Parler de Vincenzo Nibali (Liquigas-Doimo) comme d’une révélation serait inexact. Le terme confirmation serait en revanche plus approprié. A 25 ans, le Sicilien avait déjà démontré une partie de son talent naissant au cours des années précédentes. Découvert sur le Grand Prix Ouest-France de Plouay il y a quatre ans, l’un de ses premiers faits d’arme alors qu’il n’avait que 21 ans, Vincenzo Nibali s’est toujours bien comporté sur les Grands Tours. Sa constance sur les courses par étapes de trois semaines en fait un spécialiste-né : 19ème du Tour d’Italie en 2007, 11ème du Tour d’Italie et 20ème du Tour de France en 2008, 7ème du Tour de France en 2009, 3ème du Tour d’Italie et donc 1er du Tour d’Espagne en 2010. Pareille régularité dans les Grands Tours est quasi sans précédent dans le peloton contemporain. La marque d’un grand.

Cette régularité, c’est elle justement qui aura permis ce mois-ci à Vincenzo Nibali de conquérir son premier Grand Tour, sans doute le moins coté des trois mais en aucun cas moins exigeant. Au terme d’une saison éprouvante pour tout le monde, l’Italien aura su se montrer le plus coriace d’un bout à l’autre des trois semaines, bien que jamais franchement dominateur. On l’avait vu au contact des meilleurs dès le départ et les premières arrivées en côte, mais il avait semblé un peu juste en montagne en concédant toujours quelques secondes à ses adversaires, que ce soit à Andorre ou surtout à Cotobello lundi, où il avait pris un éclat dans le dernier kilomètre et laissé entrevoir des réelles limites. Finalement, la chute d’Igor Anton vers Peña Cabarga et le contre-la-montre individuel éliminatoire pour Joaquin Rodriguez auront ouvert les portes d’un succès à Vincenzo Nibali, certainement pas despotique mais toujours là.

Ne restait au fond plus qu’Ezequiel Mosquera (Xacobeo-Galicia) pour contester une victoire italienne sur ce Tour d’Espagne, et si le Galicien aura été vraiment méritant tout au long de ces trois semaines, confirmant son adoration pour la ronde ibérique et devenant presque une icône de l’autre côté des Pyrénées, son numéro sur les rampes de la Bola del Mundo aura finalement été contenu par un Vincenzo Nibali devenu leader dans l’âme. Si l’Italien aura semblé un temps en difficulté, il a su gérer son effort pour répondre en patron dans le dernier kilomètre et se donner la force de rejoindre son challenger, histoire de ne rien lui concéder et d’affirmer qu’il est bien le champion du 75ème Tour d’Espagne, en dépit d’une victoire d’étape qui manque peut-être à son sacre ce soir. Mais d’autres occasions s’offriront à lui dans un avenir qui se veut doré.

Tyler Farrar choisit de faire son sprint de son côté, et ça marche !

Vincenzo Nibali est donc le cinquième coureur italien à conquérir la Vuelta. Il remporte l’épreuve pour 41 secondes devant Ezequiel Mosquera tandis que le Slovaque Peter Velits (Team HTC-Columbia) s’est pour sa part révélé en prenant place sur le podium à 25 ans lui aussi. On fête aujourd’hui ces trois coureurs et tous ceux qui auront animé le Tour d’Espagne 2010. Parmi eux David Moncoutié (Cofidis), qui rapporte pour la troisième fois de suite le maillot de meilleur grimpeur à Madrid, avec une nouvelle victoire d’étape en poche. Parmi eux également Mark Cavendish (Team HTC-Columbia), triple vainqueur d’étape et porteur d’un Maillot Vert pas totalement assuré encore au départ ce midi de San Sebastian de los Reyes. En effet, si le Britannique possède l’avantage, une victoire de Tyler Farrar (Garmin-Transitions) à Madrid l’obligerait à se classer aux quatre places suivantes afin de remporter le classement par points.

