Ivan Basso. L’Italien Ivan Basso (Liquigas-Cannondale) est actuellement 11ème au général et attend la montagne avec impatience. « Il y a eu neuf intenses, nerveuses et laborieuses étapes. Venir à bout de ces étapes est une grande réussite avant de commencer la bataille dans la montagne. Mes équipiers ont montré un excellent caractère et une grande force en me protégeant comme il fallait tous les jours. Naturellement, je les en remercie. Personnellement, j’ai été chanceux en évitant toutes ces chutes. Mais je pense également que ma prudence quotidienne a joué en ma faveur. Je ne veux pas prendre de risques et parfois, cela m’oblige à utiliser un peu plus d’énergie que mes adversaires. Mais je préfère dépenser un peu plus d’énergie que d’abandonner toutes mes chances de gagner le Tour. Je connais ma force. Je suis un excellent grimpeur donc je me concentre sur cette force pour faire la différence. »

Abandons. Les abandons se succèdent depuis samedi dernier. Les voix des coureurs s’élèvent pour crier au danger des routes empruntées. Mais pendant ce temps là, les organisateurs se défendent en mettant sur le devant de la scène des mesures de sécurité toujours plus aiguës. Le site internet Cyclocosm a donc rassemblé les statistiques concernant les abandons après neuf étapes et ce depuis 1997. Les chiffres ne se trompent que très rarement et cette fois, ils infirment l’argumentation des coureurs. Aussi, le taux d’abandons cette année est de 9,09% alors qu’il était de 13,13% en 2003, plus important encore en 1998 avec 15,15%. Alors bien sûr, il faut relativiser certains chiffres et rappeler le contexte si particulier de 1998. Mais sur le papier, le Tour de France 2011 n’est pas un Tour avec un taux particulièrement important d’abandons. Reste que les bilans médicaux sont tout de même inquiétants pour certains coureurs et que des blessures comme celles de Johnny Hoogerland ne sont pas dues à la nervosité du peloton avancée par un certain nombre de suiveurs. Des deux côtés, l’argumentaire se tient, donc.

Team Europcar. Après la prise de pouvoir au classement général de Thomas Voeckler, la formation Europcar va devoir sans aucun doute modifier ses plans initiaux si elle souhaite conserver le plus longtemps possible le maillot jaune. « Notre façon de courir va changer, explique le manager de l’équipe, Jean-René Bernaudeau. On doit maintenant défendre notre prestigieux maillot jaune. Thomas a montré depuis le début de l’année qu’il était à un très haut niveau, il n’a pas de complexe. Le sacrifice en vaut la peine. C’est vraiment le sous-estimer que de dire le contraire, n’oublions pas qu’il a battu Scarponi au Trentin et n’oublions pas son grand Dauphiné. Le maillot jaune est important mais il a aussi caché que nous étions la meilleure équipe depuis 9 jours de course. Et ça se sent dans le peloton. On est davantage respecté. Avec Christophe Kern, nous aurions été dans les premières places à Paris. »

Enquête. Le parquet d’Aurillac a ouvert hier une enquête préliminaire avec pour objectif de déterminer les responsabilités des différents protagonistes dans l’accident qui a conduit à la chute Juan Antonio Flecha (Team Sky) et Johnny Hoogerland (Vacansoleil-DCM). C’est le site de la rtbf qui relaie le fond de l’enquête. Cette dernière concerne « un accident de la circulation avec des préjudices corporels. » Elle a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie d’Aurillac, suivant les précisions apportées par le procureur d’Aurillac, Jean-Pascal Violet. Cette enquête doit permettre « de déterminer qui est en cause » dans cet accident, a-t-il ajouté. Dimanche, le Néerlandais Johnny Hoogerland et l’Espagnol Juan Antonio Flecha ont été touchés à 36,5 kilomètres de l’arrivée à Saint-Flour par une voiture technique siglée France Télévisions et chargée d’assurer le suivi technique pour la retransmission télévisée. Le plus malheureux des deux coureurs touchés, Johnny Hoogerland a dû se faire poser 33 points de suture et après une courte sortie, hier, il devrait reprendre la route aujourd’hui, bien aidé par un remarquable courage.

