Le massif alpin pour de bon dans le rétroviseur, la caravane rose remet le cap sur les Dolomites. Celles du Trentin cette fois, que le peloton atteindra demain après avoir traversé une dernière fois les vastes plaines de la Lombardie et de la Vénétie, dans une étape qui relie Caravaggio à Vicenza (214 km). Et voilà qu’on nous reparle de la météo. Sur ce Giro climatiquement exigeant, parler de la pluie et du beau temps n’a rien de futile. Si le soleil fait un furtif retour sur l’épreuve aujourd’hui, c’est la neige, encore elle, que l’on redoute à présent alors que la 96ème édition du Tour d’Italie doit se jouer dans les trois prochains jours, avec un contre-la-montre en altitude demain et deux grandes étapes de montagne vendredi et samedi, par-delà les cols routiers les plus hauts d’Italie… et sous des températures qui s’annoncent glaciales.

Il n’en fallait pas davantage pour alimenter la fébrilité inhérente à toute approche d’un grand massif. Sur les routes planes de cette dix-septième étape, le peloton aspire à un peu de répit. Le ciel aussi. Sous l’astre incandescent, personne n’ira contester la formation précoce d’une échappée que composent Maxim Belkov (Team Katusha), Gert Dockx (Lotto-Belisol), Luke Durbridge (Orica-GreenEdge) et Miguel-Angel Rubiano (Androni Giocatolli). Dès le départ, ces quatre-là s’installent en tête de course. Un coup de poker de la part de quatre mercenaires dans une étape dont le final est compliqué par une côte, celle qui conduit à Crosara, un village perché au-dessus des plaines vénitiennes que le Giro visitera à 16 kilomètres de l’arrivée. Cela compliquera les desseins des équipes de sprinteurs et encouragera a contrario ceux des vautours inassouvis tels que Danilo Di Luca, dont l’équipe Farnese Vini-Selle Italia va se charger de la poursuite.

Sans jamais parvenir à obtenir beaucoup plus de trois minutes de marge, Maxim Belkov, Gert Dockx, Luke Durbridge et Miguel-Angel Rubiano unissent leurs forces le plus longtemps possible. Mais en troisième semaine de course, les niveaux sont bien disparates et les réserves finissent par manquer aux uns comme aux autres. Petit à petit, l’échappée se désagrège alors que la course bifurque vers les hauteurs pour s’attaquer aux 5,3 kilomètres à 6,8 % de la côte qui conduit à Crosara. Des quatre éclaireurs matinaux, Miguel-Angel Rubiano se dégage naturellement. Il reste le dernier à lutter contre le retour imminent d’un peloton tiré par les Farnese Vini-Selle Italia, dont les ambitions sont trahies par l’énergie déployée pour rentrer sur les échappés. Comme attendu, Danilo Di Luca s’apprête effectivement à entrer en action.

Le héros du Galibier s’en va quérir un nouveau succès retentissant.

A 20 kilomètres du but, l’Abruzzais démarre. Il remonte un à un chacun des attaquants du matin mais ne réussit pas à sortir du champ de vision du peloton. S’il relance en danseuse dans une côte bondée de monde qui prend l’allure des grands cols de montagne, Danilo Di Luca plafonne et incite bientôt d’autres candidats à la victoire d’étape à se découvrir. Ce n’est déjà plus le cas de Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step), qui s’écrase après s’être battu jusqu’à la limite de ses possibilités pour s’accrocher à un peloton bientôt réduit à une trentaine d’unités. Giovanni Visconti (Movistar Team) en revanche adule ce type de terrain. Trois jours après son triomphe sur les pentes du col du Galibier, l’ancien champion d’Italie a déjà bien récupéré. Il attaque à 18 kilomètres de l’arrivée, dépasse Danilo Di Luca, rejoint Miguel-Angel Rubiano, et insiste pour s’isoler et franchir le haut de la côte doté d’une demi-minute d’avance !

