Antoine BerlinAntoine Berlin sous les couleurs du Team Trek Vélo 101 | © ASO

Il est sans doute le cyclosportif au profil le plus original du peloton. Venu de nulle part, ou plutôt si, de l’athlétisme, spécialiste de demi-fond et de 10 000, il continue de s’entraîner comme à l’autre époque,c elle des pointes. 10ème de l’étape du Tour, 1h08 en chrono sur la montée du Ventoux par Bedoin, après 2 jours à 3000 mètres de D+, personne ne connaît ses limites sur 2 roues, même pas lui. Une année dans le team Trek-Vélo 101 pour « vraiment découvrir le cyclosport » celui dont on dit qu’on connaît déja le titre de l’article qui illustrera sa première victoire est le témoin cyclosport de la semaine. 

Antoine, qu’est ce qui t’a le plus étonné dans le monde du cyclosport, toi qui connais celui de l’athlétisme comme pratiquant et celui du marathon par ton travail chez ASO?

Pour ma première année dans le cyclosport, j’ai été impressionné par le nombre de contraintes logistiques liées à ce type d’épreuve, que ce soit au niveau des participants comme celui de l’organisateur. Selon moi, l’enjeu primordial d’une épreuve cycliste est de garantir un haut niveau de sécurité pour les participants. Contrainte qui est bien moindre sur des épreuves running. Au niveau des mentalités des participants, on retrouve souvent les mêmes valeurs qu’en course à pied c’est-à-dire convivialité, plaisir et performance. Sur le débat des cyclistes professionnels et/ou coursiers au départ d’une cyclo, j’y suis personnellement favorable, car cela permet de relever le niveau de l’épreuve, même si cela peut fausser la course.

La beauté d’une cyclo est-ce la qualité de l’organisation, celle des paysages, la masse des coureurs au départ, l’histoire de l’épreuve en elle-même?

Je dirais que c’est un ensemble de toutes ces choses. Le critère numéro 1 selon moi reste la beauté des paysages et le terrain de jeu de la course. Etant compétiteur, le niveau et la densité des participants est aussi un élément important car j’aime me mesurer aux meilleurs cyclistes amateurs de France, voire même aux professionnels (comme mentionné juste au-dessus). L’atmosphère qui rayonne avant et après la cyclo est aussi un facteur primordial, car ces évènements doivent rester une fête du vélo et du sport avant toute chose, peu importe le niveau sportif. Le cyclosport n’est pas juste une épreuve sportive, c’est aussi l’occasion de visiter une région, une culture. 

Quelle est celle qui t’a le plus marqué cette année? 

Sur le territoire Français je dirais la Mercantour Bonnette (190kms, 4.500 mètres de D+) car les paysages sont époustouflants et aussi car je souhaitais revenir sur cette épreuve qui a une véritable valeur affective pour moi (en  2017, c’était la première fois que je faisais une cyclo, et je l’avais gagnée à ma plus grande surprise).

Sinon, au mois de Mai je suis parti à Tahiti pour mon boulot (ASO), et la Ronde Tahitienne  se déroulait la semaine suivante. J’y ai participé et c’est l’un de mes meilleurs souvenirs en tant que cycliste. J’ai vu des paysages paradisiaques et totalement hors du temps. J’ai aussi rencontré des gens formidables sur place, et je tiens à féliciter l’organisateur Benoit Rivals car il a mis en place une cyclo extraordinaire en très peu de temps. Elle est devenue aujourd’hui un évènement sportif majeur à Tahiti.

Avec ta petite expérience vélo, comment as-tu trouvé tes cotes, tes braquets sur le Trek Emonda qui était un nouveau vélo pour toi cette année?

Le Trek Emonda est de loin le meilleur vélo que j’ai eu jusqu’ici. Etant un pur grimpeur, il est parfaitement adapté pour la montagne car il est à la fois léger et confortable, tout en étant très réactif. Néanmoins j’ai préféré changer ma cassette de 11-28 en 11-32 lors du mois de Juillet, dans l’optique du plateau des Glières de l’Etape du Tour.

Tu t’entraînes à Paris, ton vélo est dans le sud; comment ça se passe dans le détail?

On me pose souvent cette question! Et ma réponse surprend tout le temps : Je n’ai pas de vélo à Paris donc je m’entraine sur des vélos statiques dans les salles de sport CMG. Je me fais mes propres plans d’entrainement, qui correspondent plus ou moins à ce que je faisais quand j’étais athlète. Je m’entraine souvent à 7h du matin à jeun avant d’aller travailler et j’essaye d’y retourner après le boulot, souvent tard le soir, à partir de 20h. J’ai environ un volume de 10 heures d’entrainement par semaine, avec un ou deux jours de repos. 

