Pour la seconde fois en deux semaines, l’Izoard et le Queyras ont mis leur costume du dimanche pour accueillir au mieux les milliers puis les centaines de cyclos. Ils étaient 700 sur cette Risoul 2017, venus de beaucoup de départements et mais aussi d’Italie, toute proche et que le rapprochement avec la Fausto Coppi de début juillet a visiblement boosté, les pâtes à l’arrivée ont intérêt à être al dente!
Le seul hic en ce petit matin 30 juillet, c’est que l’Izoard a la tête dans les nuages, pas réveillé sans doute, mais surtout la pluie s’est invitée alors qu’on nous annonçait grand beau. Alors ? Simple comme le choix qui s’impose alors, d’un côté les sûrs et certains de leur appli météo, qui partent en court, certainement pas pour franchir les 2360 mètres de l’Izoard. Ou alors faire comme ceux qui vont garder leurs tenues utilisées pour descendre de la station de Risoul, on n’est jamais trop prudent. La palme de la veste de l’année à Michel Roux, veste de travail de la ville de Dignes-les-bains estampillée Scott-Vélo 101-Risoul sur le dos puis laissée à un bénévole consciencieux qui la rapportera à l’arrivée, c’est dimanche mais allez les bleus, de travail, à minima.
Les bleus, mais aussi les rouges. Comme sur le Tour de France, beaucoup ont sorti le maillot rouge pour l’occasion, pas celui de Katusha, Cofidis, Lotto-Soudal ou encore Trek-segafredo mais celui que Bernard Assaud et son équipe ont proposé pour cette édition. Très réussi comme chaque année, on le reverra lors de nos sorties, et ceux qui n’étaient pas là ont encore la possibilité de la commander à l’office de tourisme de Risoul. Le nôtre servira pour une bonne cause, la tombola de Je Roule Sein-Glé : un fou du Ventoux qui va le monter 13 fois pour récolter 19 220 euros. Surenchère de générosité pour la bonne cause, d’ores et déja, le comité d’organisation de la Risoul Queyras offre 5 inscriptions pour l’édition 2018, d’une valeur de 40 euros, faîtes un don de cette somme-là, voire plus et Risoul, c’est déja demain.
8h15 c’est parti pour aller visiter Gullestre, puis remonter la vallée du Guil, vers Château Queyras puis Saint Veran, le plus haute commune d’Europe, pour jouer les Franck Ferrand. Sur des routes assez étroites à la montée comme à la descente, une bonne mise en bouche pour les 2 parcours de 140 et 90 km, le parcours 47 kilomètres prenant le parcours à l’envers direction Champcella par Réotier, puis le Pallon à la montée comme à la descente, histoire que l’effet Tour de France remette les routes du Tour en état… Beaucoup de filles sont au départ, elles ont comme chaque année leur sas réservé et leur départ groupé, cinq minutes avant ces messieurs des 140 et 90 kms, celui-ci servant de support au championnat de Provence, peu de succès au vu du peu de dossards portés par les coureurs (tous les autres avaient uniquement la plaque guidon).
La plaque, on la garde plus facilement dans cette vallée du Guil et sur les premiers kilomètres de l’Izoard. Par rapport à l’étape du Tour, on n’a pas Vars et les 1500 mètres de D+ dans les jambes, ça change tout pour le moment car après avoir escaladé sa majesté l’Izoard, ça sera différent ! Moins de spectateurs que les 16 et 20 juillet dans le Queyras, mais plus de marquages au sol encore qu’il y a deux semaines, le hit parade ? Bardet, Barguil, et surtout Fabio Aru, l’Italie c’est l’autre côté du col Agnel, beaucoup de attaco Aru, la palme de l’humour revenant quand même aux petits malins qui ont rajouté « de secours » aux 3 lettres en Vert-blanc-Rouge.
