Le Tour de France ne peut pas se plaindre de sa prodigieuse popularité. N’empêche que nous n’aurions pas aimé être à la place des organisateurs au moment de trancher, de sélectionner les six équipes qui viendraient compléter le peloton. Seize formations avaient déjà obtenu leur qualification d’office après un accord passé avec les organisateurs en septembre 2008. Il est certain que, parmi ces équipes, quelques-unes auraient pu rester sur la touche si nous avions eu affaire à une sélection équitable entre toutes les formations. Là n’était plus le problème au moment de se décider. Il restait six places à attribuer pour atteindre le nombre de vingt-deux équipes au départ du Tour de France, le maximum qu’autorise le règlement. Six places et pas loin du double de candidats, chacun présentant des arguments pour une place sur le Tour.

Nous n’aurions donc pas aimé être à la place des organisateurs au moment de choisir. Pour la bonne et simple raison que d’autres, justement, prétendraient le contraire une fois la décision prononcée. Vu de l’extérieur, il est toujours plus facile de critiquer, d’estimer qu’untel aurait mérité sa place, de s’étonner qu’un autre ait obtenu sa sélection, de penser qu’on aurait été capable d’établir une sélection plus juste… Qui dit sélection dit inévitablement déceptions. Déception pour l’équipe Saur-Sojasun, dont l’excellente entrée en matière laissait penser qu’elle avait séduit les organisateurs du Tour pour permettre le renfort d’une cinquième équipe française sur les routes de la Grande Boucle – le nombre de coureurs français devrait tourner autour de la trentaine l’été prochain. Déception aussi pour les Néerlandais de Vacansoleil et Skil-Shimano, qui n’auront pas l’honneur de faire briller leurs couleurs à domicile les 3 et 4 juillet.

Il fallait trancher, c’est ce qu’ont fait les organisateurs du Tour sur des critères qui leur sont propres. Et encore faut-il rappeler que leur marge de manœuvre restait extrêmement limitée. Six places étaient en jeu, certes, mais l’invitation des RadioShack de Lance Armstrong était unanimement acquise. Celle des autres équipes ProTour toujours sur la liste d’attente (Garmin-Transitions, Team Katusha et Team Sky) était presque une formalité. Le Tour ne pouvait pas se passer de coureurs comme Carlos Sastre ou Thor Hushovd, de Cervélo TestTeam, qui lui ont beaucoup donné ces dernières années, pas plus qu’il ne pouvait laisser de côté un champion du monde comme Cadel Evans (BMC Racing Team), capable de redonner de l’éclat au maillot arc-en-ciel. La décision est donc tombée. Les déçus se raccrocheront à l’espoir de repasser l’examen. Quand aux heureux élus, on a hâte de les voir à l’œuvre sur les routes de juillet !