Sécurité. Après les incidents répétés qui ont eu lieu sur le Tour de France, le CPA demande à la Caravane  plus d’attention sur la sécurité des coureurs. « Nous ne devons pas oublier que ce sont les coureurs les protagonistes de chaque course, déclare Gianni Bugno, président du syndicat des coureurs. Et la plus grande attention et toutes les mesures nécessaires pour leur sécurité doivent être assurées en permanence. » Le CPA demande des actions sérieuses contre ceux qui, dans l’avenir, seront encore responsables d’incidents similaires.  « Compte tenu de la difficulté à assurer la sécurité des courses maintenant, poursuit Gianni Bugno, je n’ose pas imaginer ce qui arrivera quand on empêchera l’utilisation des oreillettes dans les grandes courses comme  l’UCI veut faire. Nous espérons que certaines décisions seront révisées et, comme déjà mentionné, qu’on mettra toujours en premier lieu les coureurs et leur sécurité, rien d’autre. »

Alexandr Kolobnev. Contrôlé positif à un diurétique, le Russe Alexandr Kolobnev (Katusha) a de son gré décidé de quitter le Tour de France, hier soirée. « Après avoir été testé positif à un diurétique pendant la première semaine du Tour de France, Alexandr Kolobnev a décidé de se suspendre lui-même en accord avec les règles anti-dopage mises en place par l’UCI en attendant le contrôle de l’échantillon B. Pour le moment, l’équipe et son encadrement n’ont pas de commentaire supplémentaire à faire. Il faut noter que les règles internes à l’équipe indiquent que si l’échantillon B du coureur est également positif, il sera licencié et il aura à payer une amende équivalente à cinq fois son salaire. Le Président du groupe sportif Andrei Tchmil est allé volontairement voir la police, avec Kolobnev et son compagnon de chambre Silin dans un rôle de traducteur et pour réaffirmer que lui et l’équipe n’ont rien à voir avec les faits contestés. »

Dans la roue du dossard 101 :

Un rapide coup d’oeil au classement général permet d’affirmer que le dossard 101, Nicolas Roche (Ag2r La Mondiale), est passé entre les gouttes cette semaine. 13ème à 3’45 » de Thomas Voeckler, l’Irlandais a limité les dégâts en restant en permanence à l’avant du peloton, bien entouré par de solides équipiers. Désormais, le plus dur semble passé pour lui. A partir de jeudi, c’est la haute montagne qui se présente, son terrain de jeu de prédilection. Il faut néanmoins espérer que sa chute sur le Dauphiné soit totalement oubliée pour qu’il puisse être à 100% et ce dès jeudi. S’il est dans sa forme optimale, il y a un coup évident à jouer sans Jurgen Van Den Broeck, Alexandre Vinokourov ou bien encore Bradley Wiggins, les 5 premières places du classement général semblent plus que jamais accessibles à un coureur de son rang.

L’étape du jour :

10ème étape : Aurillac-Carmaux (158 km). Après une journée de repos, certains coureurs ont toujours du mal à reprendre le bon rythme. Cette année, deux étapes de transition dans les Cévennes dont la première aujourd’hui permettront d’arriver en douceur dans les Pyrénées, jeudi. Aujourd’hui, deux côtes de 3ème catégorie et deux côtes de 4ème catégorie seront au programme. Les routes sont propices à quelques costauds qui songeraient à s’extirper du peloton. Un coureur comme Anthony Roux ou Jérémy Roy pourrait être à son avantage sur ce genre de parcours. Mais si une échappée peut aller au bout, il faudra être déjà loin au général pour obtenir le feu vert d’Europcar car Thomas Voeckler et ses équipiers défendront, c’est certain, le maillot jaune obtenu dimanche à Saint-Flour.