Spectaculaire, mais sans réel suspense. C’est tout le paradoxe de cette 96ème édition du Tour d’Italie qui se conclut aujourd’hui avec la traditionnelle procession finale. Direction Brescia, petite ville lombarde près de Milan qui sacrera un Sicilien roi d’Italie. Vincenzo Nibali (Astana) remporte avec mérite le premier Tour d’Italie de sa carrière. L’Italien n’a laissé aucun espoir à ses adversaires, faisant un grand pas vers la victoire finale il y a déjà deux semaines quand il endossait le maillot rose à Saltara. Selon les scénarios établis à l’avance, il aurait dû attaquer encore et encore pour espérer combler le retard qu’il aurait accumulé sur les meilleurs rouleurs que lui en première semaine. Finalement, il prenait les commandes au soir du long chrono (54,8 kilomètres) pour ne plus jamais les lâcher.

Certes, Bradley Wiggins a quitté la course dès la 13ème étape. Certes, Ryder Hesjedal diminué l’a imité. Certes, Ivan Basso n’a même pas pris le départ de Naples. Certes, Robert Gesink ne s’est jamais montré à son niveau. Certes, Michele Scarponi vieillissant a montré quelques limites. On pourrait continuer comme cela pendant longtemps, mais tout cela prouve simplement que personne n’était de taille pour battre Vincenzo Nibali. On peut sans conteste écrire que même si les Dolomites n’avaient pas été tronquées en raison des chutes de neige, le résultat aurait été le même. L’Italien a coupé court aux polémiques en s’imposant aux Tre Cime di Lavaredo hier et prouvé qu’il était simplement beaucoup trop fort pour ses concurrents. On aurait même tendance à écrire que les adversaires du Squale peuvent remercier le ciel capricieux de ce Tour d’Italie, car les écarts auraient été encore plus conséquents s’il avait fallu se farcir le Gavia, le Stelvio et le Giau en cette fin de semaine.

Le moment est venu pour Rigoberto Uran (Team Sky) et Cadel Evans (BMC Racing Team), respectivement 2ème et 3ème, d’admettre la supériorité de l’Italien dans la longue procession vers Brescia. Le soleil fait son retour et les conditions météo si difficiles ces derniers jours ne viennent pas gâcher la fête alors que le peloton se dirige vers la Lombardie. Les coureurs viennent un à un féliciter le nouveau patron du Tour d’Italie qui remporte son deuxième Grand Tour, deux ans et demi après sa Vuelta, dix mois après être monté sur la troisième marche du podium du Tour. Avant d’entrer dans Brescia, la course n’est qu’un long défilé de plus de 160 kilomètres qui rapproche un peu plus Vincenzo Nibali de son rêve.

Mark Cavendish vient conclure

Comme on pouvait s’y attendre, il n’y aura pas d’attaque avant d’entrer dans Brescia. Maurits Lammertink et Rob Ruijgh (Vacansoleil-DCM) tenteront bien leur chance, mais se feront rappeler à l’ordre. Il faut attendre le premier passage sur la ligne à 30 kilomètres de l’arrivée pour que le peloton se réveille. Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas l’équipe du Maillot Rose qui franchit la ligne le premier, mais Stefano Garzelli, ancien vainqueur de l’épreuve en 2000 qui tire sa révérence. Le peloton découvre alors ce circuit urbain et sinueux de Brescia qu’ils devront boucler à sept reprises. Omega Pharma-Quick Step se place en tête pour que Mark Cavendish accroche un cinquième succès sur les routes italiennes.

Avant de penser à la victoire d’étape, le Britannique souhaite s’assurer de monter sur le podium final à Brescia avec une victoire dans le classement par points. Il reste un sprint intermédiaire à disputer et le natif de l’île de Man met un point d’honneur à le remporter. À moins de 20 bornes de l’arrivée, on aurait pu croire que l’ancien champion du monde laisserait de l’influx nerveux dans ce sprint intermédiaire. Il n’en est rien. Pour la cinquième fois sur cette édition, Cavendish lève les bras. Titillé par Sacha Modolo (Bardiani Valvole-CSF Inox), il réalise à Brescia ce qu’il a déjà fait à quatre reprises sur les Champs-Élysées : remporter la dernière étape d’un Grand Tour. Cette victoire lui permet d’ajouter un nouveau maillot distinctif à sa collection.

Vincenzo Nibali, n’avait lui, d’yeux que pour le rose. Bien au chaud dans le paquet le Sicilien coupe la ligne visiblement soulagé. Déjà 3ème en 2010 alors qu’il était équipier d’Ivan Basso, le Squale réalise le rêve de tout cycliste italien. Déjà lauréat de Tirreno-Adriatico et du Tour du Trentin, Nibali réalise un parcours parfait cette saison, seulement terni par un abandon prématuré sur les routes d’un Milan-San Remo enneigé. Sur le podium, il entonne le Fratelli d’Italia les larmes aux yeux. Il fera l’impasse sur la Grande Boucle en juillet pour se concentrer sur son deuxième objectif. Le rose se marierait bien avec l’arc-en-ciel et Nibali se verrait bien remporter le mondial à Florence en septembre prochain.

Classement 21ème étape :

1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) les 197 km en 5h30’09 » (35,8km/h)
2. Sacha Modolo (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) m.t.
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) m.t.
4. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) m.t.
5. Luka Mezgec (SLO, Argos-Shimano) m.t.
6. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
7. Kenny Dehaes (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
8. Manuel Belletti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) m.t.
10. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA Astana) en 84h53’28 »
2. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 4’43 »
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 5’52 »
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 6’48 »
5. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 7’28 »
6. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 7’43 »
7. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 8’09 »
8. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 10’26 »
9. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 10’32 »
10. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 10’59 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 158 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 128 pt
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 111 pt
4. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 108 pt
5. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 105 pt
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 102 pt
7. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 89 pt
8. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 88 pt
9. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) 75
10. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 65 pt

Classement de la montagne :

1. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 82 pt
2. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 45 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 45 pt
4. Jackson Rodriguez (VEN, Androni Giocattoli) 41 pt
5. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 37 pt
6. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 31 pt
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 26 pt
8. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 18 pt
9. Fabio Duarte (COL, Colombia) 17 pt
10. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) 14 pt

Classement des jeunes :

1. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) en 85h00’56 »
2. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 41 sec.
3. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 12’50 »
4. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 21’28 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 32’55 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1h17’25 »
7. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 1h23’31 »
8. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) à 1h28’09 »
9. Thomas Damuseau (FRA, Argos-Shimano) à 1h35’26 »
10. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 2h04’36 »

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 254h34’25 »
2. Astana (KAZ) à 4’29 »
3. Movistar Team (ESP) à 7’27 »
4. Lampre-Merida (ITA) à 10’35 »
5. Blanco (PBS) à 15’58 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 24’59 »
7. Androni Giocattoli (VEN) à 39’16 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 55’42 »
9. BMC Racing Team (USA) à 1h03’24 »
10. Team Katusha (RUS) à 1h08’43 »