A partir de Février, j’essaye de rentrer sur Monaco toutes les 2-3 semaines  pour « borner », que ce soit sur une course ou à l’entrainement. 

Antoine Berlin 9869Antoine Berlin | © ASO

Deux choses te caractérisent, tu moulines beaucoup et tu es très en avant sur ta selle, comment es-tu arrivé à cette position?

Je pense que ma position et ma fréquence de pédalage sont le résultat de mon entrainement sur les vélos en salle, car je tourne les jambes à 100 tours/minute, quel que soit l’intensité.

Je ne sais pas si c’est la meilleure fréquence pour optimiser le rendement, mais lorsque j’ai fait mon test VO2 à l’INSEP, le médecin avait trouvé que mes battements cardiaques pouvaient redescendre très rapidement et je pouvais aussi maintenir un rythme cardiaque élevé sur une longue période de temps. Cependant je dois gagner en force car je suis beaucoup moins à l’aise lorsqu’il s’agit de mettre du braquet (notamment sur le plat). 

Te vois-tu rester dans le vélo longtemps?

Je ne me pose pas cette question car j’ai une approche du cyclisme et du sport en compétition qui est très différente de ceux qui recherchent le haut niveau à tout prix (comme certains coursiers que l’on peut trouver en DN1 par exemple). 

Je m’entraîne très dur et j’arrive à aller loin dans l’effort en compétition pour essayer d’obtenir les meilleurs résultats possibles, mais lorsque j’en ai terminé avec le vélo, je passe à autre chose et je démarre mon autre vie, en dehors du sport. Par exemple, je ne sacrifie rien de ma vie sociale ou professionnelle: je mange ce que j’aime (je ne fais pas « le job »), je sors avec mes amis, et j’essaye d’accorder du temps à ma famille. J’ai remarqué que cette approche me permettrait d’avoir un équilibre de vie et de continuer à aimer ce sport tout en restant compétitif durablement.

Avec tes performances, penses-tu pouvoir intéresser des clubs de division nationale ?

L’année dernière (saison 2018), j’ai essayé de courir avec le Team Azuréen (en DN2). Pour ma toute première course de la saison à la Ronde de Montauroux, j’ai obtenu un résultat correct (9ème, juste devant Jérémy Defaye). Mais je n’ai ensuite plus couru de la saison car quand l’équipe n’était pas au complet, soit j’étais hors de forme (notamment en Avril-Mai), soit j’avais des contraintes professionnelles (par exemple je travaillais sur le Tour de France lors du Tour de la Tarentaise). Je n’abandonne pas l’idée de courir un jour en DN1, même si pour le moment cela me parait difficilement compatible avec mon travail, et surtout le fait que je vive sur Paris.

Le club de Monaco qui voit passer des coureurs en pros, celà te tente?

C’est quelque chose qui me plairait en effet. Je serais fier de représenter les couleurs de mon Pays, mais pour le moment je n’ai jamais été en contact avec l’Union Cycliste de Monaco. Ils mettent surtout la priorité sur leur structure de développement réservée aux jeunes qui souhaitent passer professionnels, et je n’ai pas ces critères. J’apprécie beaucoup Victor Langellotti (Monégasque passé professionnel cette année chez Burgos BH) que je connais depuis longtemps, et ça me plairait de pouvoir m’entrainer avec lui quand je rentre dans le sud, même si nos emplois du temps coïncident rarement.

Y-a-t-il une cyclo qui te fait rêver? à faire et/ou à gagner?

L’Etape du Tour reste la plus belle à mes yeux. C’est une sorte de petit Tour de France mais pour les amateurs ! Et de par mon boulot chez A.S.O, je reçois beaucoup d’encouragements de mes collègues.Faire un résultat sur cette course est un véritable indicateur de performance, même si le niveau devient de plus en plus relevé  (avec notamment quelques  professionnels au départ, ou alors plusieurs coureurs qui gagnent leur vie grâce au vélo). Je ne sais pas si j’aurais un jour le niveau de la gagner, mais je sais qu’avec un peu plus d’expérience et en continuant à m’entrainer aussi durement, alors je pourrais me rapprocher des toutes premières places. 

Comment gères-tu ta coupure après cette saison cyclo terminée au Ventoux?