Même 2 semaines après, quand on connaît mieux les particularités, il est difficile d’être toujours bien dans l’Izoard, si à Arvieux ça va mieux, c’est qu’à Brunissard c’est le brouillard, ou l’inverse, et après c’est la partie forestière, la plus dure. Celui qui ne se pose pas de questions, c’est Stefano Sala, parti des la montée de St Véran et qui va jouer les Aru, mais surtout Barguil pour s’envoler de telle façon qu’il abordera la montée de Risoul avec plus de 10 minutes d’avance. Le Queyras fait bien les choses, chaque kilomètre est marqué avec le pourcentage de pente, mais en plus il est dédié à chacun des grands coureurs qui se sont illustrés dans ce col tellement mythique qu’on y occulte le mot col justement. Lucien Van Impe en 1976, bon courage à lui, Bernard Thévenet en 1975, Eddy Merckx souvent, Féderico Bahamontès en 1959, pour les deux bornes qui encadrent la casse déserte, on vous laisse deviner qui y arrive en premier et suis en second. Clin d’oeil ensuite à Cheeky Wheel qui a magnifiquement mis en valeur l’art painting et Vélo 101, juste après la casse déserte.
Ravito au sommet de l’Izoard, vue splendide sur les massifs alentours, on ne s’en lasse pas. Le chrono est suspendu, tout comme la traversée de Briançon, bonne idée des organisateurs, on repasse à côté de la salle de presse du Tour, on remonte les sas de l’étape du tour, sas 2, 1 et arrive le rond-point du zéro, 2 semaines déjà mais tellement de bons souvenirs entre-temps. On revient aux affaires car la cellule de chrono est en place, on évite au maximum la nationale en empruntant les petites routes, qui ne laissent pas vraiment de répit ; d’autant plus que le vent s’est levé et qu’il va être de face jusqu’aux abords de Risoul. Les montées vont s’enchaîner au fur et à mesure, mention spéciale au Pallon, le village mais aussi la bosse que l’on va prendre à l’inverse du parcours 47 kms. Pas trop long certes mais assez raide, du 23% selon les Garmin et autres, ou alors pas loin. Réotier, avec des allez Rudy comme Rudy Molard qui a plus que bien répondu à ses supporters et qui aurait même pu réclamer une 4ème semaine de Tour, tant il était bien après son Giro et son Tour ; pour la Vuelta, il le passe, son tour.
La montée de Risoul, commune aux 3 parcours, se fait par le plan de Phazy, comme le chrono de la veille. Tapis pour chronométrer tout ce beau monde et podiums à l’arrivée, ravito au moment de retrouver le route principale, des bouteilles d’eau à la volée qu’il vaut mieux gérer au plus vite car… le local du coin, Bernard Assaud s’est fait maudire par beaucoup. Si le passage du Gois a été supprimé du Tour 2018, à cause du calendrier, le passage Bernard et ses 14% fait très mal, sur 300 mètres certes mais c’est peut-être la bosse de trop du parcours qui, s’ils sont magnifiques, vont devoir revoir les difficultés à la baisse car devant comme derrière, beaucoup les jugent trop importantes.
La relative baisse de participation, si elle est liée au week-end de migrations sans doute, trouve peut-être une explication là-aussi. La montée de Risoul, après un tel chantier, 3700 mètres de D+ pour le grand parcours, est suffisamment sélective pour éviter le recours à la photo-finish. Ravito à 4 kilomètres de l’arrivée, bienvenu d’autant plus qu’il était géré en famille par des gens charmants qui stockaient les boissons dans la fontaine juste derrière. Merci à eux comme à tous les bénévoles placés aux bons endroits avec un bon fléchage là où on n’avait personne et palme de la connerie à ce concurrent qui injurie les bénévoles au prétexte que « 4 kilomètres de l’arrivée, c’est beaucoup trop tard », passe ton chemin.
Les vainqueurs sont Stefano Sala sur le 140 kilomètres, Arnaud Vincent sur le 90, et Benoît Boutibonnes sur le 47 kms chez les hommes. Pour les femmes, ce sont Marion Bessone, Magda De Saint Jean sur le 90 kms et Nathalie Gallen sur le 47. 288 classés sur le moyen, 114 sur le petit, 167 sur le 90 kms. Bravo à tous ceux et celles qui sont arrivés au bout, les restaus de Risoul ont proposé le menu cycliste à tout ce beau monde ; clap de fin sur un beau week-end ; chacun pourra se faire plaisir en hiver aussi avec le forfait offert à l’inscription. Bravo à toute l’organisation, l’office de tourisme de Risoul, la plaque tournante et à tous les bénévoles et prestataires, on l’a dit et rendez-vous l’année prochaine, peut-être pas à la même date car le Tour par le 7 juillet et finit donc le 29. A suivre.