Giovanni Visconti avait bien étudié son affaire. Cette étape, il l’avait cochée bien avant de songer à s’imposer dans le Galibier. La confiance d’un premier succès d’étape dans son Grand Tour national en plus, le coureur de Movistar entretient la différence avec le peloton dans la partie descendante. Car s’il reste 16 kilomètres à parcourir entre le sommet de la bosse et l’arrivée à Vicenza, ils sont répartis en 8 kilomètres d’une descente technique et sinueuse et 8 kilomètres de plat. Surtout ne rien lâcher ! C’est ce que s’attache à faire Giovanni Visconti dans une descente parfaitement négociée au bas de laquelle il préserve son avantage. En dépit d’une petite frayeur dans la dernière épingle, le héros du Galibier va réussir à contenir un retour de ses poursuivants pour offrir à Movistar une troisième victoire d’étape d’affilée dans ce Giro !

Derrière le nouveau triomphe retentissant de Giovanni Visconti, trois jours après son succès phénoménal en Savoie, on aura assisté à un feu nourri d’attaques à l’échelon du maigre peloton, qui vient finalement terminer l’étape avec 19 secondes de retard sur l’homme du jour, réglé par un malheureux Ramunas Navardauskas (Garmin-Sharp) n’ayant pas tout suivi au film et se croyant vainqueur comme Carlos Betancur (Ag2r La Mondiale) à Florence. Ce même Betancur qui se sera fait une frayeur en perçant de la roue arrière dans les toutes dernières minutes de course. L’incident étant survenu dans les 3 derniers kilomètres, il ne perdra finalement pas la moindre seconde. Un point de règlement qu’avaient omis de respecter les commissaires hier lorsque Robert Gesink (Blanco) avait sauté du quatuor de tête sur saut de chaîne. L’erreur est aujourd’hui réparée, d’où son entrée ce soir dans le Top 10.

Demain jeudi, le triptyque final dans les Dolomites commencera par un contre-la-montre en altitude entre Mori et Polsa (20,6 km).

Classement 17ème étape :

1. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) les 214 km en 5h15’34 » (40,7 km/h)
2. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) à 19 sec.
3. Luka Mezgec (SLO, Argos-Shimano) m.t.
4. Filippo Pozzato (ITA, Lampre-Merida) m.t.
5. Danilo Hondo (ALL, RadioShack-Leopard) m.t.
6. Salvatore Puccio (ITA, Team Sky) m.t.
7. Sacha Modolo (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) m.t.
8. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
9. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) m.t.
10. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 72h11’29 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1’26 »
3. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 2’46 »
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 3’53 »
5. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 4’13 »
6. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 4’57 »
7. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 5’15 »
8. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 5’20 »
9. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 5’47 »
10. Robert Gesink (PBS, Blanco) à 7’24 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 113 pt
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 109 pt
3. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 89 pt
4. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 86 pt
5. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 85 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 78 pt
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 76 pt
8. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 72 pt
9. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 71 pt
10. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 65 pt

Classement de la montagne :

1. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 79 pt
2. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 45 pt
3. Jackson Rodriguez (VEN, Androni Giocattoli) 41 pt
4. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 32 pt
5. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 31 pt
6. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 18 pt
7. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 18 pt
8. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 17 pt
9. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 15 pt
10. Emanuele Sella (ITA, Androni Giocattoli) 13 pt

Classement des jeunes :

1. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) en 73h16’44 »
2. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 5 sec.
3. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 9’49 »
4. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 16’19 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 30’00 »
6. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 1h03’24 »
7. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) à 1h09’28 »
8. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1h10’35 »
9. Thomas Damuseau (FRA, Argos-Shimano) à 1h19’47 »
10. Jens Keukeleire (BEL, Orica-GreenEdge) à 1h42’46 »

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 219h16’11 »
2. Astana (KAZ) à 4’27 »
3. Blanco (PBS) à 4’58 »
4. Movistar Team (ESP) à 5’02 »
5. Lampre-Merdia (ITA)  à 7’39 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 18’17 »
7. Androni Giocattoli (ITA) à 30’56 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 45’03 »
9. Team Katusha (RUS) à 52’10 »
10. BMC Racing Team (USA) à 52’36 »