Je vais prendre 5 à 6 semaines sans pédaler le moindre kilomètre! Les 3 premières semaines je ne ferai absolument pas la moindre minute de sport, pour pouvoir complétement reposer le corps comme la tête. Les 3 semaines qui suivent, j’irai courir ou nager tous les 2-3 jours pour relancer un peu le métabolisme, mais surtout parce que je prends un plaisir fou à courir, la course à pied restant mon sport de cœur. J’adore cette période car je peux profiter pleinement de la vie sociale parisienne, ou partir en week end à l’étranger, tout en consacrant plus de temps à mon travail sans les contraintes de l’entrainement. Je ne retoucherai au vélo que début Décembre, et je ne ferai pas d’intensité avant janvier-février 2019. 

Antoine Berlin 3208Antoine Berlin sur l’étape du Tour 2018 | © ASO

En octobre 2019, l’Etape Morocco verra le jour, une cyclosportive en Afrique où dominent les Africains en demi-fond et fond, penses-tu que le cyclosport peut prendre au sud de la Méditerranée? et un coureur Africain gagnera t-il le Tour avant ou après un concurrent Asiatique?

L’Etape by le Tour au Maroc s’inscrit dans une volonté de développer le cyclisme sur le continent africain. Est-ce que l’on verra bientôt un coureur africain ou asiatique gagner le Tour de France? C’est difficile à dire car il faut beaucoup d’infrastructures pour développer le cyclisme au plus haut niveau: l’état des routes, le matériel, les méthodes d’entrainement, le niveau des courses… le cyclisme occidental, américain ou océanien a pris beaucoup d’avance à ce haut niveau. C’est une démarche sur le long terme mais j’ai envie de croire qu’on verra un jour des coureurs africains ou asiatiques atteindre le top niveau car ce sont deux continents qui ont déjà démontré des niveaux très compétitifs dans d’autres sports comparables (type Marathon, triathlon, ou Keirin au Japon).

D’autres teams arrivent dans la roue de Trek-Vélo 101, Vélosophe Beer en Suisse, etc…tu vois ça comme un gage de construction du cyclosport, comme quelque chose qui fausse les résultats? Si oui, en quoi? 

Je pense que c’est bénéfique à l’écosystème cyclosportif. Car le cyclosport est avant tout un partage de la passion du vélo, que l’on soit compétiteur ou bien simple cyclotouriste. Et lorsqu’on appartient à une team, je pars du principe que c’est avant tout un moyen de partager les mêmes valeurs qui s’articulent autour du vélo, c’est à dire le dépassement de soi, le respect des adversaires, et surtout le partage de la passion du cyclisme. Est-ce qu’une équipe peut fausser la course? En DN1 j’aurais dit oui, mais dans le cyclosport les résultats se font souvent à la pédale vu les dénivelés, et c’est aussi ce qui me plait dans ces courses.

Que retiens tu de 2018 et quelles seront tes ambitions pour 2019? 

Je pense que mon année 2018 était plutôt satisfaisante, surtout la fin de saison avec ma 2ème place au général de la Haute Route Ventoux (dont ma victoire sur l’étape reine, et mon chrono sur le contre-la-montre Bedoin-Ventoux de la dernière étape). Je souhaite aussi retenir un super souvenir avec l’équipe Trek-Vélo101, dont je suis très reconnaissant. Le team m’a permis de m’épanouir toute l’année, que ce soit grâce à la qualité du matériel fournit par les partenaires, ou bien le soutien des membres tout au long de la saison. Pour ma première année pleine dans le milieu cyclosportif, j’ai eu la chance de pouvoir m’exprimer dans les meilleurs conditions possibles, donc merci à toute l’équipe.

En 2019 je rejoindrai Chadam Cycling Team, une équipe récemment créée, avec un bel état d’esprit. J’espère contribuer au développement du team, il y aura de très beaux partenaires (dont Mavic), et nous serons parrainés par Nicolas Roux. Je me suis fixé comme objectifs 2019 de gagner une belle cyclo comme la Santini GF Mont Ventoux, la Marmotte Alpes, voir même la Haute Route. Je suis déjà impatient d’être l’année prochaine !

