Une personnalité du cyclisme nous raconte son plus beau souvenir de Tour de France. Une façon de retracer l’Histoire du Tour de France et de ses 101 éditions.

Vincent, de tous les Tours de France qu’il vous ait été donné de vivre, lequel vous reste en mémoire ?
Celui de 2013 avec la victoire de Christophe Riblon à l’Alpe d’Huez qui a représenté un moment extraordinaire. Je vais participer à mon vingt-deuxième Tour de France. Evidemment c’est difficile de se rappeler de toutes les émotions qu’on a pu vivre. On en a eues beaucoup avec des victoires d’étapes, des maillots jaunes, mais sur le plan émotionnel la victoire de Christophe l’année dernière est restée un moment exceptionnel. C’est celui qui me saute aux yeux, tout de suite.

Quelle édition vous a fait accrocher au Tour ?
Ce sont les années Merckx. J’ai pris ma première licence à 13 ans en 1969, l’année de la première victoire d’Eddy Merckx. Comme tout gamin, je me suis identifié au champion de l’époque. C’était pour moi le grand Eddy. Il m’arrive de le rencontrer, et je marque toujours un temps d’arrêt lorsque je lui serre la main. Il est resté un monstre du sport mondial. J’avais la télévision, en noir et blanc, et même s’il n’y avait pas tous les moyens techniques d’aujourd’hui, on suivait ça devant l’écran. L’imaginaire faisait beaucoup aussi, surtout quand on est gamin. Je me rappelle que Merckx laçait ses chaussures sur le vélo. J’avais pris l’habitude de faire comme lui. Sauf qu’un jour je suis passé dans un trou, j’ai pris une gamelle monstrueuse et je n’ai plus jamais recommencé.

Quelle première image gardez-vous du passage du peloton vu du bord de la route ?
Le plus vieux souvenir que j’ai de mon enfance, c’est d’avoir vu passer le Tour de France à Briançon, dont je suis natif. Mon père m’avait emmené sur le bord de la route pour voir passer les coureurs. Je ne me rappelle pas de l’année, c’était au tout début des années 60. Mes plus vieux souvenirs sont là : c’est le Tour de France. Plus tard, il y a souvent eu des arrivées d’étapes à Briançon. Je me rappelle d’avoir vu passer Bernard Thévenet en bas de chez moi le jour où il avait consolidé le maillot jaune vers Serre Chevalier. De mon côté je n’ai participé qu’une seule fois au Tour en tant que coureur. Il y avait également une étape à Briançon. Ce fut un grand moment émotionnel là aussi, avec un public acquis à ma cause.

A l’époque où vous attendiez le Tour sur le bas-côté, vous étiez déjà davantage attiré par les coureurs que par la caravane publicitaire ?
Oui, j’étais coureur moi-même, sportif avant tout, même si le grand spectacle du Tour était là. Nous étions montés à chaud avec la caravane qui arrivait : Poulain, le chocolat, etc. On tendait nos bras comme tous les gamins pour récupérer quelques objets. Ça faisait partie de l’émotion du Tour de France. Evidemment après j’attendais le Tour et les coureurs.