.

Car si les décors de rêve peuvent enchanter tout bon routier, on pourrait croire que les vététistes seraient plus encore servis. Que l’on soit XC ou DH, Enduro ou All Mountain, l’Islande semble adaptée à toutes les pratiques du VTT sur les sentiers à l’intérieur de l’île. « Il y a encore dix ans, nous ne vendions pratiquement que des VTT signale Ragnar Þór Ingólfsson, gérant d’un magasin Trek, l’un des dix magasins de cycles du pays. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée et nous vendons aussi beaucoup de vélo de route. » Une preuve s’il en est que le cyclisme en Islande a un avenir radieux.