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Le Calendrier Cyclo pour 2019 :

  • 17 février : Plaimont Jean-Luc Garnier
  • 24 février : Tour de l’Hortus
  • 17 mars : Raid des Alpilles
  • 24 mars : 1ère Sud St Baume Cyclo Classic
  • 24 mars : Vaucluse Ladies Granfondo
  • 31 mars : La Montagnacoise
  • 6 avril : l’Héraultaise
  • 7 avril : GF Gassin Golfe de St Tropez
  • 7 avril : La Bisou
  • 13 et 14 avril : Corima Drôme Provençale
  • 21 avril : La Catalane cyclo Ladies Granfondo
  • 27 avril : La Bourgogne Cyclo
  • 04 et 05 mai : La Lozérienne Cyclo
  • 05 mai : La Chullanka Ladies Granfondo
  • 18 mai : Ekoi Tour
  • 19 mai : La Ronde Tahitienne
  • 19 mai : La Gaillarde de Carvalho
  • 19 mai : Granfondo Vosges
  • 19 mai : Les Boucles du Verdon
  • 19 mai : Octogonale Aveyron
  • 25 mai : Les Amis du Cyclisme
  • 25 mai : XRace Adventure
  • 26 mai: Tour de l’Ain Cyclo Grand Colombier
  • 1er juin : GF Mont Ventoux Beaumes de Venise
  • 1er juin : La Limousine
  • 1er et 2 juin : La granite Mont Lozère
  • 1er juin : La Claudio Chiapucci
  • 02 juin : Lille-Hardelot
  • 08 juin : Les 3 Ballons
  • 08 juin : La Eloi Tassin
  • 08 au 15 juin : Aravis Bike Tour
  • 16 juin : La Morzine Haut Chablais
  • 16 juin : Mercan’Tour Bonette DT SWISS
  • 16 juin : Granfondo Santini Ventoux
  • 19 au 22 juin : L’Ardéchoise
  • 22 juin : Supergranfondo Galibier Izoard
  • 22 juin : Cannibale Ventoux
  • 29 juin : La Pierre le Bigaut
  • 28 au 30 juin : Forest’Cime
  • 29 juin : L’Ariégeoise
  • 30 juin : L’Alsacienne
  • 30 juin : La Fausto Coppi
  • 30 juin & 3 juillet : La Vaujany
  • 3 juillet : le prix des Rousses
  • 6 et 7 juillet : Les Copains Cyfac
  • 7 juillet : Marmotte Granfondo Alpes
  • 12 au 14 juillet : Haute Route Alpe d’Huez
  • 12 au 14 juillet : La Trilogie de Maurienne
  • 11 au 14 juillet : La Bouticycle Aigoual
  • 20 juillet : Tour du Mont Blanc Cyclo
  • 26 au 28 juillet : La Campilaro Pyrénées
  • 27 et 28 juillet : La Chambérienne
  • 3 août : La Pierre Chany
  • 10 août : Marmotte Granfondo Valais
  • 17 au 23 août Haute Route Pyrénées
  • 24 et 25 août : 24h Vélo Pearl Izumi devient 24h Vélo Shimano
  • 24 et 25 août : La Scott Cimes du Lac d’Annecy
  • 24 et 25 août : Ch’ti Bike Tour
  • 25 août : Marmotte Granfondo Pyrénées
  • 25 août : Mercan’Tour Turini-Officine Mattio
  • 25 au 31 août : Haute Route Alpes
  • 14 septembre : La Picarde Baie de Somme
  • 22 septembre : Mercan’Tour Madone-Peille
  • 28 et 29 septembre : Les Bosses de Provence
  • 4 au 6 octobre : Haute Route Ventoux

International :

  • 1er au 3 mars : Haute Route Oman
  • 14 au 17 mars: Malibu GF et Haute Route International
  • 23 au 24 mars: GFNS Floridé
  • 28 avril: GFNS Georgia
  • 5 mai: Grand-Slam GF Gimondi
  • 17 au 19 mai : Haute Route Ashville
  • 2 juin: GNFS Highlands, NJ
  • 7 au 9 juin : Haute Route Dolomites
  • 22 au 28 juin : Haute Route Mavic Rockies
  • 21 juillet: GNFS Asheville
  • 2 au 4 août : Haute Route Norway
  • 3 au 4 août: GNFS Boone, NC
  • 23 au 25 août : Haute Route Utah
  • 20 au 22 septembre : Haute Route Stelvio
  • 22 septembre: GNFS Maryland
  • 27 au 29 septembre : Haute Route San Francisco
  • 28 septembre: Jensie Gran Fondo
  • 18 au 20 octobre : Haute Route Mexico
  • 19 et 20 octobre : L’Etape Morocco by Le Tour de France