C’est que cette vingt-et-unième et dernière étape, réduite à 85 kilomètres dans les rues de la capitale espagnole, est promise à une arrivée au sprint. On trouve bien cinq derniers attaquants, qui choisissent de rompre la léthargie du peloton après 20 kilomètres de course, mais leur entreprise est quasiment vouée à l’échec sur le circuit d’arrivée. A l’attaque citons Olivier Kaisen (Omega Pharma-Lotto), Gonzalo Rabuñal (Xacobeo-Galicia), Javier Ramirez (Andalucia-CajaSur), Dominik Roels (Team Milram) et Jurgen Van Goolen (Omega Pharma-Lotto). Les cinq hommes de tête pénètrent en tête sur le circuit d’arrivée, dessiné en trèfle sur la distance de 5,7 kilomètres, et que les coureurs devront effectuer à onze reprises dans les 63 derniers kilomètres. Là, l’avance des échappés va être contenue, puis diminuée, et enfin annulée avant le tour final.

Un dernier sprint royal s’apprête à se déclencher vers la prestigieuse Plaza de Cibeles, autour de laquelle tournicote le circuit d’arrivée. Mark Cavendish semble vouloir ajouter un quatrième succès à la cagnotte mais Tyler Farrar, qui l’avait déjà emporté à Lorca en début d’épreuve, choisit de faire son sprint de son côté. Quand Mark Cavendish sprinte seul sur la droite, lui opte pour un rush à gauche de la chaussée. Le Britannique est un peu déboussolé et doit se contenter de laisser la victoire d’étape à Tyler Farrar. Ne lui reste qu’à se classer dans la roue de l’Américain pour préserver son Maillot Vert. Les coureurs en terminent donc groupés à Madrid, où l’on déroule le tapis rouge pour célébrer les héros de la 75ème édition du Tour d’Espagne. Et l’avènement d’un jeune champion entré dans le cercle des grands.

Consultez la galerie photos de la Vuelta

Classement 21ème étape :

1. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) les 85 km en 2h02’24 »
2. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) m.t.
3. Allan Davis (AUS, Astana) m.t.
4. Wouter Weylandt (BEL, Quick Step) m.t.
5. Matthew Goss (AUS, Team HTC-Columbia) m.t.
6. Grega Bole (SLO, Lampre-Farnese Vini) m.t.
7. Manuel Cardoso (POR, Footon-Servetto) m.t.
8. Samuel Dumoulin (FRA, Cofidis) m.t.
9. Juan-José Haedo (ARG, Team Saxo Bank) m.t.
10. Danilo Hondo (ALL, Lampre-Farnese Vini) m.t.
Classement complet

Classement général final :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) en 87h18’33 »
2. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) à 41 sec.
3. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) à 3’02 »
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 4’20 »
5. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) à 4’43 »
6. Xavier Tondo (ESP, Cervélo TestTeam) à 4’52 »
7. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) à 5’03 »
8. Carlos Sastre (ESP, Cervélo TestTeam) à 6’06 »
9. Tom Danielson (USA, Garmin-Transitions) à 6’16 »
10. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) à 7’42 »
Classement complet

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Team HTC-Columbia) 156 pt
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) 149 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 120 pt
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 110 pt
5. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 104 pt
6. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 97 pt
7. Peter Velits (SVQ, Team HTC-Columbia) 88 pt
8. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 72 pt
9. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) 63 pt
10. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) 62 pt

Classement de la montagne :

1. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 51 pt
2. Serafin Martinez (ESP, Xacobeo-Galicia) 43 pt
3. Ezequiel Mosquera (ESP, Xacobeo-Galicia) 36 pt
4. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) 29 pt
5. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Doimo) 26 pt
6. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) 25 pt
7. Gonzalo Rabuñal (ESP, Xacobeo-Galicia) 25 pt
8. Mikel Nieve (ESP, Euskaltel-Euskadi) 21 pt
9. Johann Tschopp (SUI, Bbox Bouygues Telecom) 18 pt
10. Frank Schleck (LUX, Team Saxo Bank) 17 pt

Classement par équipes :

1. Team Katusha (RUS) en 261h48’04 »
2. Caisse d’Epargne (ESP) à 33 sec.
3. Xacobeo-Galicia (ESP) à 12’33 »
4. Cervélo TestTeam (SUI) à 17’50 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 35’42 »
6. Liquigas-Doimo (ITA) à 57’05 »
7. Omega Pharma-Lotto (BEL) à 1h08’04 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1h12’06 »
9. FDJ (FRA) à 1h13’13 »
10. Team Saxo Bank (DAN) à 1h17’45 »